Gestion de nos déchets : Existe-t-il un potentiel économique épousant l’intérêt environnemental ?

S’il est triste de constater que ce sont des incidents tels que l’incendie de Mare-Chicose qui viennent nous réveiller et relancer les réflexions en vue d’actions urgentes et plus concrètes sur le long terme – espérons-le cette fois – nous ne pouvons que nous en prendre à nous-mêmes. Les autorités pour leur manque de décisions politiques, la société qui encourage la surconsommation et ceux de nos citoyens ne sachant utiliser les poubelles. Quelle gestion pour les déchets enfouis sur un unique site depuis longtemps saturé ? Peut-on y trouver un potentiel économique épousant à la fois la protection de l’environnement ?

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Pour Sunil Dowarkasing, consultant en environnement, la solution ultime et durable dont le pays a besoin est bien le tri de déchets, le recyclage et le compostage. S’il s’affirme comme écologiste, il dit être aussi réaliste face à cette situation urgente, martelant que le projet de tri des ordures ne pourra se matérialiser avant cinq ans. D’où sa proposition d’un incinérateur comme solution transitoire. « Le chaos, c’est de continuer l’enfouissement sur un site déjà saturé.

L’urgence de la situation appelle à une solution de transition », dit-il. Le consultant met en relief la valeur extraordinaire des déchets. « 70-75% de nos déchets sont organiques et peuvent être convertis en compost qui peut être utilisé comme fertilisant. On peut donc le commercialiser. En outre, il y a le papier, le carton et le plastique qui sont recyclables et qui ont un prix ! »

Amit Bakhirta, analyste financier et Chief Executive Officer (CEO) d’Anneau, trouve-lui, que les politiques publiques et le cadre réglementaire devraient rendre obligatoire la séparation des déchets ménagers et industriels dans sa chaîne complète. « Cela devrait être suivi d’un processus de collecte, de traitement, de recyclage et d’incinération. » Il regrette que des citoyens utilisent encore la route comme une poubelle. Il s’agit, estime-t-il, d’« un problème socioculturel majeur qui doit être résolu par des campagnes nationales massives pour un changement de mentalité collectif ». Il prône des décharges modernes avec des logiciels technologiquement avancés et des robots recycleurs pour une activité susceptible d’être lucrative. Il souligne, par ailleurs, que « compte tenu de l’importance du tourisme dans nos économies formelles et parallèles, l’image de marque écologique de Maurice est et sera un déterminant très fort pour les futures générations de touristes ».

Takesh Luckho, économiste, tire la sonnette d’alarme, rappelant qu’année après année, le volume de déchets augmente, faisant de Mare-Chicose une Hazardous Zone. « Si on continue comme on le fait actuellement, la gestion des déchets deviendra insoutenable. »

Il est d’avis que si Maurice devient une île verte, il y aura un potentiel économique qu’on pourra exploiter. « Néanmoins, cela prendra du temps car il faudra des investissements, que ce soit de la part du secteur public ou du secteur privé. Nius pouvons exploiter la transformation des déchets en compost. » S’il n’y voit pas un secteur clé pour demain, « nous pouvons envisager un secteur annexe et si nous voyons une porte qui nous mène vers des opportunités de transformer des By-Products en Main Products, à ce moment-là le secteur pourra-t-il créer de la valeur ajoutée pour l’économie ».


SUNIL DOWARKASING (CONSULTANT EN ENVIRONNEMENT) : « L’urgence de la situation appelle à une solution de transition »

501 167 tonnes de déchets solides ont été enfouies à Mare-Chicose en 2021. L’incendie sur l’unique site d’enfouissement de l’île parvenu à saturation vient rappeler l’urgence qu’il y a à trouver des solutions à la gestion des déchets à Maurice. Comment repenser cette gestion ?
Il est bon de faire l’historique de Mare-Chicose qui a été, dès le départ, un choix au détriment de la population. À l’époque, deux sites étaient en vue pour enfouir les déchets : Mare-d’Australia et Mare-Chicose. Tous les déchets de l’île allaient être répartis sur deux sites. Par forte pression politique toutefois, Mare-d’Australia a été abandonné et nous nous sommes retrouvés avec Mare-Chicose uniquement, recevant tous les déchets du pays.
Mare Chicose était un site devant recevoir en moyenne 400 tonnes de déchets par jour. Or, aujourd’hui, Mare Chicose se retrouve avec 1 200 tonnes de déchets par jour, soit trois fois sa capacité. En 2012 déjà, le site était saturé. Il y a eu une extension de six à huit cellules. Ces huit cellules sont saturées. En 2020, un appel d’offres a été lancé pour une vertical extension qui n’est, pour moi, pas une pratique très élégante. Depuis dix ans, le volume des déchets à Maurice va croissant. Nous avons atteint 540 000 tonnes par an, ce qui est énorme pour une population de 1,3 million.

