LA MAISON LIONNET & FAUZOU : La jeune couture mauricienne et ses défis

La maison de haute couture Lionnet & Fauzou se construit. Elle s’adresse autant au regard qu’au toucher. L’enjeu marchand et la professionnalisation que visent nos jeunes créateurs n’excluent pas la liberté novatrice. Lancer une maison de mode, c’est un vrai défi à Maurice. Il ne suffit pas  de réunir une autodidacte et femme-entrepreneur, dont le mérite revient en partie à sa mère Véronique Lionnet (issue du vestiaire chic de la Maison Pierre Laurent à Curepipe, et devenue styliste et couturière demandée par une clientèle locale et internationale) et un créateur talentueux qui, lui, construit son propre scénario sans se soucier de ce que font ses confrères. Anaïs Lionnet, 22 ans et Fabien Fauzou, 21 ans possèdent des qualités indéniables, mais comme la plupart des jeunes stylistes mauriciens, ils ont encore du chemin à faire pour pénétrer le marché international de la mode, et encore plus chez eux, même s’ils travaillent pour des noms reconnus. Dans quelques semaines, Anaïs et Fabien mettront cap sur Paris. Invités par le designer mauricien Perry Ah Why, installé à Paris, nos deux stylistes tenteront de séduire les amateurs étrangers pour tenter de conquérir une part de ce marché mondial et espérer se faire reconnaître par leurs compatriotes.
Malgré la longue route qui mène au podium, Lionnet & Fauzou est une marque déposée depuis 2011. Anaïs et Fabien, jeunes espoirs de la haute couture mauricienne, ont fait face aux problèmes d’une “industrie locale de la mode” naissante : problèmes de distribution, manque de budget de promotion et de médiatisation. Ces jeunes stylistes ont pourtant percé et assuré la transmission entre la Maison Lionnet et Lionnet & Fauzou. Si les jeunes créateurs se sont récemment installés dans une maison/entrepôt à Roches-Brunes (un lieu magique au service de sublimes créations), il ne faut pas oublier que derrière, il y a la mère et la conseillère Véronique Lionnet, posée et bien dans ses vêtements comme avec sa clientèle. Elle recevait déjà de nombreuses commandes en 1986 lorsqu’elle se lança à son compte, et lorsqu’elle eut l’idée de rester fi dèle à son goût pour l’élégance british (elle qui a appris chez le couturier Pierre Laurent le style tiré à quatre épingles et le travail des tissus en majesté). L’espace secret qui abrite ses réalisations est vibrant de chromatismes irisés, de tons chauds, mélanges de l’Orient et de l’Afrique. Les jaquettes-boléros côtoient les dentelles, appliquées sur des robes luxurieuses, sensuelles parce que Véronique Lionnet prend en compte tout ce qui fait notre société multiculturelle. Aujourd’hui Lionnet & Fauzou décline toutes ces tonalités et la transmission est assurée.
La Maison Lionnet & Fauzou a pour égérie Vanessa, avec qui les jeunes Anaïs et Fabien écrivent des textes visuels, des images habitées, des univers marins. Chaque jeune créateur dessine les grandes lignes de son imaginaire. Anaïs aime le multiracial et l’universalité. Chez Fabien, l’art du vêtement se décline dans une révélation secrète du corps. Au fi nal, le style Lionnet & Fauzou, c’est quoi ? D’abord le souci des belles matières (soie, jacquard ou matériaux synthétiques ennoblis – lycra, stretch). Les tissus sont nacrés, imprimés, avec un luxe de refl ets. Les robes, jupes, tailleurs-pantalons donnent une aisance au mouvement corporel. Ensuite, il y a la coupe et la tension dans les lignes que l’on a pu juger dans les créations récentes et défi lés de stylistes en vue. Tout ce qui comprend notre monde insulaire parsème leurs vêtements (robe hibiscus, robes orchidées en corolles). Lionnet & Fauzou a habillé Miss England 2012 et bien d’autres personnalités. Si aujourd’hui, la maison emploie quelque six employés, Anaïs a l’ambition d’une sorte d’usine à rêves qui préserverait le savoirfaire des couturiers mauriciens, formerait les jeunes et encouragerait la création d’une véritable culture du vêtement. C’est là une certain richesse d’esprit : multiplier les idées et les solutions.

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