POLÉMIQUE NEF : Dany Marie, membre fondatrice et activiste de ReA : « J’ai été touchée par les critiques »

— « Mo’nn dir li (Ashok Soubron) ki tou dimounn merit enn meday » — « Dimounn ek lapres […] pa finn anvi trouv mwa kouma enn aktivis, me kouma fam enn minis. Alor ki mo leve, mo dormi kouma enn fam aktivis »

De la controverse entourant sa présence au sein du panel de sélection pour le conseil d’administration de la NEF à la « médaille » qu’elle mériterait — évoquée cette semaine au Parlement par son partenaire, Ashok Subron, ministre de la Sécurité sociale —, Dany Marie, membre fondatrice et activiste de Rezistans ek Alternativ (ReA), s’est retrouvée au cœur des critiques. Elle revient sur ces épisodes et livre son point de vue sur les contextes qui ont nourri la polémique et éclaboussé ReA.

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Militante de gauche et écologiste reconnue au sein de Rezistans ek Alternativ, vous êtes passée du statut d’activiste appréciée à celui de compagne la plus critiquée d’un membre du gouvernement. Quelle est votre opinion à ce sujet ?
Fi’nn ena boukou kritik. Me fi’nn ena osi boukou kritik konstriktif. Puisqu’on n’a jamais fini d’apprendre dans la vie, les critiques, lorsqu’elles sont constructives, sont d’autant plus précieuses pour nous faire progresser. Ce sont justement ces critiques qui, en tant que parti, nous ont poussés à la réflexion —, car je suis également membre du comité national de Rezistans ek Alternativ. En même temps, elles m’ont permis de prendre conscience qu’il existe très peu, voire aucune, femme activiste dont le conjoint est ministre. Et qu’on a besoin de femmes activiste en politique. Même si mon partenaire est aujourd’hui ministre, je reste une militante engagée, vivant une expérience profondément humaine à travers toutes les rencontres que je fais sur le terrain et dans les circonscriptions de nos députés de ReA. Évidemment, j’ai été touchée par les critiques. Mais ce qui compte le plus, c’est que je ne suis pas seule : il y a le parti. C’est cette solidarité qui m’a aidée à me relever et à avancer.

De votre côté, vous parlez de critiques constructives. Pour sa part, le ministre Ashok Subron a déclaré avoir tiré des leçons après la controverse suscitée par la composition du panel chargé de sélectionner les membres du conseil d’administration de la National Empowerment Foundation. Avec le recul, pensez-vous que votre présence au sein de ce panel était légitime ?
À aucun moment je n’ai siégé dans ce comité de sélection en tant que partenaire d’un ministre. J’y ai été impliquée parce que le Junior Minister à la Sécurité sociale, Kugan Parapen — qui est, tout comme moi, membre du comité national de Rezistans ek Alternativ — a fait appel à une équipe pour siéger dans ce comité. C’est comme cela que je me suis retrouvée sur le panel de sélection. Au sein de ReA, dont je suis membre fondatrice, je ne me perçois pas comme « la partenaire de… », mais bien comme une activiste et un membre du comité national à part entière. Dimounn ek lapres, ki konn mwa bien, pa finn anvi trouv mwa kouma enn aktivis, me kouma fam enn minis. Alor ki mwa, mo leve, mo dormi kouma enn aktivis, enn fam aktivis. Cela m’amène à rappeler qu’il y a un manque de femmes activistes à Maurice. Vous savez, avec nos membres, nous avons réfléchi après coup. Nous sommes là, avec l’alliance gouvernementale, pour concrétiser le changement pour lequel nous avons été plébiscités. À l’avenir, si de telles situations se présentent, nous y réfléchirons à dix, voire quinze reprises avant de prendre une décision…

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Mais dans un autre cas de figure, si ReA n’avait pas été au gouvernement et que c’était le ou la partenaire d’une ministre — disons du MSM — qui avait siégé dans ce comité, auriez-vous tenu le même discours ?
Si li enn aktivis pou amenn sanzman dan sosiete, kifer non ? Il n’y a pas beaucoup de couples activistes. Et si, dans le cas de figure que vous évoquez, la personne est présente pour soutenir un véritable changement dans la société, alors pourquoi pas ? Le contexte est essentiel. Sans vouloir revenir sur certaines situations passées, ici, il ne s’agit pas d’une personne extérieure au parti qui se mêle de dossiers qui ne la concernent pas. La situation est tout à fait différente.

Vous voulez dire qu’il ne faut pas faire de parallèle avec le couple Pravind et Kobita Jugnauth ?
Non ! Pa kapav, parski kontex diferan. Est-ce que Kobita Jugnauth était membre du comité central du MSM ?

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Qu’avez-vous dit au ministre Soubron lorsqu’il est rentré à la maison, après avoir déclaré au Parlement, cette semaine, que « People like Dany Marie should have been given a medal » ?
(Rires) Mo’nn dir li ki tou dimounn merit enn meday. Toutes les femmes, ainsi que toutes les personnes qui étaient présentes au Waterfront de Mahébourg et qui ont apporté leur soutien, sous quelque forme que ce soit, après la marée noire… zot tou merit enn meday. Pou Ashok ousi li koumsa. Les méritantes sont ces femmes ki finn dormi leve lor sa waterfront-la.

Ne pensez-vous pas que l’affaire de la NEF, les communications maladroites qui ont suivi, ou encore cette histoire de médaille que vous mériteriez, relèvent d’erreurs de débutants de la part de Rezistans ek Alternativ dans un gouvernement ?
Même ceux qui ont une expérience dans un gouvernement commettent des erreurs. Seki pli inportan, se ki nou arete, nou reflesi ek nou aprann ar nou bann erer. Nous devons avancer, car ReA fait partie d’un gouvernement qui a la responsabilité d’un pays.

Après un peu plus de sept mois au sein du gouvernement, est-ce que ReA a trouvé ses marques au sein du pouvoir ?
Oui, mais cela ne veut pas dire que nous allons nous reposer sur nos lauriers. Nous sommes dans une dynamique d’apprentissage, et nous en sommes pleinement conscients. Cinq ans ne suffiront pas pour tout apprendre.

Avec le BRP désormais fixé à 65 ans, votre parti, Rezistans ek Alternativ, n’échappe pas aux critiques — souvent teintées d’un sentiment de trahison — y compris sur votre propre page Facebook. Si ReA se trouvait aujourd’hui dans l’opposition, est-ce qu’il aurait défendu cette mesure ?
Nous avons prévu de débattre sur cette question ce samedi (ndlr : hier). Nous voulons entendre l’opinion de nos membres. Mais je suis certaine que nous aurions été dans les manifestations, sur la rue, à l’écoute de la population, tout comme nous aurions écouté les propositions du gouvernement. Pou nou, se ousi gete ki manier amenn bann sanzman pou bann travayer. Parski ena bann sanzman, kouma karant-er-t-an travay, dan nou manifest, dan nou lakor. Il nous faut maintenant voir ce qu’on peut changer pour soulager ceux qui auront à travailler jusqu’à 65 ans, comme les maçons, ceux qui travaillent le soir, y compris les employés de centres d’appels. Même ces derniers ont dit qu’il ne pourront pas travailler jusqu’à 65 ans. Donc, il faut trouver des solutions. Les personnes doivent s’exprimer. Mais il est aussi important d’écouter les débats et de comprendre les décisions.

Donc, ReA aurait été dans la rue pour manifester contre cette mesure. Mais pas là ?
L’aile syndicale de ReA a manifesté le 21 juin dernier. Aujourd’hui, nous faisons partie d’un gouvernement. Et dans un gouvernement, il y a des paramètres… Ena bann rezon kifer met laz pansion 65 an. Toulezour, dan Parlman eksplike kifer. Oui, ReA aurait été dans la rue. Mais nous n’aurions pas été aux côtés du MSM, surtout pas ceux qui ont amplifié les dettes publiques et démantelé le NPS. Nous aurions, cependant, participé dans les débats et consultations. Pas comme certains qui ont refusé de le faire. Le gouvernement a dû prendre des décisions pour préserver la pension universelle, mais aussi pour les générations à venir lesquelles méritent leur part du gâteau. D’où la mise sur pied de deux comités sur cette réforme.

Le mot de la fin ?
Mo enn fam. Mo enn aktivis. Mo pou mor aktivis.

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