Palestine : est-ce que les 27% vont rejoindre les 73% ?

Plus les images des Gazaouis affamés se battant pour un sac de farine, une boîte de conserve ou une bouteille d’eau sont diffusées, plus le Premier ministre israélien affirme avec force son intention de raser Gaza de la carte du monde. Avec ses habitants. Plus Benjamin Netanyahu se comporte comme Hitler, plus les Israéliens – qui revendiquent tous un parent victime de la barbarie nazie – soutiennent leur Premier ministre. Pendant que les Gazaouis essayent de combattre la famine après avoir survécu aux bombardements et à la destruction de leurs habitations, les leaders des supposées grandes démocraties de ce monde continuent à tenir de grands discours aux tribunes des organisations internationales appelant à un cessez-le-feu, qu’Israël refuse systématiquement. Donal Trump, qui change d’opinion comme il change de balle de golf, menace Israël de sanctions mais continue, comme les grandes démocraties, à lui fournir les armes.
Et tout ça, alors que 147 pays – soit 73% des États membres de l’Organisation des Nations Unies – ont déjà reconnu la Palestine. Mais le problème réside dans le fait que les 27% de pays restant sont les grandes « démocraties » qui ont dominé le monde moderne et veulent continuer à le faire. Ils font partie du G7. Pendant des décennies, ces grandes « démocraties » ont refusé de reconnaître le droit aux Palestiniens d’avoir une patrie, tout en traitant Israël comme un allié privilégié. Mais aujourd’hui, ils sont obligés de modifier cette position dans la mesure où depuis que les images du massacre de Gaza – que certains Juifs commencent à qualifier de génocide – et l’expropriation des terres palestiniennes par les colons israéliens en Cisjordanie, sont diffusées, les opinions publiques refusent de continuer de cautionner la politique officielle de leurs pays.
C’est sans nul doute la pression de l’opinion publique française qui a poussé le Président Emmanuel Macron à annoncer son intention de reconnaître, en septembre prochain, la Palestine. Oui, parce que la France, qui se glorifie d’être le pays de naissance des Droits de l’Homme, n’a pas encore reconnu la Palestine ! C’est sans doute pour ne pas déplaire à son opinion publique que Keir Starmer, le Premier ministre britannique, dont le pays a été la cheville ouvrière de la création d’Israël pour y accueillir les Juifs aux dépens des Palestiniens, a suivi l’exemple du Président français.
En l’assortissant de conditions : entre autres, qu’Israël accepte un cessez-le-feu et qu’il prenne « les mesures pour mettre fin à la situation épouvantable à Gaza ». D’autres pays qui, comme le Canada par exemple faisaient partie des 27% des États membres de l’Organisation des Nations Unies à ne pas avoir reconnu l’État palestinien, ont suivi le mouvement lancé par la France, et il était grand temps. Sans surprise, ce mouvement vers la reconnaissance de la Palestine compte un grand absent : les États-Unis. Pouvait-on attendre autre chose de son Président, le principal allié de Benjamin Netanyahu ?
Mais le délai choisi pour la reconnaissance de la Palestine : l’assemblée générale des Nations-Unies, en septembre prochain, suscite des interrogations. Est-ce que ce délai ne va pas donner le temps nécessaire à Benjamin Nettanyahu pour terminer son objectif déclaré de raser Gaza et ses habitants de la carte du monde ?
La position du PM anglais est encore plus ambivalente puisque si Israël accepte ses conditions, la Grande Bretagne ne reconnaîtra pas la Palestine. On reconnaît bien là le fondement de la politique britannique pour qui le droit international est une simple question d’interprétation à son avantage. Comme il l’a pratiquée, pendant de longues années, sur la question des Chagos.
Il faudra suivre l’évolution de la situation au Moyen Orient et dans le monde pour savoir si les promesses de reconnaissance faites seront tenues et si, comme ils le laissent entendre, les 27% des États membres des Nations-Unies qui n’ont pas reconnu la Palestine le feront en rejoignant les 73% qui l’ont déjà fait.
Et si cette alliance, qu’une majorité de citoyens du monde souhaite, se concrétise, les Nations-Unies, parlant au nom de la planète, pourront alors obliger Israël à respecter le droit international et plus particulièrement celui des Palestiniens à avoir une patrie, dans le cadre de la solution à deux États. Ce qui mettra fin à la guerre israélo-palestinienne, qui dure depuis des décennies, en empoisonnant le monde. Espérons-le.
Jean-Claude Antoine

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