La caverne d’Ali Baba

— Hé toi là, c’est vrai qu’ils étaient des vampires !
— Tu veux parler des chauves-souris qui font des ravages dans tes arbres fruitiers ?
— Non, toi. Je parle des vampires qui étaient au gouvernement d’avant et de leurs protégés.
— Combien de fois le Premier ministre et les ministres du nouveau gouvernement les ont dénoncés !
— Franchement te dire, je croyais qu’ils exagéraient. Qu’ils faisaient pareil comme le MSM avait fait.
— Qu’est-ce que tu veux dire par ça ?
— Rappelle-toi : à chaque fois qu’il y avait un problème dans le pays, Pravind disait c’est la faute à Navin et à son gouvernement qui n’avait rien fait, qui n’avait pas pris les décisions qu’il fallait ! Je croyais que le gouvernement du changement faisait pareil.
— Tu as enfin compris que quand on te disait que le MSM et ses alliés avaient défoncé la caisse c’était vrai ! Et qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ?
— La découverte du coffre-fort, toi !
— Ayo ! Ne me dis pas que tu vas recommencer avec les coffres-forts de Navin ! Tu n’es pas plein de faner tous ces palabres du MSM ?
— Mais qu’est-ce que tu racontes ? Je ne suis pas en train de te parler des coffres-forts de ton Navin, mais de l’autre coffre-fort !
— De quel autre coffre-fort tu es en train de parler comme ça ?
— Mais du coffre-fort que la FCC a découvert en faisant une perquisition dans les bureaux du fameux Sattar.
— Ah, l’homme de confiance de Pravind, qui a été nommé à la tête de toutes sortes de compagnies et qui appelait l’ex-PM Boss ?
— Lui-même, toi.
— J’ai pas trop suivi cette affaire-là. Il n’est pas supposé être à l’hôpital au lieu d’être en prison lui ?
— Comme pratiquement tous ceux que la FCC convoque, quand l’interrogatoire est fini, ils ont un malaise et doivent être transportés en clinique !
— Tu crois qu’ils sont vraiment malades ou bien ils déclarent qu’ils sont malades ?
— Il y a des gens qui disent qu’ils tombent malades pour ne pas aller en prison.
— Mais pour ne pas aller en prison, ils ont besoin d’un certificat médical, non ? Tu crois que…
— Tout ce que je peux te dire c’est que pas mal de ceux qui ont été convoqués par la FCC et qui allaient passer en cour avant d’aller au cachot sont tombés subitement malades.
— Il faudrait faire désinfecter les bureaux de la FCC, on dirait qu’il y a un nid de virus là-bas ! En attendant, puisque je n’ai pas suivi l’affaire : dis-moi un coup ce qu’on a trouvé dans le bureau du Sattar en question.
— Ma chère, on dirait que son bureau est une véritable caverne d’Ali Baba !
— Ne me dis-pas, toi !
— Oui, toi. En dehors du coffre-fort, qu’on ne peut pas ouvrir sans que le Sattar ne soit présent, il y avait toutes sortes de choses dans ce bureau. Par exemple de grands millésimes.
— C’est quoi ça un grand millésime ?
— C’est des bouteilles de vin très, très haut de gamme qui se vendent très, très cher.
— Ah bon ? Mais dis-moi un coup, est-ce que Sattar consommerait lui-même de ce vin là?
—… je peux te dire que c’est une question que beaucoup de gens se posent. Mais il vaut mieux ne pas trop parler de ça.
— En dehors de ça, qu’est-ce qu’il avait encore dans la caverne d’Ali Baba ?
— Beaucoup de choses, dont des plumes et des montres qui, comme les bouteilles de vin, sont très, très haut de gamme et qui donc valent beaucoup d’argent.
— Décidément, ils sont tous pareils.
— De kisannla tu veux parler ?
— De ceux qui faisaient partie de la kwizinn du MSM. On dirait qu’ils collectionnent les mêmes affaires.
— Pourquoi tu dis ça ?
— Tu te rappelles pas qu’on avait saisi une valise qui venait de chez l’ex-PM, avec de l’argent et… des montres qui valaient très cher ? On dirait que les gens qui faisaient partie de la kwizinn aiment ces affaires de collection là. C’est tout ce qu’on a trouvé dans la caverne ?
— Non toi, on a trouvé beaucoup de documents confidentiels, parmi une liste de clients toxiques de la SBM…
— Ça veut dire quoi « des clients toxiques » ?
— D’après ce que j’ai compris, des clients qui ne peuvent pas rembourser l’argent que la banque leur a prêté.
— Mais qu’est-ce que ces documents viennent faire dans la caverne d’Ali Baba ?
— C’est une autre question qu’il faudra poser à Sattar quand…
—… son état de santé le permettra ! Mais quand même : comment se fait-il que des documents confidentiels de la banque étaient dans son bureau ?
— Je sais ce qu’il va dire : que c’est en tant que président du board de la SBM qu’il a apporté les dossiers chez lui !
— C’est lui-même qui avait mis Air Mauritius en receivership, non ? On n’a pas trouvé des dossiers d’Air Mauritius dans la caverne d’Ali Baba ?
— Ils sont peut-être dans le coffre-fort qu’on n’a pas encore ouvert.
— Je peux te dire une affaire, sans t’offenser ?
— Quelle affaire ?
— Je crois que tu t’es trompé : ce n’est pas le bureau de Sattar qui est la véritable caverne d’Ali Baba, mais le coffre-fort qu’on n’a pas encore ouvert !

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J.-C.A.

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