Zot koumsa mem sa !

Ce n’est pas parce que le cauchemar dure depuis trois ans et qu’il devient de plus en plus morbide qu’il faut le banaliser. On ne le répétera jamais assez : il ne faut surtout pas s’habituer aux dérives, aux excès en tous genres, à la corruption, à des conduites immorales, à l’absence d’éthique, à l’empiétement de la démocratie, au favoritisme, au clientélisme basé sur un sectarisme primaire et à la perversion des institutions, à commencer par l’Assemblée Nationale.

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Face à tout ce qui est décrit plus haut et qui caractérise parfaitement le régime que le MSM a installé dans le pays, ils sont quelques uns à soupirer, dépités, “Zot koumsa mem sa !” Or, il ne faut surtout pas se résigner et tout accepter parce que ceux qui ont introduit ce système asphyxiant et qui s’emploient chaque jour à le perfectionner se frotteront les mains. Ils diront qu’ils ont gagné et qu’ils peuvent continuer leur entreprise de démolition.

À l’Assemblée Nationale, on pense toujours avoir déjà tout vu. Non, le Premier ministre et ses “taper latab” se constituent, à chaque séance, en gang, pour faire de l’institution une horrible caricature. La séance de mardi dernier était particulièrement éloquente de ce qu’un PM peut faire et jusqu’où il peut aller dans la bassesse et la petitesse, pour essayer de se défendre.

Lui qui s’offusque de la moindre référence à son épouse ne sait faire que dans des insultes gratuites, des allusions perfides, des jokes douteux et une façon de s’en prendre aux femmes, qui mérite, au mieux, une psychanalyse et, au pire, une prescription urgente, lui qui suggère à Xavier Duval d’aller prendre du Xanax.

Le tort du leader de l’opposition, c’est d’être intervenu pour contester à Pravind Jugnauth le droit qu’il s’est arrogé de balancer, suite à des questions supplémentaires plantées remontant jusqu’à 2010, moult détails et même l’adresse de la dame qui a abandonné son bébé à l’hôpital Jeetoo.

S’il ne faut, certes, pas encourager la défaillance et l’irresponsabilité parentales, il faut aussi se dire qu’il y a des accidentés de la vie qui méritent accompagnement, soutien et compassion. Il y a des victimes de la pauvreté qui tombent dans toutes sortes de pièges qui les entraînent dans des spirales infernales.

On ne peut pas, le jour où l’on débat de la réhabilitation des consommateurs de drogue, venir faire le procès d’une dame dont on ne connaît rien de la réalité quotidienne qui doit probablement être éprouvante.

Lors de son “discours” – les guillemets sont indispensables parce que ce n’est pas ainsi que l’on peut désigner une allocution qui ne serait pas acceptable, même sur une caisse de savon –, le PM s’est livré à une exposition de photos de Navin Ramgoolam, ainsi que de Stéphanie Anquetil en compagnie de Bruneau Laurette, sans savoir que cela pouvait lui revenir comme un boomerang en pleine face.

Dans le cas de la députée travailliste, Pravind Jugnauth, dans un registre de goujateries inégalées, a joué sur les mots en évoquant sa supposée “proximité” avec Bruneau Laurette. Mais c’est la photo de sa députée Subashnee Luchmun-Roy, enveloppant l’activiste déguisé en père Noël de toute son envergure, qui illustre une vraie proximité.
Au petit jeu des photos, ça peut tourner à l’auto-but. Imaginons qu’à la prochaine séance parlementaire, des députés du PTr et d’autres s’amusant à coller sur leur vestes, tels des hommes-sandwiches, des reproductions de photos de Bruneau Laurette en compagnie de Subashnee Luchmun-Roy, Joe Lesjongard et Kavi Ramano, l’activiste ayant évolué dans le giron du MSM durant la campagne électorale de 2019.

C’est son sens de l’humour très particulier qui l’a, sans doute aussi, poussé à faire de l’esprit sur le nom de Cindy Legallant en parlant de “femme très galante”. C’est quoi, cette muflerie? Il y a des personnes très respectables qui portent le même patronyme, comme les poètes André et Georges Legallant.

Ceux qui lui fournissent des notes et qui lui écrivent ses “discours” doivent, comme lui, souffrir d’un complexe qui les empêche de parler des femmes, sans avoir à rajouter quelques grivoiseries déplacées.

Inutile de demander à la ministre Kalpana Koonjoo-Shah et à ces autres femmes députées du MSM d’intervenir. Elles sont les premières à ricaner lorsque leur patron fait le pitre. Elles étaient impassibles lorsque leur leader divulguait, avec délectation dans l’hémicycle, une supposée conversation que Veena Ramgoolam aurait eue avec lui autour de la maladie de son époux.

Et dès que quelqu’un critique la manière dont l’Assemblée Nationale a été pervertie et transformée en une extension du Sun Trust, le seul argument qui sort est que Navin Ramgoolam avait, en 2014, fermé le “temple de la démocratie” pendant huit mois.
Bien sûr que cette entorse à la démocratie était malvenue et fortement critiquable mais, au moins, lui et son partenaire d’alors, le MMM, avaient trouvé le temps de modifier la constitution pour permettre que ceux qui refusaient d’être dans des petites cases communales et qui se disent Mauriciens, avant tout, puissent se porter candidats.
Même s’il s’est lui-même prévalu de cette disposition temporaire pour ne pas décliner sa communauté aux élections de 2014, il n’a pas trouvé ni le temps ni la nécessité d’introduire de nouvelles dispositions pour permettre aux candidats qui le souhaitent de faire l’impasse sur la déclaration communale aux élections de 2019.

Bilan du MSM au Parlement : zéro texte tranchant, aucune avancée démocratique, bien au contraire. Lorsqu’on ajoute les renvois successifs des municipales, l’IBA Act, l’Immigration Act et une CSG tombée de nulle part, cela fait beaucoup.

Et lorsqu’on additionne aussi les suspensions arbitraires et systématiques, les expulsions abusives et sans aucun fondement, les mardis chômés au moindre prétexte pour ne pas affronter le Question Time, il ne restera, après les photos intimes prises dans l’enceinte du Parlement, lors d’une précédente mandature, que les jurons proférés en pleine séance. C’est ça leur vrai niveau : le caniveau !

JOSIE LEBRASSE

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