Et si on décidait de ne célébrer que le positif, de souligner ce qui rassemble et ce qui se fait concrètement, même s’il n’a pas le son des roupies derrière lesquelles certains courent, ceux qui sont prêts à brader leur conscience et leur dignité. Et si à partir de ce postulat, on arrêtait de se laisser abrutir par les réseaux sociaux et ces narcissiques qui aiment vanter leurs “prouesses”, qui adorent se regarder, s’écouter, et relire leurs posts haineux et vulgaires, comme si c’était de la prose raffinée ou le fruit d’une grande réflexion.
Non, il n’y a pas que la petite cuisine politicienne qui intéresse la population et les jeunes en particulier. Il est, à cet égard, difficile de penser par exemple que Nando Bodha ait soudainement pu “décadenasser” sa réflexion pour aller découvrir qu’il faut un grand regroupement de l’opposition qui comprenne le MSM qu’il a récemment accusé « dégage une odeur de mort » en référence à l’affaire Kistnen ! Et on s’étonne que les jeunes soient de moins en moins intéressés par la politique !
Pas sûr, non plus, que ceux qui avaient cru pouvoir capitaliser sur le rejet de la retraite à 65 ans en instrumentalisant la grève de la faim d’un transfuge qui tenait fièrement son drapeau orange aux dernières élections aient eu quelque incidence sur l’opinion des gens ou que cela ait changé leur vues sur l’énorme pouvoir de contorsionniste de certains politiques.
Parce que, si demain les Mauriciens commençaient par leur demander pour quelles raisons ils n’ont pas bougé le plus petit doigt ou observé une grève de la nourriture d’un jour sur les “moustass leaks” au contenu explosif, sur les atteintes répétées à la démocratie ou pour faire partir Sooroojdev Phokeer, ils seraient en peine de réponses crédibles.
Pas certain du tout que les grands spécialistes de la marche qui ont profité du débat sur la pension ou en remettant sur le tapis le recensement ethnique après avoir fièrement porté les couleurs de la casaque “argent” de Jean Michel Lee Shim aient réussi à se refaire une virginité.
La sortie de ceux qu’un ancien dirigeant politique décrivait, avec son sens particulier des formules, de “tang” a été spectaculaire autour de la pension. Ils sont tous venus dire leur opposition sans jamais proposer comment pérenniser la viabilité d’un système qui a été perverti à coups d’annonces électoralistes.
Si les problèmes ne peuvent être indéfiniment occultés et qu’il est du devoir des médias et des associations syndicales et sociales de les identifier pour faire bouger les autorités, le fait est que l’on peut souvent passer à côté d’événements qui changent notre quotidien et qui sont parfois même très réjouissants.
Les décisions de dernier Conseil des ministres de vendredi sont, à cet effet, éloquentes. L’Attorney General qui, décidément, ne chôme pas, va proposer des procédures plus simplifiées et comprises de tous pour les appels de décisions des diverses instances du judiciaire.
Pour rester dans le même registre, la liste des infractions qui seront désormais sanctionnées par le Fixed Penalty Notice System sera étendue dès le 1er septembre. On y découvre les délits routiers mais aussi et enfin l’application d’amendes fixes pour les marchands illégaux qui envahissent les rues et les réserves, qui déversent leurs eux usées venant de chez eux sur la place publique et qui étalent leurs marchandises sur la rue et les trottoirs.
Il est heureux que pendant que l’on se focalise sur les pensions, le PM et ses ministres ne se laissent pas distraire et qu’ils continuent d’avancer sur certains dossiers, comme le témoigne le dernier communiqué du Conseil des ministres.
Les uns diront qu’il ne s’est rien passé depuis les dernières élections, pendant qu’un autre lancera que cela ne va pas aussi vite que souhaité et espéré, mais il est déjà salutaire que l’Assemblée Nationale ait travaillé de manière pratiquement ininterrompue depuis janvier. On pourrait aussi parler de la MBC où souffle indéniablement un petit vent de changement et dire que les réseaux sociaux sont rarement une référence lorsqu’il s’agit de tester la vérité.
Il y a aussi la grande fête de la jeunesse qui s’est terminée ce week-end. Les jeux inter-collèges ont rassemblé des dizaines de milliers de collégiens de tous horizons dans la compétition, sportive, certes, mais ils ont aussi été l’occasion de les rassembler dans la joie et la bonne humeur à un moment où la drogue fait tant de ravages dans cette catégorie d’âge.
Bravo aux ministres de l’Éducation et du Sport et à tous ceux qui ont rendu possible la tenue de cet événement aboli pour des raisons restées totalement obscures jusqu’ici. Le succès était indéniablement au rendez-vous et l’engouement pour la reprise de ces rencontres sportives entre les athlètes de tous les collèges en était la démonstration la plus éclatante.
La fête n’était pas que dans les stades, mais aussi dans les gradins où les jeunes ont assuré l’ambiance avec beaucoup d’imagination en défendant les couleurs de leur institution. Il n’y a que dans le sport et la compétition saine que des élèves d’institutions très différentes les unes des autres peuvent se battre pour le trophée, mais aussi échanger. Ce n’est pas tous les jours que des élèves du Bocage croisent ceux de Le Chou, un collège de Rodrigues.
Ce qui est aussi crucial avec cette compétition sportive qui rassemble la jeunesse, c’est qu’elle permet d’identifier les champions de demain et à mieux les préparer aux grands défis régionaux et internationaux. Qui sait quel est le destin qui attend une Liza Désiré, figure déjà imposante par la taille et le talent à seulement 15 ans, un Terence Augustin ou une Jhanvi Gooljar ?
La jeunesse a montré qu’elle savait être à la hauteur d’un rendez-vous sportif et festif. Un peu de liesse dans la sinistrose ambiante, quelle bonne nouvelle ! Pour rester dans le même esprit, pourquoi ne pas aussi relancer le Youth Jump Around Concert autour des célébrations de l’Indépendance et de la République ? Question de dénicher d’autres talents et de les accompagner.
Josie Lebrasse
