Pétards et feux d’artifice : Le retour du grand fracas des crépitements ?

Va-t-on assister au retour du grand fracas des crépitements des pétards et des feux d’artifice, lors des  fêtes de Noël et de la Saint-Sylvestre, cette année ? La question mérite qu’on s’y attarde car il est notoire que cette coutume, destinée à faire du bruit pour éloigner les « mauvais esprits », s’est amenuisée depuis l’émergence de la pandémie en 2020, les Mauriciens étant nombreux à se résigner à voir leur tradition sacrifiée sur l’autel de l’impact de la crise économique sur leur porte-monnaie.  Il ne s’agit pas de tirer de conclusions hâtives, mais à la lumière des témoignages que Week-End a recueillis aux quatre coins de l’île et auprès des grandes enseignes, il semble que les pétarades et les feux d’artifices seront plus nombreux à illuminer les rues et le ciel à partir de ce soir.

- Publicité -

Cette tradition bien ancrée dans les mœurs mauriciennes depuis des décennies en cette période de l’année est un marché lucratif pour les importateurs et les commerçants de ces produits. Sauf que compte tenu de la flambée des prix, la concurrence déloyale et la baisse du pouvoir d’achat, les ventes sont en baisse depuis 2020. Mais les choses risquent d’être différentes cette année, à en croire Alain Fok Shak, le Marketing Manager de Wing Tai Chong Ltd, le plus grand commerçant de pétards à Maurice. « Le tarif d’un conteneur était passé de 800 USD à 2,600 USD, sans compter la dépréciation de la roupie et la diminution des frets. Du coup, les importations avaient diminué de 50% et les commandes n’étaient plus honorées. La tendance semble s’être inversée cette année et je reste persuadé que les ventes augmenteront quand bien même les Mauriciens ne dépenseront pas des sommes folles dans ces produits. »
Un responsable de Fire Crackers Store à Sainte-Croix souligne également que les ventes devraient être moins moroses, cette fois-ci, malgré la flambée des prix : « On ne s’attend pas à des ventes record, mais en dépit de la baisse de leur pouvoir d’achat, il y a comme une envie de tout faire éclater, au sens figuré, de la part des Mauriciens qui se sont retenus durant ces trois dernières années et qui voudront commencer l’année 2024 sur de nouvelles bases. »

Les hôtels font table rase

- Publicité -

Même son de cloche du côté d’Irfan Mohamed, responsable des rayons d’un supermarché à Triolet : « Il est encore trop tôt pour faire des prévisions concertant les ventes. En revanche, force est de constater que le supermarché dispose d’un stock plus conséquent que les trois dernières années. Certes, après la pandémie, les Mauriciens ont désormais tendance à être plus prudents et à faire des économies, mais l’envie de passer à autre chose est palpable déjà. »

Au centre-ville de Port-Louis, les pétards et les feux d’artifice fleurissent déjà en cette période sur les étals des différents types de commerces.
Les gens s’accordent à dire qu’ils s’organiseront pour préserver la magie de Noël et de la Saint-Sylvestre sans pour autant dépenser des sommes astronomiques sur les pétards. Rajesh, qu’on a rencontré à la rue Farquhar, soutient que « l’augmentation démesurée des prix des denrées alimentaires a mis à mal mes finances, mais comme mes enfants, mon épouse et moi-même sont des férus de pétards et de feux d’artifice, on augmentera un peu le budget consacré à cela. » Sa benjamine Reena semble avoir jeté son dévolu sur l’incontournable pétard cerf, le pétard Tigre, à Rs 400, en passant par ceux plus imposants à plus de Rs 1000. À côté d’elle Juanita, qui était accompagnée de ses deux enfants en bas âge, abonde dans le même sens « Il est hors de question que je fasse des folies encore cette année, mais disons mes enfants, qui sont des fans de pétards et de feux d’artifice, méritent de connaitre les joies et l’adrénaline de ces grandes détonations qui font partie du folklore local. »

- Advertisement -

Les importateurs commandent deux types de pétards et de feux d’artifice : pour les familles et pour les grands événements. Contrairement aux années précédentes, lorsqu’ils étaient durement touchés par la crise, les hôtels ne comptent pas lésiner sur les moyens pour la Saint-Sylvestre pour le passage du Nouvel An. « Nous avons fait table rase cette année et chassons les vieux démons ! Nous proposerons un spectacle tout aussi majestueux que celui offert avant la crise du Covid. Les feux d’artifice éblouiront les touristes, dont beaucoup visitent Maurice pour la première fois », nous confie le directeur d’un groupe hôtelier situé dans l’Ouest.

