Le discours d’explication sur la logique économique ayant obligé le gouvernement à revoir l’âge de la pension de vieillesse, prononcé par le Premier ministre, mardi dernier au Parlement, était pertinent. Tout comme la majeure partie des interventions dans le cadre des débats sur le budget. Encore que l’on puisse trouver que tous ces discours se contentent de soutenir les mesures budgétaires, pas les décortiquer et de les critiquer. Mais c’est avant la présentation du budget où cette mesure avait été annoncée que l’explication et les discours de justification auraient dû avoir été présentés. Pas après les multiples protestations, conférences de presse, manifestations et autres menaces. En faisant l’économie d’une explication prébudgétaire le gouvernement a offert aux diverses oppositions et autres mécontents chroniques un bon paquet de bois pour se faire battre. Et depuis deux semaines, il reçoit, de tous les côtés, une raclée méritée. C’est vrai qu’il faut revoir le système de pension qui n’est plus soutenable économiquement à cause des largesses et abus du précédent gouvernement qui a laissé une véritable bombe en héritage à son successeur. Mais il ne faut pas oublier que pas mal de membres du nouveau gouvernement, à commencer par son Premier ministre, ont contribué à cette inflation du montant de la pension de vieillesse. À chaque fois que Pravind Jugnauth, agissant en populiste déclaré, augmentait le montant de la pension, Navin Ramgoolam renchérissait en promettant un montant supérieur s’il arrivait au pouvoir. C’est la surenchère politique et populiste sur ce sujet qui a conduit à la situation que le gouvernement doit gérer.
Il est vrai que le travail de l’opposition est de remettre en question les décisions du gouvernement et d’utiliser toutes les occasions possibles et imaginables pour le faire. Mais voir les membres de l’ancien gouvernement faire une marche pour dénoncer une mesure qui n’est que le résultat de leur politique populiste sur la pension, c’est plus que de l’indécence ! Même si Ramgoolam a surenchéri, c’est quand même Pravind Jugnauth qui a commencé le jeu des augmentations du montant de la pension de vieillesse aux élections de 2019, avant d’en faire son cheval de bataille électoral soutenu par l’ensemble de son gouvernement. Samedi, l’ancien gouvernement a tenté de récupérer la manifestation organisée par les syndicalistes. Encore que les invitations envoyées par le MSM pour aller manifester à Port-Louis peuvent laisser croire que le MSM soutenait — finançait ? – la marche de protestation. Une marche transformée en plateforme pour donner l’occasion à ceux qui hurlaient « Retourn nou Pravind » de se faire entendre. Tout comme on les a entendu crier « Vive Pravind » quand ce dernier a été arrêté par la FCC dans l’affaire de la valise aux devises étrangères. Mais il n’y avait pas que Pravind Jugnauth à la marche. Il était entouré des membres de son ancien gouvernement, de ses alliés aux noms finissant en O, sans oublier Nando Bodha. Même l’ex-ministre des Finances, celui qui a pris les décisions économiques qui ont conduit le pays là où il se trouve aujourd’hui, était présent. Bref, tous ceux qui ont été balayés par le dernier 60/0 étaient là pour essayer de se faire une virginité politique. Comme dirait l’autre, « tou bann tang finn sort dan trou ! » Ne manquait à l’appel de ce rassemblement de « has been » de la politique que Xavier-Luc Duval, un autre spécialiste en renchérissement sur le montant de la pension de vieillesse. Son fils, lui, était allé d’abord, à Rose-Hill où avait lieu un warming up qui n’a pas attiré la foule escomptée. Pas plus qu’à Port-Louis d’ailleurs, où l’on attendait des dizaines de milliers de mécontents qui ne se sont pas déplacés. Ils sont sans doute des milliers à l’être, mais contrairement à ce que les politiciens continuent à croire, les Mauriciens ne sont pas des imbéciles qui manifestent quand on leur demande de le faire. Le meilleur commentaire sur la marche à laquelle vient de participer Pravind Jugnauth et son hypocrisie est la déclaration qu’il avait faite lors de la marche à Port-Louis après le Wakashio. Une déclaration qui a ressurgi opportunément sur les réseaux sociaux : « Zot krwar ki enn lamars pou determine seki gouvernma pou deside ? » Comme dirait l’autre, « kras an ler tom lor nene ».
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Au Parlement cette semaine, Paul Bérenger a refait ce qu’il avait fait à la rentrée : insulter un parlementaire. La dernière fois, il avait lancé au leader de l’opposition un « al met pandi », ce qui lui avait valu — une semaine après — une remontrance de la Speaker, qui l’avait obligé à retirer sa phrase. Cette semaine, c’est au député Duval que le Premier ministre adjoint s’en est pris en le traitant de cochon. Le député Duval a saisi l’occasion pour poster sur les réseaux une réponse attaquant celui qui l’avait insulté. Au-delà de la récupération de l’insulte, est-ce qu’il ne serait pas temps que quelqu’un – le PM, le BP du MMM ? – dise à Paul Bérenger de tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de lancer des mots ou des phrases. Surtout quand il le fait en public ou au Parlement. À moins que d’ici là, le Deputy Speaker, qui présidait les débats lors de l’incident, ne décrète, comme le faisait le précédent Speaker, que le mot cochon est parliamentary, pour ne pas donner tout au leader de son parti.