Zones… souffrances

Coup de projecteurs inévitable sur les travailleurs étrangers actuellement. Depuis le 8 juin, l’épidémie de Covid-19 chez nous a pris une nouvelle tournure inquiétante : la transmission ultrarapide du virus au sein des dortoirs des usines. D’abord, les employés de Princes Tuna; ensuite, ceux de Real Garments; et il y a quelques jours, ceux de la CMT. À ce jour, huit dortoirs hébergeant des travailleurs étrangers ont été placés sous « haute surveillance policière », parce que convertis… en centres de quarantaine.

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Cet élément est choquant. La décision du gouvernement de convertir ces dortoirs en centres de quarantaine est-elle justifiée ? Quand on sait, par la voix et les prises de position franches de syndicalistes comme Fayzal Ally Beegun, photos, vidéos et paroles d’employés à l’appui, que bon nombre de ces dortoirs sont, comme il les a justement qualifiés, des « poulaillers humains ». À ce jour, ils n’ont été que trois à dénoncer cette décision : F. A. Beegun, la Confédération des travailleurs du secteur privé, par la voix de son président, Reeaz Chuttoo, et l’ancien directeur de la Santé, le Dr Vasantrao Gujadhur.

Du côté des parlementaires ? Rien. Aucun mot. Aucune question à l’agenda des travaux parlementaires. Ni lors des conférences de presse des partis de l’opposition. Et pourtant, ne s’agit-il pas d’une “workforce” conséquente ? Selon des chiffres glanés auprès des syndicalistes, la zone franche locale emploie actuellement 60 000 personnes de diverses origines. Elles viennent de l’Inde, du Bangladesh, du Népal, de Chine, du Sri Lanka et de Madagascar, principalement.

Depuis la détection des premiers cas dans le dortoir sis à l’Amitié, de Princes Tuna, début juin, et la décision de transformer leurs dortoirs en centres de quarantaine, les services de la Santé recensent, au quotidien, en moyenne 30 à 50 cas positifs dans ces lieux. La semaine dernière, l’on a eu carrément 100 cas en 24 heures, et cette semaine, 305 !

Faut-il une preuve supplémentaire qu’enfermer ces pauvres âmes, même vaccinées, ensemble dans des espaces déjà contaminés ne sert qu’à faire proliférer ce fichu virus ? Ces risques, surcontamination causée par des conditions exécrables d’enfermement et de manque d’aération, surtout, ont été évoqués à maintes reprises et dans quasiment tous les médias locaux par les deux syndicalistes et le médecin précités. Malgré cela, les super-cerveaux qui sont aux fourneaux à l’hôtel du gouvernement n’en ont rien à cirer et ont maintenu, dur comme fer, leur politique empestant l’illogique ! Offrant au virus (ou à un de ses variants ?) l’occasion de s’amuser follement…

Qu’en est-il des employés locaux qui ont été infectés, puisqu’ils partagent tous les mêmes lieux de travail ? On n’en sait pas grand-chose. Certains auraient été transférés dans des centres de traitement. En revanche, les travailleurs étrangers, eux, sont contraints de « survivre »… N’y a-t-il pas là atteinte aux droits humains de ces pauvres âmes ?

Doit-on rappeler que les travailleurs étrangers ne sont pas venus travailler chez nous par plaisir, mais par contrainte ? Parce que pauvres, parce que dans leurs pays respectifs ils n’ont pas de boulot, parce qu’ils ont des familles à nourrir et qu’ils sont prêts à consentir à des sacrifices pour cela. Et aussi, dans bien des cas, parce que des Mauriciens ont refusé ces emplois. Pourquoi leur infliger un traitement aussi inhumain alors ? Parce qu’ils sont étrangers ?

Nombre de Mauriciens nourrissent une foule de préjugés et de clichés à l’égard de cette frange importante de notre “workforce”. Il est grand temps de changer d’attitude et de comportement. Ce sont des pères et mères de famille, comme nous, mais qui ont moins de chance que nous. Et il est grand temps que ce gouvernement arrête de les prendre pour acquis, en faisant voter certains aux élections nationales, payant d’autres pour grossir les rangs des manifestations… Mais abdiquant quand il s’agit de leur santé !

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