Alors que les villes sont prises avec la question, apparemment insoluble, du stationnement, les quartiers les plus attractifs de certains villages suscitent également une demande toujours croissante de stationnement.
Cela, en raison de la multiplication des commerces. Or, la réglementation est claire à ce sujet, pas de Building and Use Permit sans que le propriétaire d’un commerce ne s’assure qu’il dispose d’un minimum de places de parking pour sa clientèle, en fonction de la superficie de son établissement. Mais cette donne ne s’appliquerait pas toujours à tous… C’est ce que dénoncent certains habitants et visiteurs de Cap Malheureux qui pointent du doigt l’installation d’un commerce, en bordure de route, alors qu’il ne disposerait pas, à proprement parlé, de places de parking. D’où les interrogations concernant le permis d’opération de ce restaurant octroyé par le District Council de Rivière du Rempart.
Cette affaire remonte à plus d’une année et concerne un restaurant-bar, situé à la route royale Cap Malheureux, en face de la chapelle Notre-Dame Auxiliatrice. Face aux nombreuses protestations des résidents du village de Cap Malheureux, Reebourraden Permal, conseiller du village, a porté cette affaire au niveau du Conseil de District de Rivière du Rempart. Pour cause, selon les protestataires, le restaurant pointé du doigt, serait à la base d’embouteillage dans la localité, du fait que ne disposant pas de parking, les véhicules s’y rendant se garent sur la route. Sans compter que, de par son emplacement — dans un tournant –, les risques d’accident sont accentués.
Sur place, un panneau indique qu’il est interdit de se garer devant le restaurant. Seules les motos y trouvent place. Plusieurs véhicules se garent dans le tournant, ou plus loin. Les interrogations fusent quant à l’octroi d’un permis d’opération à ce commerce par le conseil de district. Selon Reebourrraden Permal, après maints questionnements lors des réunions du conseil, il a fini par apprendre qu’effectivement, l’opérateur ne disposerait pas d’aire de stationnement devant son commerce, mais disposerait de tous les documents nécessaires pour pouvoir opérer. Cela, du fait que son permis lui a été accordé suivant “a written authorisation from the Notre-Dame Auxiliatrice Chapelle, to use its yard as a parking area.”
Or, cela serait inexact, clame Reebourraden Permal, brandissant une lettre en date du 27 mars 2023 du prêtre de la paroisse, le Père Jacques Henri David, qui indique que “No Grant awarded for restaurant parking”. Le prêtre en charge fait ressortir : “Please note that no Grant has been awarded to any person or organization for the use of the church yard of Notre-Dame Auxiliatrice chapel in Cap Malheureux for restaurant parking purposes”. Ce que nous a aussi confirmé verbalement le Père David.
Alors comment le gérant de ce restaurant a-t-il obtenu son permis? Quel document a-t-il fourni au conseil de district de Rivière du Rempart pour que son Building and Use Permit lui soit accordé ? Ces questions ont été maintes fois posées par le conseiller Permal, et les réponses, dit-il, toujours renvoyées à plus tard, selon lui. Nos maintes sollicitations pour obtenir une explication auprès du Chief Executive du Conseil de district de Rivière du Rempart ont aussi été vaines. La secrétaire nous affirmant qu’il est toujours en réunion ou “on site” et n’ayant jamais retourné nos appels.
Au niveau du restaurant en question, l’on nous a soutenu que tous les documents étaient en règle. On nous a aussi laissé entendre que s’il n’y a pas de parking devant le restaurant, les clients peuvent utiliser un parking plus loin pour se garer. S’agit-il du parking de la chapelle Notre-Dame Auxiliatrice? Notre interlocuteur a répondu par la négative, nous renvoyant au parking d’un bâtiment non-utilisé plus loin. Au-devant de nos questions, les gérants du commerce ont préféré s’abstenir de commentaires, indiquant qu’ils étaient en règle avec les autorités. Ils soutiennent également qu’ils n’y a pas de problèmes de parking pour leur clientèle et encore moins d’embouteillage dans la localité en raison de leur emplacement.
Cependant, quelques habitants de la localité, forts de la lettre du prêtre de la Chapelle de Cap Malheureux, ont décidé de se tourner vers l’ICAC pour faire la lumière sur cette affaire et dénoncer également le parking sauvage devant le restaurant, qui représente un danger pour les usagers de la route.
Outre le parking, l’emplacement de ce restaurant provoque la colère d’autres habitants de la localité, notamment en raison des émissions de polluant qui les gênent. Raison pour laquelle Freddy Mootoo, dont la maison jouxte l’arrière du restaurant, a porté plainte à la police. Ce pêcheur de 64 ans indique qu’il habite sa demeure depuis plus de 50 ans et qu’il n’a jamais eu de problème avec les autres gérants de ce commerce. Cependant, depuis l’installation des nouveaux gérants, sa vie est devenu un enfer.
“Pa kapav rest dans la maison avec l’odeur manger sa restaurant là, plis tapaz ki so extracteur fer. Monn coz are zot plusieurs fois, mais zot fer pas compran. Mo pa kapav continié rest tranquil”, dit Freddy Mootoo. Il explique qu’en tant que pêcheur, il se lève très tôt chaque matin pour aller en mer et que c’est à son retour à la maison qu’il se repose. “Mais pas kapav reposer. Lestoma devirer are loder manger. Plis so tapaz extra fort zis are mo lasam, ki li la zournée, ki li asoir. Aller même ziska onze heures, minuit. Moi mo bizin lever 4h di matin. Couma mo viv?”, demande-t-il, déplorant que les conduits pour extraire les mauvaises odeurs du restaurant ont été placés directement dans sa cour et font un tapage insupportable.
Outre la police, Freddy Mootoo dit s’être aussi tourné vers les autorités sanitaires. “C’est enn vrai pollution, mais autorités pas encore faire nanien. Mo demann moi couma linn gagn permis pou opérer ? En plis li pena parking”, dit-il, appelant les autorités à réagir.