La nouvelle alliance « insignifiante »

Avant même que les — très, très longues — négociations menant à l’alliance PTr-MMM-PMSD n’aient débuté, le MSM avait déjà annoncé qu’elle ne se ferait pas. Il a par la suite tout fait pour empêcher sa concrétisation. Après avoir vainement essayé de débaucher des députés de l’opposition — Osman Mahomed aurait long à raconter sur le sujet —, le MSM a dû se contenter d’acheter des seconds couteaux. Pendant quelque temps, on eut droit, le jeudi, à la démission d’obscurs membres du PTr, du PMSD et du MMM que personne ne connaissait. Le samedi suivant, les nouveaux transfuges passaient en « direct live » dans le JT de la MBC pour dénoncer leurs anciens leaders et couvrir de fleurs leur nouveau boss. Pendant ce temps sûrement — et surtout très laborieusement —, les négociations ont continué et, en dépit des railleries et des menaces du MSM, elles ont fini par aboutir. Certes, l’accouchement a été retardé et douloureux, mais il a fini par avoir lieu. Depuis, les ténors du MSM ont adopté une nouvelle stratégie : tous les samedis, un des leurs anime une conférence de presse pour dire tout le mal qu’il pense de l’alliance, de ses leaders et de certains de ses membres. Et cela tout en affirmant, en même temps, que l’alliance de l’opposition est insignifiante, composée de has been avec un passé négatif et ne tiendra pas la route. Pour tenter d’enfoncer le clou, le ministre des Arts a lancé, cette semaine, des accusations contre un ex-ministre travailliste. Parlant de la condamnation de l’ex-ministre Chady — qui a eu moins de… latitude pour faire appel à la commission de pourvoi en grâce que le fils du commissaire de police —, le ministre des Arts orange a affirmé qu’un autre ministre travailliste, Vishnu Bundhun, avait été condamné en 1999 pour corruption. La MBC, grande donneuse de leçon d’éthique journalistique, a repris cette affirmation dans tous ses bulletins d’informations sans la vérifier. Or, dans sa tentative de salir le PTr — et l’alliance de l’opposition —, l’actuel ministre des Arts a affirmé une contre-vérité. Si, effectivement, Vishnu Bundhun avait été condamné, il avait fait appel et avait obtenu gain de cause devant la Cour suprême. Tout comme Pravind Jugnauth a été blanchi par le Privy Council — grâce à l’ICAC — dans l’affaire MedPoint. Il est donc faux et diffamatoire de dire que Vishnu Bundhun a été condamné pour corruption. Une fois de plus, les stratégies montées par le MSM contre ses adversaires finissent par se retourner contre lui. Et tout ça pour une alliance « insignifiante. » À qui le CC du MSM a pourtant consacré sa réunion de samedi afin de mettre en place une « contre-offensive » pour « ne pas lui laisser le terrain libre ! » La virulence des attaques contre la nouvelle alliance de l’opposition parlementaire démontre que, contrairement aux déclarations de ses ténors, elle inquiète le MSM. Comme aimait à le dire SAJ, le fondateur du MSM : « Eski ou finn deza tann dir ki dimounn bez kout ros lor pie mang ki na pa raporte ? »
L’inquiétude du MSM par rapport à la nouvelle alliance est une bonne chose pour le pays. Elle va mettre fin, espérons-le, à la manière de plus en plus autocratique de gouverner du MSM — rappelant souvent les républiques bananières du siècle dernier. Une manière de diriger avec une famille, un clan et leurs proches ayant fait main-basse sur l’appareil d’État. Cela étant, il faut le dire et le souligner : la nouvelle alliance des partis d’opposition parlementaire a encore du travail, beaucoup de travail pour (re) gagner la confiance des Mauriciens, surtout celle des indécis et autres dégoûtés de la politique et des alliances. Il faut éviter d’être angélique et de croire qu’il suffit d’une longue liste de promesses de changement et que Navin, Paul et Xavier interprètent leur version de Donn to lame, pran mo lame à Mare D’Albert, vendredi dernier, pour remporter les prochaines élections. Ouvrons une parenthèse au sujet des promesses pour souligner que celle de Navin Ramgoolam annonçant, comme mesure prioritaire de son futur gouvernement de l’alliance, le retour de l’écurie Gujadhur au Champ de Mars laisse, pour dire le moins… perplexe ! Les vraies priorités, c’est que cette alliance passe le test de crédibilité dans la durée, règle toutes les contradictions, fasse disparaître tous les macadams, élabore un programme et une politique qui vont lui permettre de créer la dynamique nécessaire pour changer le climat politique. En attendant, il faut noter que la nouvelle alliance laisse espérer la fin de ce sentiment, cultivé et entretenu par le MSM et ses chatwas, que pour les prochaines années, l’avenir politique de Maurice ne peut être écrit qu’avec de l’encre orange.

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