Quelle solution entrevoyez-vous à ce stade ?
Il y a dix ans déjà, quand j’étais à la Commission île Maurice Durable, j’avais tiré la sonnette d’alarme pour dire qu’il était grand temps que nous pensons à la gestion des déchets. La commission avait distribué 123 000 Household Composting Bins pour commencer à initier les ménages au tri des déchets verts, organiques et solides.

Que faire maintenant ?
70-75% des déchets que nous produisons à Maurice sont de nature organique. Le tri de déchets donc, le recyclage et le compostage sont la solution ultime et durable dont Maurice a besoin.
Néanmoins, pour mettre tout cela en place, il faut un plan d’ensemble et des logistiques. On ne peut se contenter de balancer le terme économie circulaire sans avoir un plan concret. Combien de temps cela prendra-t-il? Comment s’y prendre pour éduquer la population ?
À Maurice, nous avons des poubelles mais les gens préfèrent jeter leurs déchets à côté ! Du moment où ce n’est pas dans son jardin, il s’en fiche. Il y a toute une mentalité à combattre. Cela prendra du temps. L’ultime solution pour moi, c’est de convertir nos déchets verts. Avec la commission MID, nous avions commencé deux projets pilotes avec la mairie de Vacoas/Phoenix et le conseil de district de Grand-Port pour le composting des déchets du marché. Avec le compost, encore faudra-t-il trouver un marché pour le vendre. Maurice dépend grandement de produits chimiques pour la culture de légumes et autres.

Vu que le pays a importé 35 395 tonnes de fertilisants et 2 455 tonnes de pesticides en 2021, il serait donc intéressant de produire des fertilisants biodégradables à partir des déchets ?
Tout à fait. Maurice est parmi les pays utilisant le plus de pesticides au monde. Il ne faut pas oublier le nombre de cas de cancer et de maladies non-transmissibles qui tuent 97% des Mauriciens… Nous devons trouver des solutions. Si nious cherchions la source des cas de cancer et autres, nous verrions certainement un lien avec les aliments hautement toxiques qu’on consomme. Ce projet de tri et de recyclage aurait dû démarrer il y a cinq ans, voire plus longtemps sur une base pilote avant de l’étendre dans tout le pays. Il s’agit là de la solution à long terme.

Quelle solution dans l’immédiat ?
Personne n’accepterait un deuxième site d’enfouissement, sachant ce que Mare-Chicose représente : la délocalisation de tout un village, un autre drame écologique après le Wakashio, la corruption – la commission d’enquête sur le scandale de Stam dont le rapport n’a jamais été rendu public.
Venir aujourd’hui nous dire que la qualité de l’air à Mare-Chicose est correcte… En temps normal, les habitants subissaient de gros problèmes de santé. Faut-il rappeler qu’une grande partie des déchets médicaux du pays finissent à Mare-Chicose ?
Pour le court terme donc, ce que je dirai choquera peut-être. Je suis écologiste mais réaliste. Le temps que le tri des ordures se mette en place – la logistique prendra quatre à cinq ans – le gouvernement doit, pour moi, investir dans un incinérateur, soit un Waste to Energy Project. Ce sera un projet transitoire le temps qu’on mette en place le système de tri, de recyclage et compostage.
L’idéal, certes, est d’aller vers le tri, le recyclage et le compostage mais nous faisons face à une urgence. Entre une situation chaotique et une autre moins chaotique, que choisir ? Le chaos, c’est de continuer l’enfouissement sur un site déjà saturé. L’urgence de la situation appelle à une solution de transition.
Ce Waste to Energy Projet doit être mené par l’Etat parce qu’en temps voulu, quand nous aurons mis en place tout le système d’économie circulaire, le gouvernement pourra fermer l’incinérateur. Or, un particulier n’arrêtera jamais le projet, préférant faire du profit. À moins que nous élaborons une autre solution comme l’exportation de nos ordures comme le font d’autres pays.

Y a-t-il un potentiel économique dans la gestion des déchets ?
C’est sûr qu’aujourd’hui les déchets ont une valeur extraordinaire. 70-75% de nos déchets sont organiques et peuvent être convertis en compost qui peut être utilisé comme fertilisant. Nous pouvons donc le commercialiser. En outre, il y a le papier, le carton et le plastique qui sont recyclables et qui ont un prix ! Le plastique se vend à Rs 8/kilo. Les Pet Bottles se vendent plus cher. Le Waste Pattern va changer avec l’émergence de la technologie.

Le recyclage est une industrie qui se développe. Le gouvernement a commencé à encourager le recyclage. Si dans les bureaux publics, le Procurement ne rend pas obligatoire l’utilisation de papiers recyclables, nous ne trouverons pas un marché pour le papier recyclé. Même les Fabric Wastes sont vendus aujourd’hui. Tout se vend, mais il faut commencer par éduquer la population pour qu’elle consomme moins. De 80 000 articles autrefois sur nos rayons, nous avons aujourd’hui 12 milliards d’articles… En Europe, cette éducation a commencé il y a 20 ans.

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AMIT BAKHIRTA (ANALYSTE D’INVESTISSEMENT) : « L’image écologique, un déterminant fort pour notre tourisme »

501 167 tonnes de déchets solides ont été enfouies à Mare-Chicose en 2021. L’incendie sur ce site d’enfouissement parvenu à saturation vient rappeler l’urgence qu’il y a à trouver des solutions à la gestion des déchets à Maurice. Qu’est-ce qui pose problème aujourd’hui ?
Ce chiffre est nettement supérieur à notre production sucrière à Maurice si l’on se base sur des observations empiriques ! Les politiques publiques, le cadre réglementaire et l’état d’esprit socioculturel semblent toutefois afficher des points d’amélioration.
La gestion de déchets – solides et non solides – y compris le changement climatique, découle généralement d’une approche descendante, c’est-à-dire, une approche allant de l’élaboration de politiques publiques vers un cadre régulateur ciblant les utilisateurs.
Nous notons malheureusement que certaines personnes utilisent encore la route comme poubelle, et pas que pour un morceau de papier, de surcroît, sans impunité. C’est de toute évidence un problème socioculturel majeur qui doit être résolu par des campagnes nationales massives pour un changement de mentalité collectif. Un tel changement prend du temps car tout commence avec les jeunes enfants et se termine avec les personnes âgées. Plus l’état d’esprit et les habitudes des gens changent, plus les politiques publiques s’aligneront invariablement, dans la durée.

Du point de vue de l’élaboration des politiques publiques, beaucoup de choses peuvent être améliorées, mais une amélioration du cadre politique sans augmentation correspondante dans le budget ainsi qu’une campagne de permutation de mentalité socioculturelle sera vaine.

Quelles solutions y voyez-vous ?
Les politiques publiques et le cadre réglementaire devraient rendre obligatoire la séparation des déchets ménagers et industriels dans sa chaîne complète. Cela devrait être suivi d’un processus de collecte, de traitement, de recyclage et d’incinération. Or, tout est dans le même bac aujourd’hui.
L’efficacité du modèle d’économie climatique circulaire est envisageable. Un modèle de conversion des déchets en électricité/biogaz, etc. dans des décharges modernes ; des logiciels technologiquement avancés de gestion des déchets améliorés par l’intelligence artificielle et les écosystèmes de gestion des déchets de l’internet des objets (améliorer le tri et minimiser les interventions humaines pour optimiser les processus et éliminer les risques sanitaires) ; des robots recycleurs ; un processus de gestion des déchets vers les matières premières (recyclages) ainsi que des camions autonomes et des poubelles robotisées sont autant de systèmes modernes et efficaces qui peuvent être mis en œuvre assez facilement à Maurice.

Y a-t-il un potentiel économique dans la gestion des déchets à Maurice ?
Invariablement, oui. Dans toute civilisation, depuis la nuit des temps, la gestion des déchets a et aura toujours un sens économique, surtout compte tenu de nos besoins croissants en acteurs de l’industrie de la gestion plus efficace et technologiquement avancée des déchets. Cela devrait naturellement être une activité lucrative.

La production de fertilisants biodégradables constitue-t-elle une des solutions ?
Oui, en effet, entre autres. Cela devrait également être fait d’une manière technologiquement avancée et respectueuse de l’environnement.

Que pensez-vous d’un Waste Incinerator qui pourrait tout à la fois produire de l’électricité ?
C’est une bonne idée qui marche déjà mais pas uniquement. En effet, au sein de l’écosystème plus large de la gestion des déchets, tout aussi importants sont la politique publique et l’état civique des utilisateurs. Sinon, nous ne résoudrons pas les problèmes réels de manière durable.

À l’échelle individuelle, comment mieux exploiter ses déchets ?
Déjà, un changement dans notre culture de consommation est important. Nous devons réaliser que le monde capitaliste d’aujourd’hui est tel que l’humanité est constamment bombardée par le besoin de consommer au-delà de ce qui est essentiel à la vie, d’où l’augmentation exponentielle des déchets.

Ainsi, réduire la consommation et adopter une approche un peu minimaliste de notre comportement de consommation aidera à la base. Par la suite, consommer plus de produits recyclables est préconisé. Séparer nos déchets en matériaux biologiques, plastiques, etc. devrait aider mais encore une fois, quand le ramasseur de déchets jette tout dans une même benne à ordures, cela est contre-productif.
Toute la chaîne doit ainsi être revue d’un point de vue réglementaire et du point de vue de l’utilisateur final pour assurer un véritable modèle économique circulaire : de la poubelle à la matière première.

Du point de vue des ménages individuels, plutôt que d’adopter uniquement un comportement de consommation minimaliste, ségréguer et trier, il est plus important que nous exigions un changement structurel et socioculturel plus durable de la part des décideurs politiques mais aussi des entreprises productrices et fabricants de nos consommables.

Le mot de la fin…
Compte tenu de l’importance du tourisme dans nos économies formelles et parallèles, l’image de marque écologique de Maurice est et sera un déterminant très fort pour les futures générations de touristes.

Par conséquent, une île Maurice propre, circulaire et durable est une condition sine qua non pour nos générations futures. Ainsi, adoptons une approche à long terme dans la gestion des déchets à Maurice et commençons par réformer les politiques publiques, y compris le cadre réglementaire et notre état d’esprit socioculturel et de consommation, qui à leur tour déclencheront des changements à long terme plus durables dans notre biosphère.
Il n’y a qu’une seule planète Terre et pendant que nous y sommes, prenons soin d’elle, comme elle prend soin de nous. Souvenons-nous que nous sommes poussière et que nous retournerons en poussière.

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TAKESH LUCKHO (ÉCONOMISTE) : « Des déchets à valeur ajoutée pour l’économie »

501 167 tonnes de déchets solides ont été enfouies à Mare Chicose en 2021. L’incendie sur ce site d’enfouissement parvenu à saturation vient rappeler l’urgence qu’il y a à trouver des solutions à la gestion des déchets à Maurice. Qu’est-ce qui pose problème aujourd’hui ?

À Maurice, il y a un problème culturel qui demande un changement de mentalité. Ce sont les ménages et la restauration qui produisent plus de déchets. Or, nous n’avons pas encore chez nous le concept de Zero Waste ou Minimal Waste.
À l’étranger, c’est un esprit qui est ancré dans la chaîne de production. Il y a des prix pour ceux qui vont aux restaurants qui misent sur le concept de zéro déchet, faisant de sorte que tout produit périssable soit réutilisé au maximum.

Ici, nous avons tendance à jeter les pelures de fruits et de légumes, etc. Ce ne sont pas tant les produits périssables qui posent problème mais plutôt les produits en plastique comme les bouteilles mais aussi d’autres objets solides comme de vieux lits par exemple dont nous nous débarrassons sans que nous leur redonnions une deuxième vie.
Le transport des déchets vers Mare-Chicose coûte Rs 1,5 milliard par an, ce qui est énorme. Or, les bouteilles en plastique pourraient être fondues pour faire autre chose. Cela réduirait le volume de déchets par an.

Il n’y a pas de tri de déchets qui se fait à la source comme à Mare-Chicose. L’incendie actuel pose problème dans le sens où se trouvent aussi des produits électriques avec des piles, entre autres, ce qui est dangereux pour les habitants et pour l’environnement.

