Plore mam !

— Je me demande si je vais te dire…
—  Si tu vas me dire quoi ?
— Avec ton bezer karakter là, je te sais que tu vas le prendre mal, mais tant pis, je dois te dire.
— Quel bezer karakter encore ?! J’ai l’habitude de dire ce que je pense carré-carré, c’est tout.
— Mais quand tu fais ça, tu peux humilier, blesser des gens.
— Si c’est le cas, c’est que ces gens-là l’ont bien mérité. Il faut appeler un chat un chat, point, à la ligne.
— C‘est ce que je vais faire avec toi maintenant. Mais …
— Mais quoi bonne-femme, si tu as une affaire à dire, dis-le au lieu de casser des contours ou de passer par les seminzeping, comme disait ma tante.
— Oui je sais comment tu es…
— Comment je suis ?
— Tu n’aimes pas quand on te donne de mauvaises nouvelles, tu n’aimes pas quand on critique ce que ton gouvernement fait. Ou ne fait pas. Ce qui est pire !
— Ayo ! Je vois où tu veux en venir. Tu vas répéter toutes les attaques et les insanités de ce qui reste de l’opposition et que leurs chatwas postent sur les réseaux sociaux contre le gouvernement.
— Pas du tout. Je vais te dire ce que de plus en plus de Mauriciens disent et pensent.
— Et comment tu sais ce que pensent les Mauriciens ? Depuis quand tu fais des sondages bidons ?
— Tu causes comme les politiciens : quand un sondage est favorable, ils disent qu’il est genuine et le citent comme une référence, quand il leur est défavorable, ils les qualifient de bidon !
— Mais dis-moi comment tu peux savoir ce que les Mauriciens pensent du gouvernement ?
— Parce que contrairement aux ministres du gouvernement qui n’écoutent que leurs conseillers qui leur disent ce qu’ils veulent entendre — pareils comme les chatwas du précédent gouvernement —, moi, je vais dans les bazars, dans les bus, dans le métro et j’écoute ce que les Mauriciens disent.
— Et qu’est-ce qu’ils disent les Mauriciens que tu écoutes ? Je suis sûre qu’ils doivent continuer à faire des jokes sur hogal ba.
— Hogal ba ? Qu’est-ce que c’est que ça ?
— Tu n’es pas au courant de ce que hogal ba veut dire et tu prétends savoir ce que les Mauriciens pensent et disent !
— Hogal ba ? Ah, je sais. C’est le mot en bhojpuri que la ministre des Services financiers a utilisé pour faire le foutant avec le leader de l’opposition. Et au lieu de faire rire aux dépens du leader de l’opposition, c’est elle qui est devenue la risée du pays avec hogal ba.
— Elle croyait bien faire toi. On a dû mal la conseiller.
— Tout comme on a mal conseillé le gouvernement sur le report de l’âge de la retraite ! Elle n’avait qu’à ne pas écouter le conseil ! Hogal ba a fait le buzz sur les réseaux sociaux et on utilise ce mot à propos de n’importe quoi. Mais ça, c‘était avant.
— Et qu’est-ce que les Mauriciens disent à présent selon ton…expertise ?
— Ne fais pas ton foutant avec moi. Ils disent qu’ils sont maris déçus. On avait dit qu’on allait lutter contre l’augmentation des prix et faire baisser le cout de la vie, c’est le contraire qui est en train d’arriver.
— Mais c’est à cause du gouvernement sortant, toi : il a vidé les caisses et pris toutes sortes de mesures électoralistes. C’est à cause de lui qu’on est dans cette situation.
— Les gens disent que ça fait sept mois que le nouveau gouvernement répète ça. Ils disent que c’est un disque rayé et se demandent jusqu’à quand il va continuer à se plaindre, au lieu de prendre des décisions.
— Tu aurais dû avoir mis ton t-shirt orange !
— Tu vois comme tu es quand on te dit ce que les gens pensent !
— Quels gens ? Des agents du MSM, comme toi ?
— Je savais que ça allait finir comme ça avec toi. Quand tu n’as pas d’arguments, tu passes à l’insulte et aux accusations gratuites.
— Jamais de la vie. Je suis juste en train de te dire que tu causes pareil comme un agent du MSM, ou des politiciens et des syndicats qui sont contre le gouvernement.
— Laisse-moi te dire une affaire : il y a une majorité de Mauriciens qui pensent et parlent comme ça. Ils sont en colère, toi. Mari en colère, je te dis.
— Ayo, tu sais comme les Mauriciens sont ! Ils ne sont jamais satisfaits, et il faut toujours qu’ils critiquent. Ils sont pareils que les Français, toujours à grogner.
— Ils ne grognent pas, ils sont en colère contre le gouvernement, contre les promesses non tenues.
— Tu sais comment c’est : ils sont en colère pour le moment, mais ça va passer.
— Je ne crois pas que ça va passer si le gouvernement ne prend pas des mesures pour faire baisser les prix et augmenter le pouvoir d’achat, comme il l’avait promis.
— Je t’ai expliqué que c’est difficile parce que les caisses sont vides.
— Ayo, arrête de répéter ça ! Tu sais ce qu’on dit dans les bazars quand on parle de la situation politique et qui résume bien le mood du pays ?
— Qu’est-ce qu’on dit comme ça.
— J’entends de plus en plus : ou’nn anvi vire mam pou dernie eleksion, non ? Asterla plore mam !
J.-C.A.

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