Corporate Social Responsibility : le manque de soutien à MACOSS des autorités dénoncé

« Nous avons les idées, les projets, les partenaires… Ce qui nous manque, ce sont les moyens. » D’un ton ferme, mais lucide, le président du Mauritius Council of Social Service (MACOSS), Suraj Ray, a dressé un bilan critique de la situation du secteur associatif, tout en exposant les efforts de redressement engagés par sa nouvelle équipe depuis 2022. Il a également abordé plusieurs sujets brûlants : les dysfonctionnements internes hérités du passé, un financement jugé « erratique », des projets freinés par des obstacles structurels, des attaques personnelles et des relations tendues avec certaines institutions.

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Le président du MACOSS est longuement revenu sur l’état chaotique dans lequel se trouvait l’organisation avant la mise en place de la nouvelle direction, en 2022. « Locaux délabrés au bâtiment de l’Astor Court, manque de coordination avec le réseau associatif, conditions de travail précaires, une organisation déconnectée de ses membres… Tout était à revoir. Le personnel travaillait dans des conditions difficiles, et il y avait un vrai décalage entre le MACOSS et la base associative. Il a fallu tout repartir de zéro », a-t-il expliqué. Il a également salué les efforts déployés pour remettre de l’ordre, professionnaliser les opérations et restructurer les instances internes.

Le président du MACOSS a également évoqué en détail le projet du Regional Leadership Centre, à Moka, financé par un don. Selon ses dires, la mise en œuvre de ce centre a été, dès le départ, très mal planifiée, ce qui a posé de nombreux problèmes. Il a notamment souligné que le voisinage d’une grande entreprise a aggravé la situation, au point que ses actions ont presque conduit à l’enclavement de la nouvelle installation.

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Face à ces difficultés, la nouvelle direction du MACOSS a rapidement pris les choses en main. « Plus d’un demi-million de roupies ont été investies pour réparer les défauts de construction et d’aménagement afin de rendre le centre fonctionnel. Cependant, en raison d’un manque de fonds, les travaux ont connu des retards », a déclaré Suraj Ray. Malgré cela, le MACOSS reste optimiste et espère pouvoir finaliser les travaux dans les prochains mois pour que le centre devienne opérationnel. Ce projet, qui devait constituer un levier important pour renforcer le leadership local, a ainsi connu plusieurs revers, mais la détermination de l’organisation à le faire aboutir demeure intacte.

Relations tendues avec la NSIF

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Suraj Ray a par ailleurs exprimé de vives critiques envers la National Social Inclusion Foundation (NSIF), qu’il accuse d’un financement « inadéquat et erratique », notamment envers les petites Ong. Il déplore que le MACOSS, pourtant plateforme nationale regroupant environ 65 organisations membres, ne figure même pas parmi les dix principaux bénéficiaires des aides allouées.

Avec une subvention annuelle plafonnée à Rs 9 millions depuis plusieurs années — alors que d’autres organisations reçoivent jusqu’à 30 millions —, le MACOSS peine à lancer de nouveaux projets. La majeure partie du budget passe dans les frais fixes, tels que les salaires, les loyers et les factures.

Le président du MACOSS a aussi regretté que son organisation n’ait pas eu la parole lors d’une récente rencontre organisée par la NSIF et le ministère de l’Intégration sociale, à Réduit. Selon lui, certaines critiques formulées lors de cet événement proviennent d’individus dont les Ong ne sont pas membres du MACOSS, et qui poursuivent un agenda personnel visant à discréditer l’organisation. Il a également rappelé que huit plaintes en justice ont été déposées contre lui depuis son élection, toutes classées sans suite par les tribunaux.

Opposé à un retour à l’ancien système de Corporate Social Responsibility (CSR), Suraj Ray plaide pour le maintien du fonds centralisé, mais réclame une refonte urgente du modèle de gestion. Il demande des procédures plus simples, équitables et transparentes dans le décaissement des fonds, dénonçant des pratiques discriminatoires et du favoritisme en faveur de certaines fondations ou entités ad hoc.

Au-delà des revendications financières, le président du MACOSS insiste sur la nécessité d’un dialogue ouvert, franc et constructif avec le gouvernement. Il a rappelé que la mission de l’organisation s’aligne pleinement avec les 17 Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies et appelle les autorités à établir un véritable partenariat social. « Nous voulons continuer à œuvrer pour les plus vulnérables : personnes âgées, jeunes en difficulté, familles en détresse. Mais pour cela, il nous faut des moyens. »

D’ailleurs, Suraj Ray a également fustigé le manque de visibilité médiatique dont souffrent les activités du MACOSS, malgré une implication constante dans des domaines cruciaux tels que la lutte contre la toxicomanie, l’égalité des genres, l’éducation inclusive, l’environnement ou encore la sécurité routière. Un travail de l’ombre qu’il estime essentiel pour le bien-être social, mais qui reste encore trop peu soutenu et reconnu.

Il appelle donc à un partenariat véritable et consultatif entre l’État, les Ong et les acteurs sociaux. « Seule une approche collaborative, transparente et respectueuse permettra de faire progresser la cause sociale à Maurice », selon lui. Enfin, il a exprimé son indignation face aux récents scandales dans certains homes opérant illégalement, notamment des cas d’agressions sur des personnes âgées, et a exigé des mesures fermes de la part des autorités.

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