Quoi qu’il en soit, la prudence s’impose pour limiter les accidents récurrents qui ponctuent chaque année les festivités.
Très prisés surtout des enfants, ces feux artifice doivent être manipulés avec vigilance et sous la surveillance d’un adulte, d’autant que l’on note depuis quelques années un accroissement insupportable de détonations de pétards pouvant être confondues à celle de bombes artisanales. (voir plus loin)

——————————————————

Le personnel hospitalier : « Triplez de vigilance »

ll n’y a jamais de trêve pour les soins, car les maladies, les blessures ainsi que les naissances ne s’arrêtent pas les jours de fête. Du personnel administratif chargé de l’accueil, en passant par les infirmiers, les aides-soignants et les médecins, ils seront nombreux à se relayer dans les hôpitaux ou cliniques en cette nuit du 24 décembre 2023 au premier jour de l’an 2024.

« Mains abîmées à cause des pétards, blessures à l’œil suite à une mauvaise manipulation de fusée, accidents de la route, blessures au couteau : voici le lot d’incidents auxquels on a affaire chaque année. Certes, le nombre d’hospitalisations liées au virus du Covid a baissé drastiquement, me nou espere nou pa pou fer zigzag ar bann blesse petar», nous confient des infirmiers de l’hôpital Victoria à Candos, qui lancent un appel à la population pour « tripler de vigilance. » À l’exemple des pompiers et des policiers, les personnels d’urgence du SAMU seront présents, afin de répondre aux urgences médicales.

 

——————————

Abus dans le commerce maraîcher

Rajesnarain Gutteea appelle les Enforcement Departments à prendre des mesures
En ces jours de fêtes, quand les intempéries servent souvent de prétextes pour des abus dans le commerce maraïcher, le travailleur social Rajesnarain Gutteea appelle les Enforcement Departments à assumer leurs responsabilités en demandant à leurs officiers respectifs de descendre sur le terrain.

Selon Rajesnarain Gutteea, il est du devoir de l’inspectorat sanitaire des Collectivités locales et du ministère de la Santé, des officiers du Consumer’s Affairs Unit (CAU) et de la Legal Metrology Division du ministère du Commerce et de la Protection des Consommateurs de veiller au grain en vue de la protection des consommateurs.
S’il concède qu’avec les intempéries, les prix des légumes sont à la hausse, M. Gutteea estime quand même que des inspections doivent être effectuées dans des marchés et foires pour, par exemple, vérifier si les balances utilisées par les commerçants sont conformes à la loi sur les poids et mesures. Il trouve, de plus, que la vente de légumes avariés doit être correctement réprimée. Le travailleur social demande également un contrôle sur l’affichage des prix des produits maraîchers et que l’utilisation illégale par des maraîchers malhonnêtes des sacs en plastique non conformes soit réprimée comme il se doit.
M. Gutteea appelle aussi les autorités responsables à s’assurer que les marchés et foires opèrent dans les meilleures conditions hygiéniques. Selon lui, cette vigilance accrue des autorités doit se maintenir jusqu’au moins la fin de la saison des fortes intempéries, vers la fin du mois de février 2024.

——————————

Respect envers les personnes vulnérables en quête de repos

De nouvelles dispositions sont en vigueur depuis le 1er octobre 2022 dans le cadre de la promulgation des Environment Protection (Control of Noise) Regulations 2022 et des Environment Protection (Environmental Standards for Noise) Regulations 2022. Et quid du vacarme occasionné par le crépitement des pétards aux heures indues, sont-elles punissables d’amendes selon les dispositions de la
nouvelle loi ?

« Non, la loi n’inclut pas encore les délits liés aux pétards », selon l’inspecteur Jean Nobin Brasse, de la police de l’Environnement. « C’est clair que nous travaillons sur de nouvelles règles pour mieux protéger la quiétude des gens, mais dans l’immédiat, il est important d’éduquer la population sur l’importance de respecter les personnes vulnérables en quête de repos. Hormis pendant la Saint-Sylvestre, évitez au maximum de surprendre les gens avec des détonations, tard dans la nuit ou aux petites heures du matin. » Encore heureux que les pétards dits « d’Inde » et leurs détonations hors normes, qui avaient refait leur apparition en 2018, semblent avoir de nouveau disparu des étagères depuis que Week-End avait, dans ses éditions de fin d’année, mis notamment le Mauritius Standard Bureau (MSB) devant ses responsabilités.

Parmi les produits artificiers les plus prisés dans les années 90, son usage fut interdit par les autorités après le trop grand nombre de blessures graves répertoriées et le bruit assourdissant produit par l’explosion pouvant causer des traumatismes au niveau de l’oreille. Veillons au grain!

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques