Le montant de la compensation salariale est officiel depuis vendredi. C’est à l’Assemblée Nationale que le Premier ministre et ministre des Finances a annoncé le paiement de Rs 635 à partir du 1er janvier prochain à tous les salariés touchant moins de Rs 50,000 et aux bénéficiaires des prestations sociales.
Le patronat se plaint, les syndicats pestent. Pour ne pas changer. Rien de bien nouveau sous le soleil puisque ce rituel se répète même si cela frise parfois le ridicule avec des syndicats se basant sur des chiffres absolument fantaisistes pour réclamer un montant compensatoire de plus de 10%, alors que le taux officiel de l’inflation se situe à 3.7%.
Ceux au bas de l’échelle ne crachent pas sur ce petit coup de pouce au budget familial, tandis que les salariés constituant la classe moyenne protestent d’être toujours les grands sacrifiés, d’abord du 14ème mois électoraliste de l’année dernière et, cette fois, de la compensation 2026.
Mais à bien y voir, tout cet exercice conduit au final à un cercle vicieux. Pour pouvoir payer la compensation en janvier, après avoir déboursé pour le boni de fin d’année, les entreprises commenceront déjà, dans l’euphorie des fêtes de fin d’année, à ajuster les prix et étendre l’exercice en janvier 2026.
Et c’est là que l’on commencera à entendre les consommateurs dire que leur compensation a été complètement engloutie. L’on repartira sur des calculs de l’augmentation de l’inflation jusqu’aux prochaines tripartites. Si le fonds de stabilisation des prix, partiellement appliqué cette année, est utilisé à bon escient, cela pourrait limiter l’absorption rapide de la compensation. Ce qui serait un vrai répit pour le consommateur.
Et si le Parlement devenait, lui, un véritable demi cercle vertueux et que chacun faisait un effort pour se conformer aux Standing Orders ? La question est d’actualité après les incidents qui ont émaillé les toutes dernières séances de cette année avec le Premier ministre adjoint montrant de nouveau son impatience vis-à-vis du député à la présence minimaliste, Adrien Duval et la passe d’armes entre la Whip du gouvernement Stéphanie Anquetil et la ministre Arianne Navarre-Marie.
Adrien Duval, qui n’occupe son siège de député que quelques heures à chaque séance et qui s’est bien gardé d’intervenir sur le Road Traffic (Amendment) Bill pour des raisons plus qu’évidentes, a cultivé la bien mauvaise habitude d’enrober ses questions supplémentaires de longs commentaires, au lieu d’aller droit au but.
Celui qui a été un bon Deputy Speaker entre 2014 et 2016, en comparaison à la Speaker Maya Hanoomanjee et un Speaker un peu style « l’imposte » de juillet à octobre 2024, devrait être le dernier à ignorer les règles procédurales de la Chambre.
Connaissant le caractère de Paul Bérenger, il doit faire un peu exprès et ce dernier, tombant dans le piège, lui balance des épithètes qu’il doit ensuite retirer. L’un comme l’autre gagnerait à faire l’économie de ces écarts et contribuer à promouvoir la solennité des délibérations. Ils ont jusqu’au 17 mars 2026 pour cogiter sur tout ça, un temps suffisant pour faire amende honorable et redonner de la sérénité aux débats.
Les échanges entre Paul Bérenger, Arianne Navarre-Marie et Stéphanie Anquetil ont également marqué les esprits. Chacun y va de son petit décryptage. Il y a ceux, se présentant comme des initiés, qui voient dans l’agitation de certains back benchers rouges des signes de frustration de ne pas avoir accédé à un maroquin, et qui prient pour que le MMM parte, afin de pouvoir réaliser leur rêve. D’autres voient dans le ciblage de la ministre Navarre-Marie un genre de match retour de l’épisode ayant conduit à la mutation d’Anishta Babooram.
Avant les questions posées légitimement sans doute par Stéphanie Anquetil, mais sur un ton et une expression plutôt guerrières, au point de multiplier les lapsus sur la garderie / galerie, il y a eu les frictions publiques opposant Farhad Aumeer à Osman Mahomed, que dut arbitrer le toujours posé Reza Uteem, ou à Anil Baichoo et Eshan Juman à Shakeel Mohamed. Autant d’occurrences qui traduisent de profondes frustrations.
Si des back banchers ne sauraient se comporter comme des élus godillots, ce qui serait une négation de la démocratie parlementaire, et qui ne seraient là que pour poser des questions orientées quoique souvent utiles pour étaler le degré d’excès et de pratiques frauduleuses de l’ancien régime, ils ne devraient pas pour autant se montrer sélectifs lorsqu’il s’agit de diriger leurs tirs.
Si, dans les rangs de la majorité, certains devraient faire un effort de tolérance, ceux de l’opposition, bien que squelettique, devraient aussi honorer convenablement leur mandat. Puisqu’ils sont tous par définition des serviteurs du peuple. Le leader de l’opposition, Joe Lesjongard qui fut un Deputy Speaker éphémère en 2018, ne s’est pas si mal débrouillé que ça lorsqu’on sait ce qu’il a en face comme armada.
Mais son absence vendredi à la séquence des traditionnels vœux marquant la dernière séance parlementaire de l’année était pour dire le moins malvenue. Il y a les hostilités des séances normales, mais il y a aussi des conventions à respecter. Si on veut à son tour se faire respecter.
Si on ne fera pas injure à l’intelligence des Mauriciens en osant une comparaison entre Shirin Aumeeruddy-Cziffra et son prédécesseur de triste mémoire Sooroojdev Phokeer, il faut néanmoins dire que la Speaker qui a candidement reconnu, vendredi, qu’elle ne maîtrisait pas tout, a un peu trop souvent participé aux échanges en y ajoutant de son vécu personnel, au lieu d’arbitrer avec la plus grande distance qui s’impose.
Elle a, elle aussi, le temps de réviser ses classiques que sont les Standing Orders et Etrskine May, la bible-référence qui supplée là où les provisions procédurales actuelles sont vagues. Vivement l’année prochaine pour des séances tout en hauteur !
Un cercle vicieux
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