Techno – Chine : un robot humanoïde se déchaîne sur sa chaîne de montage

Dans l’usine high-tech de Unitree Robotics, dans la banlieue sud de la capitale chinoise, le calme studieux des ingénieurs a été brusquement interrompu par un robot humanoïde d’1,80 mètre qui, soudainement, s’est mis à gesticuler violemment, assénant ce qui ressemblait à des coups de pied et de poing, avant d’être maîtrisé de haute lutte. Cette scène, captée en vidéo et relayée massivement sur les réseaux sociaux, a ravivé nos plus profondes craintes : et si l’autonomie des robots finissait par échapper à tout contrôle humain ?

- Publicité -

La machine, conçue pour assister et remplacer l’homme sur les chaînes de montage, était en phase de test, suspendue à une grue par un harnais de sécurité. Les ingénieurs, d’abord médusés, ont fini par se précipiter pour couper l’alimentation électrique et désactiver le programme fautif. Selon nos informations, l’incident résulterait d’une erreur dans le calibrage des capteurs de position, déclenchant des boucles de rétroaction incontrôlables. Quoi qu’il en soit, le spectacle d’un robot semblant se retourner contre ses créateurs a suffi à semer l’inquiétude.

Robotisation industrielle en accélération sans précédent

- Publicité -

Ce fait divers survient à l’heure où la robotisation industrielle connaît une accélération sans précédent : automatisation des usines, chariots autonomes dans les entrepôts, et même robots de service bientôt invités à cohabiter avec les humains dans les bureaux et commerces. En Chine, principal laboratoire mondial de l’industrie 4.0, on recense chaque année plusieurs dizaines d’incidents entre ouvriers et machines. En mars dernier déjà, un robot de la même marque avait foncé sur un visiteur lors d’un salon de la robotique à Shenzhen, stoppé in extremis par son opérateur.

Mais les accidents peuvent être plus graves encore. Dans une usine de porcelaine de Jingdezhen, un ouvrier avait été grièvement blessé après qu’un robot chargé d’emboîter des pièces l’ait empalé. Plus tragiquement, en 2023, un technicien en cours d’installation d’un bras mécanique dans une zone d’assemblage automobile à Suzhou avait perdu la vie, projeté contre une plaque métallique avant que ses collègues n’appuient sur le bouton d’arrêt. Quant à la récente fuite d’un spray répulsif ultra-puissant dans un entrepôt de produits chimiques, elle avait envoyé une vingtaine d’employés à l’hôpital.

- Advertisement -

Bouton d’Arrêt d’urgence

Face à ces risques, la mise en place de « kill switches » – ces boutons d’arrêt d’urgence – ne suffit plus. Les acteurs du secteur exigent désormais des protocoles de sécurité intégrés dès la conception des machines : capteurs de présence, algorithmes de détection des anomalies, et même « airbags » internes capables d’amortir une action brutale. Certains préconisent également la création de « zones tampons » où l’interaction homme-robot serait strictement encadrée, ou l’obligation pour chaque robot de communiquer en temps réel sa trajectoire aux opérateurs humains.

Sur ce front, des retours d’expérience existent déjà. Amazon, pionnier de la robotisation dans la logistique, a équipé ses entrepôts de gilets connectés pour ses employés : dès qu’un robot s’approche à moins d’un mètre, l’appareil vibre et provoque un arrêt immédiat de la machine. Mais ce système, perfectible, ne garantit pas l’absence totale d’accidents et impose une vigilance constante.

Le cadre juridique peine à suivre l’essor technologique

Pour l’heure, l’incident de l’usine Unitree est un rappel brutal de la précipitation avec laquelle on intègre la robotique à nos processus industriels. Il soulève en creux la question de la responsabilité : que se passera-t-il lorsqu’un robot autonome blesse gravement un humain ? Le cadre juridique peine à suivre l’essor technologique et, dans bien des pays, la législation sur la sécurité des machines n’a pas été mise à jour depuis plus d’une décennie.

À l’aube de cette « ère des machines », les entreprises et les pouvoirs publics sont confrontés à un impératif : allier performance et fiabilité, tout en préservant la sécurité des travailleurs. Car si l’automatisation promet des gains de productivité considérables, elle ne doit pas se faire au prix de vies humaines ni de souffrances évitables. L’avenir de l’industrie – et de ses robots – dépendra de notre capacité à encadrer ce progrès d’un redoutable potentiel.

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques