La vitesse supérieure

Non, ce n’est pas ici que nous allons insulter nos lecteurs en parlant du culot de l’ancien ministre de la Santé de porter un jugement sur le travail de son successeur Anil Baichoo, à peine installé. Lorsqu’on a, comme bilan, le tour de magie à hauteur de Rs 1,2 milliards de fonds publics perdus dans l’achat d’équipements douteux genre Pack and Blister et le décès d’une dizaine de patients nécessitant la dialyse, la seule option décente est de se faire oublier et d’aller animer des soirées karaoke en entonnant le « koukouroukoukou ».
Il n’est pas, non plus, question de parler du PCR, non, pas le test Covid, mais ce tout nouveau Parti Conservateur Républicain qui a pour dirigeants les désormais fameux Ashley Hurunghee et Samad Goolamally, deux suppôts du MSM ratatiné dont les propos et le goût pour le Chivas Regal, apparemment consommé en pleine journée au Bâtiment du Trésor, avaient été dévoilés dans les bandes sonores des Moustass Leaks en novembre 2024. Au sein de cette coterie qui se revendique « parti », il y a aussi un certain Swadick Peerally, connu pour avoir, lui, testé « le ventre du monstre » en rejoignant Sir Gaëtan Duval au plus fort de la guerre froide entre le MMM et le PMSD des années de braise. Que du beau monde que la presse sérieuse, qui ressasse son attachement à la qualité du débat public, aurait dû avoir décortiquée pour l’édification de ses jeunes lecteurs.
Passons plutôt aux choses sérieuses. Après une période de flottement un peu trop prolongé du nouveau régime, qui a fait douter plus d’un sur les véritables intentions du gouvernement de « rupture », les choses commencent à se mettre en place. Ce n’est pas encore le big bang, mais ça semble vouloir progresser.
Après le désolant spectacle de la BoM qui a terni l’image du pays, le choix des nouveaux dirigeants a été très bien accueilli, d’autant que c’est une femme, une première, qui sera aux commandes de la banque centrale. À ses côtés et en remplacement de Gérard Sanspeur, quelqu’un de la maison, Ramsamy Chiniah. On ne peut qu’espérer que c’est vraiment un chapitre clos à la BoM Tower.
Dans le secteur aérien et aéroportuaire, les choses semblent vouloir se décanter avec la confirmation par le cabinet et le conseil d’administration de Airports of Mauritius Ltd de l’installation de Megh Pillay comme Executive Chairman, le temps d’une remise en ordre généralisée et d’une éventuelle séparation des responsabilités. Cela se fait pendant que le président à temps partiel d’Air Mauritius, Kishore Beegoo s’agite et qu’il se répand en explications peu convaincantes et en longueur de pages sur ses canaux de prédilection.
Les Mauriciens s’attendent aussi à ce qu’il y ait des actions concrètes après le triste épisode de l’interpellation de Narain Jasodanand parce que c’est grave des agents qui prennent des décisions dans le dos de leurs supérieurs. Certains sont en train d’abuser de la politique de non-ingérence des gouvernants dans la petite cuisine des Casernes Centrales.
L’indépendance de la police dans son fonctionnement au quotidien ne veut pas dire que c’est une licence pour faire n’importe quoi. Après les propos tenus par Navin Ramgoolam, la semaine dernière, il est attendu que le ménage soit fait dans certains départements de la police et que le commissaire de police fasse un peu preuve d’autorité.
La décision du Directeur des Poursuites Publiques (DPP) de rayer les charges provisoires à l’encontre d’un certain nombre d’individus accusés de trafic de drogue sous la défunte Special Striking Team tient également de cette nouvelle ère du fonctionnement indépendant des institutions.
Le bureau de Rashid Ahmine s’en est très bien expliqué dans le communiqué émis vendredi. Radiation des charges, certes, sur la base des éléments actuels du dossier, mais cette décision, a-t-il souligné, n’exclut pas une reprise des investigations en vue de le faire avancer ou de le refermer définitivement.
Le conseil des ministres a, vendredi, décidé de mettre en pratique sa promesse de revisiter complètement le système de pensions, compte tenu de l’évolution des finances publiques et de l’évolution démographique du pays.
Le comité d’experts annoncé a le mérite de réunir des personnalités de grande qualité capables de proposer des réformes sérieuses et surtout viables au gouvernement qui, avec son comité ministériel présidé par le Premier ministre, devra dessiner les contours du nouveau régime de la pension.
Parmi les attributions dévolues au comité d’experts, il y a celle des « pension schemes for public officials » qui a retenu l’attention. Si les travaux vont dans le sens d’une révision du régime des pensions des parlementaires vers un système plus juste, comme cela se déroule dans des pays autrement plus riches, cela ne ferait que rassurer cette partie grandissante de l’opinion allergique aux privilèges considérés comme indûs des politiques.
Dans le secteur hippique aussi, il semble que l’on soit très attentif au respect strict des règlements. La démonstration étant le communiqué émis vendredi sur la décision d’annuler les paris anormaux notés sur un cheval juste avant qu’il ne soit annoncé qu’il courra avec une attache-langue. Cela devrait servir de leçon à ceux qui pensent pouvoir refaire du Champ de mars celui de la course à la triche.
Pour confirmer les nouvelles bonnes dispositions du gouvernement, l’agenda de la rentrée parlementaire du 7 octobre s’annonce riche en calendrier législatif, avec de nombreuses propositions de loi, allant de la nécessaire clarification à apporter au dossier des Senior Counsels, qui a fait couler beaucoup d’encre, à la réorganisation du secteur sportif, en passant par le Police and Criminal Justice Bill et le texte sur l’adoption des enfants, pour ne citer que quelques textes qui sont apparemment en cours de rédaction et de finalisation.
On passe peut-être à la vitesse supérieure. Qui sait ? Ce n’est pas trop tôt parce que la patience populaire, on le voit ces jours-ci, a des limites !

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Josie Lebrasse

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