L’Alliance de l’Espoir : Rs 80 M pour des médicaments génériques !

Dans la série de scandales liés au Covid-19, le dernier en date révélé au Parlement lors de la Private Notice Question du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, vendredi dernier, l’achat du Molnupiravir à Rs 79.92 l’unité (un million de comprimés) par le ministère de la Santé a été largement évoqué par l’Alliance de l’Espoir, hier matin. Le prix de ce médicament, tant attendu à Maurice, pour le traitement du Covid-19 est passé de Rs 9.30 à Rs 79.92 en 24 heures. Lors de la conférence hebdomadaire de la plateforme des partis de l’opposition, Xavier-Luc Duval a fait ressortir que ce sont au final des médicaments génériques, au coût de Rs 80 M, qui ont été importés par la compagnie qui a décroché un contrat par un « unsollicited bid. »

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Tout en invoquant la sanction divine, le leader de l’opposition et du PMSD, Xavier-Luc Duval, a prévenu que la plateforme est en attente d’autres informations sur l’importation du Molnupiravir aussi bien que le Tocilizumab. Qui plus est, a-t-il souligné, l’importation du Molnupiravir par le biais du unsollicited bid au coût de Rs 79.92 l’unité (environ Rs 80M) « concerne des produits génériques. » « C’est une affaire qui est loin d’être terminée et qui finira mal pour toutes les personnes impliquées. Bann ki pe rod fer profi lor malaldi e lamor dimounn, Bondie pou pini zot ! » Xavier-Luc Duval a dénoncé la tentative « mal inspirée » de cover-up du ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, au Parlement, vendredi dernier.

« Il a fait un statement qui n’est pas autorisé par les standing orders pour des raisons de confidentialité. Il a parlé de trois exercices de tender. Mais en tant que médecin et ministre de la Santé, il ne sait pas ce qu’est un exercice d’appel d’offres ? Il n’y a eu qu’un seul et non trois exercices de tender, c’est le restricted bidding fait le 25 novembre où il a obtenu le prix de Rs 9.30 par pilule. Les autres sont des achats directs avec Hyperpharm et CPN Distributors qui a importé des médicaments génériques de Molnupiravir auprès d’une compagnie qui s’appelle Omnibus. Le ministre Jugatpal n’a pas su expliquer la différence de Rs 70 dans le prix des comprimés. Il avait également promis de soumettre la liste des bénéficiaires de permis d’importation, chose qu’il n’a pas faite. Cette liste nous aurait éclairés sur les compagnies autorisées par la Santé à importer le Molnupiravir sous le contrôle du Pharmacy Board. Zot kone exakteman dan minister ki stock ena dan Moris, ki kote bizin al aste, parski zot mem ki donn import permit. La manière de procéder est illégale ! D’où la nécessité d’un select committee. »

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Désormais, a dit Xavier-Luc Duval, le Molnupiravir est en vente libre à Maurice, à 40% moins cher que le prix payé à l’unité par le gouvernement. « Aujourd’hui, quand je pense au nombre de personnes au Procurement Departement du ministère de la Santé qui se sont suicidées, j’ai des doutes sur leur acte. Kan mo trouv sa kantité kas ki involv-la, mo gagn dout si vremem sa bann dimounn-la in swiside. Sa ousi pou bizin fer lanket », a fait ressortir le leader de l’opposition.

« Minis Molnupiravir »

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Il a aussi invité un médecin qui a, dit-il, consigné une precautionary measure à son encontre à poursuivre sa déposition. « Je ne sais pas pourquoi ce médecin se sent visé. En tant que leader de l’opposition, je suis payé pour faire toute la lumière sur les scandales. Je dis à ce médecin, le Dr. Ramasawmy : tann mwa bien, ninport kisann-la ki inplike, sa lexersis-la li ilegal.

