C’est un fait. Les livres jouent un rôle clé dans le développement intellectuel et émotionnel des jeunes. Dans le cadre de la Journée mondiale du livre pour enfants, Amarnath Hosany, auteur d’albums et de romans pour la jeunesse, ne niant pas l’intérêt existant pour la lecture à Maurice, s’interroge toutefois : « Que fait-on pour promouvoir la lecture chez les jeunes ? » Pourtant, fait-il ressortir, « nous disposons à Maurice d’une production locale assez riche ».
D’après une étude menée par l’Association internationale de littérature pour enfants, les enfants exposés régulièrement à la lecture affichent une meilleure aptitude à la compréhension orale et écrite par rapport à leurs pairs moins exposés à cette pratique. Selon Amarnath Hosany, auteur de Le Facteur, qui a reçu en 2015 le Prix du livre jeunesse d’Ouessant et de Les Papillons de Risha, sélectionné en 2019 pour le prix Unicef de la littérature jeunesse, on ne peut dire que les gens ne lisent pas. « Il y a une certaine fidélité vis-à -vis du livre. Mais la question que je me pose est de savoir ce qui est fait pour promouvoir la lecture chez les jeunes à Maurice. Il existe des institutions de l’État qui sont censées travailler en ce sens comme la Bibliothèque nationale. Que font les écoles par rapport à cela ? »
Pourtant, a fait ressortir Amarnath Hosany, la littérature de jeunesse est très riche. « Notre production locale est assez riche. Nous avons des auteurs mais aussi des illustrateurs qui rendent les livres plus beaux. »
Si les livres jouent un rôle clé dans le développement de l’imaginaire de l’enfant, les écrans peuvent s’ériger en obstacle au livre papier. Pour l’auteur mauricien toutefois, « on ne pourra aller contre le développement ». Et d’autres technologies vont arriver pour essayer de remplacer la lecture mais celle-ci reste une pratique qu’il faut valoriser. « C’est comme une plante qu’il faut arroser pour la faire grandir. À l’école, les enseignants font-ils la lecture aux élèves ? Ce n’est plus le cas. Il y a des bibliothécaires dans les établissements scolaires. Est-ce qu’il y a des activités autour du livre dans les bibliothèques des écoles ? Ces bibliothécaires sont-ils formés pour animer des activités autour du livre ? » Autant de questions qui le taraudent.
Si on veut valoriser la lecture, a poursuivi Amarnath Hosany, « il faut que tous se disent qu’on peut le faire et qu’on doit commencer quelque part ». Par exemple, lire à haute voix, faire venir un conteur, une personne qui fait du théâtre, organiser une animation autour d’une histoire… « On doit commencer ainsi. C’est aussi simple que cela. »
L’auteur et scénariste de courts-métrages constate avec regret que dans les établissements scolaires publics, les artistes qui sont disposés à promouvoir la lecture n’y ont pas accès. « Le 23 avril, à l’occasion de la Journée mondiale du Livre, on va aller chercher des auteurs un peu partout pour parler de la lecture. Après, la porte se refermera… Il n’y a rien de concret. On ne peut promouvoir la lecture un jour par an. Faites venir les auteurs dans les écoles pour animer des séances de lecture ! »
Amarnath Hosany fait partie d’un groupe d’auteurs qui, poussés par leur passion, organisent parfois des activités autour de la lecture : séances de dédicace, ateliers de lecture, d’écriture et d’illustration. « Nous le faisons avec les moyens du bord. Ce n’est pas aussi structuré que si on a une institution, le personnel et les infrastructures nécessaires. Cela demande de la passion et de la volonté. »