Quelles solutions y voyez-vous ?
Il faut commencer par inculquer une nouvelle culture de gestion des déchets. Si nous continuons comme nous le faisons actuellement, la gestion des déchets deviendra insoutenable. Il faut ensuite introduire un système de tri et de recyclage. C’est la direction que prennent les pays développés. D’année en année, le volume de déchets augmente et Mare-Chicose est devenu une Hazardous Zone. Il faut inculquer les bonnes habitudes aux enfants à l’école.

Si les particuliers ne le font pas, peut-être peut-on effectuer le tri au centre d’enfouissement. Nous pouvons mettre sur pied un nouveau centre à la pointe de la technologie avec un système automatisé pour trier plastiques, papier etc.
Nous avons parlé d’économie circulaire depuis 2017 mais nous sommes est très loin d’atteindre les objectifs. Un des objectifs de développement durable de 2030 est l’accès de tous à des énergies fiables, durables et modernes, à un coût abordable.

Que pensez-vous d’un Waste Incinerator qui pourrait tout à la fois produire de l’électricité ?
Nous avions émis cette idée mais cela n’a pas abouti pour des raisons écologiques. Brûler des déchets dans un incinérateur, sans tri, causera un problème environnemental avec de la fumée. Cela résultera en une forme de déchet potentiellement toxique.
Les associations en faveur de la protection de l’environnement étaient contre ce projet. Mais il peut y avoir une valeur économique ajoutée. Il y a de nouvelles technologies plus Energy Saving et Pollution Friendly. Si nous devions réaliser le projet d’incinérateur, nous pourrions aller vers les technologies plus Environmental Friendly pour moins de déchets, moins de pollution et un meilleur système de gestion.

Qu’en est-il de la production de fertilisants biodégradables, compte tenu du fait qu’on a importé 35 395 tonnes de fertilisants et 2 455 tonnes de pesticides en 2021 ?
Pour l’heure, nous n’avons pas la connaissance et l’expérience en la matière pour une production à grande échelle. Toutefois, à petite échelle, pourquoi pas ? Nous pouvons essayer de le faire au niveau des foyers ou au niveau communautaire et si nous trouvons qu’il y a un marché pour l’exportation, pourquoi pas ? Le gouvernement a voté un budget pour la transformation de fruits et légumes comme les pommes d’amour en vue de l’autosuffisance en période de pénurie. La transformation de ces produits générera beaucoup de déchets qu’on pourra utiliser comme compost. Nous pouvons exploiter ce secteur s’il y a une demande.

Existe-t-il donc un potentiel économique dans la gestion des déchets à Maurice ?
Si Maurice devient une île verte comme nous l’espérons, oui, il y aura un potentiel économique que nous pourrons exploiter. Néanmoins, cela prendre du temps car il faudra des investissements, que ce soit de la part du secteur public ou du secteur privé. Il est possible de privatiser une partie de la déchetterie mais est-ce que les citoyens seront prêts à payer pour un service de déchetterie plus sophistiqué ? Je ne crois car ils sont habitués à un système public gratuit. Cela demandera donc un grand investissement de l’Etat pour rénover complètement le système. Il convient de réfléchir.

Plus de 500 000 tonnes de déchets par an, c’est vraiment beaucoup et ce chiffre ne fera que croître. S’il y a eu une légère baisse dernièrement, ce n’est pas que le volume de déchets a diminué mais c’est parce qu’il y avait le confinement et les touristes ne venaient pas ; les hôtels et restaurants ne travaillaient pas comme d’habitude. Avec l’ambition du pays d’attirer davantage de touristes, ce chiffre est appelé à grossir. Il convient donc de réfléchir à un système plus moderne et plus vert. Le pays s’est engagé à atteindre ces objectifs d’ici 2030. Même si, selon moi, nous ne pouvons atteindre tous les objectifs, ce sera une bonne avancée vers ces critères.

Le mot de la fin…
Ce n’est pas du jour au lendemain que cela deviendra un secteur clé mais on peut envisager un secteur annexe et si nous voyons une porte qui nous mène vers des opportunités de transformer des By-Products en Main Products, à ce moment-là le secteur prendra-t-il de l’ampleur tout en créant de la valeur ajoutée pour l’économie. Nous en avons bien besoin car nous dépendons toujours du tourisme et du secteur manufacturier. Nous peinons à trouver un secteur d’ouverture. Donc, pourquoi pas ? Si nous nous montrons en exemple, nous pourrons être un leader régional dans le domaine.

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