Un Emergency Procurement est régi par une procédure bien établie. Pourquoi n’avoir pas demandé à la Mauritius Pharmacy, qui détient déjà le contrat en tant que regular supplier, de fournir 100 000 médicaments pour répondre à l’urgence de la situation ? C’est dans cette optique que nous avons demandé de ne pas fermer le Parlement pour continuer à agir comme un chien de garde pour la population », a déclaré Xavier-Luc Duval. Et à ce sujet, ce dernier a regretté que le Premier ministre n’a pas encore répondu à sa lettre envoyée en ce sens. « Li ferm Parlman sa mardi-la pour reouver zis vandredi prosin, pour ferm li apre ! »

« Dans le passé il y a eu un scandale appelé minis molton, je me demande si nous ne parlerons pas bientôt d’un minis Molnupiravir », devait déclarer pour sa part Nando Bhoda quand il est intervenu pour commenter la polémique autour du contrat alloué à CPN Distributors. Dans cette controverse se trouve le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal. Nando Bodha a dénoncé « la méthode MSM » qui consiste, a-t-il dit, de « pran kas lepep an plin lizour. » La manière dont l’allocation du « unsollicited bid » a été faite, a-t-il dit, indique clairement le mode opératoire des compagnies qui gravitent autour du MSM. « Il y avait l’emergency procurement de Rs 1,2 MD. Il y a eu les scandales autour des respirateurs de Pack & Blister, des fournisseurs qui n’avaient aucune historique en équipements médicaux… La même méthode est à nouveau appliquée. Nou trouv mem zafer, enn conspiracy pou defraud public funds. La responsabilité du gouvernement est engagée dans cette affaire », a commenté Nando Bodha.

Accountability

Ce dernier a affirmé que si la plateforme de l’Espoir était au pouvoir et qu’un de ses ministres était à la place de Kailesh Jagutpal, « enn minit li pa ti pou rest dan gouvernman. » Appuyant la déclaration du leader de l’opposition faite la veille à l’effet que ce nouveau scandale peut conduire à l’emprisonnement, Nando Bodha avance que « le complot a été bien calculé. » Il s’est expliqué : « Au départ, il est question de permis d’importation nécessaire pour arriver à importer ces médicaments. Finn kontrol bann konpagni kinn gagn akse a import permit, finn blok zot, ena konpagni ki dan biznes distribision medikaeman ki finn gagn 150 000 doz, CPN li linn gagn enn import permit o-mwin enn milion doz. De plus, c’est une compagnie qui n’est pas un distributeur médical ! Elle est la société sœur de RSL, une entreprise MSM, avec des activités diverses. »

Nando Bodha a fait ressortir que d’un côté les 800 000 médicaments acquis par la Mauritius Pharmacy ont une durée de conservation de 18 mois, de l’autre côté ceux de CPN Distributors, durent seulement huit mois. Le leader du Rassemblement Mauricien explique qu’il est évident que le unsollicited bid de CPN Distributors a été fait sur mesure.

« Nou pa pou large »

« Il y a eu complot pour commettre une fraude inacceptable. E nou pa pou large ! » a averti le leader du MMM, Paul Bérenger. Ce scandale n’est pas sans précédent, a-t-il avancé. « Depi ki Covid-19 inn tom lor nou, skandal lor skandal, pe kokin kas lor ledo enn lepep ki pe soufer, ki pe mor », a déploré le leader du MMM.

Ce dernier a fustigé le ministre de la Santé qui a, selon lui, fait preuve d’arrogance de mesquinerie au Parlement, vendredi dernier. « Ce ne serait pas étonnant qu’il n’y ait pas de PQs mardi prochain », a dit Paul Bérenger. Commentant le retrait de Maurice de la liste rouge écarlate de la France, Paul Bérenger est d’avis que « par incompétence » du ministre du Tourisme et du gouvernement, le pays est toujours classé sur la liste rouge écarlate de l’île de La Réunion. Par ailleurs, Xavier-Luc Duval a déploré la « technologie arriérée » dont dispose le ministère de la Santé pour effectuer des séquençages et aussi exprimé sa solidarité envers Paul Bérenger et Shakeel Mohamed, du PTr, suspendus pour quatre séances. Il a dénoncé le ton du speaker, Sooroojdev Phokeer, à son égard « kom si mo ti enn ti gringale fek vini. Mo’nn fer trant-e-enn an kom depite. Li kot li sorti ? Ki to ete twa pou donn leson ? Un titre ne fait pas la personne. » Il a également attiré l’attention sur un projet immobilier à Rodrigues et qui ne détient pas de permis ni des autorités mauriciennes ni de Rodrigues.

Après l’annonce de la ministre de l’Éducation sur le prolongement de l’école à la maison jusqu’à la fin de janvier 2022, la Plateforme de l’Espoir a exprimé ses inquiétudes sur l’absence d’un plan clair sur l’enseignement à distance.


PTr : « The guy must go »

« Nous demandons au Premier ministre de révoquer le ministre de la Santé tout de suite. » C’est ce qu’a martelé le président du PTr, vendredi en début de soirée, suivant le walk-out des députés rouges de l’Assemblée nationale après que Shakeel Mohamed s’est fait expulser et named par le Speaker. Déplorant l’achat des pilules de Molnupiravir à Rs 70 plus cher que le prix qui avait été proposé la veille au ministère de la Santé, les membres du PTr parlent de daylight robbery et réclament, en sus de la révocation de Kailesh Jagutpal, une commission d’enquête.

Rencontrant la presse devant le Parlement aux côtés des autres parlementaires rouges, Patrick Assirvaden est revenu sur les révélations faites par le leader de l’opposition lors de la PNQ faisant état des comprimés de Molnupiravir achetés par la Santé à quelque Rs 70 plus chères l’unité à une compagnie ayant des liens avec le gouvernement. « C’est un cas de fraude tellement évident ! » s’indigne Arvin Boolell, qui déclare que « the guy must go ! »

Le chef de file du PTr fait ressortir que sur une base de « hearsay », le PM avait révoqué son DPM, Ivan Collendavelloo. Et pour moins que cela, Yogida Sawmynaden a été appelé à démissionner, rappelle Patrick Assirvaden. « Bijoutier ek quincaillerie ti gagn contrat avant ça. Aster c’est au tour enn compagnie sécurité ki appartenir à enn agent notoire MSM ki reste Montagne-Longue pour gagn contrat. Kifer pe kokin kas lepep koumsa lor medicaments ? » s’insurge-t-il.

Scandale sans précédent

Pour les députés rouges, « c’est un scandale sans précédent. Nou pas enn lekol kouyon. C’est du vol », dit Arvin Boolell, pour qui ce scandale s’annonce comme « un tsunami de la fraude au vu et au su de tout le monde. » D’où la demande du PTr pour une l’institution d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur les contrats alloués par le ministère de Kailesh Jagutpal pendant la pandémie de Covid-19. « Si le Premier ministre a un peu de dignité et s’il estime que c’est un conseil des ministres qu’il préside tous les vendredis, il doit demander à son ministre de la Santé de step down », disent les rouges.

Un peu plus tôt, le chef de file du PTr avait animé une conférence de presse à son bureau à Belle-Rose durant laquelle il s’est attardé sur la compensation salariale. D’emblée, Arvin Boolell a soutenu que la compensation salariale ne vient pas combler la perte du pouvoir d’achat des familles mauriciennes. Selon lui, « une fois de plus, le ministre des Finances n’a pas pris en considération l’impact de l’inflation sur le revenu des familles économiquement faibles. » Tirant à boulets rouges sur le ministre des Finances, il tient également la Banque de Maurice pour principal coupable quant à la dévaluation de la roupie qui affecte particulièrement ceux au bas de l’échelle.

« La Banque de Maurice se plie aux demandes du gouvernement. Nous ne pouvons pas laisser le gouvernement faire ce qu’il veut avec la Banque de Maurice », s’indigne-t-il, faisant ressortir que depuis l’année dernière, la roupie a été dépréciée de plus de 11%, et durant la période 2020-21, de plus de 7%. La compensation salariale donnée par le GM est inadéquate, ajoute-t-il.

Et de poursuivre, en s’attardant sur les fonds puisés des réserves de la Banque centrale pour éponger les dettes publiques : « Le ministre Padayachy ne peut pas croire que la Banque de Maurice est sa propriété privée. »

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