Air Mauritius dans le viseur : Colère et incompréhension parmi les employés : Augmentations salariales 2025 non versées pour certains

Air Mauritius est, une nouvelle fois, au cœur d’une controverse interne, cette fois liée au non-versement des augmentations salariales prévues pour l’année 2025. Plusieurs syndicats représentatifs du personnel,  ont adressé des correspondances à la direction des ressources humaines, afin de réclamer des explications urgentes et des mesures correctives immédiates.

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Le mécontentement du personnel s’appuie sur des bases contractuelles et administratives solides. En effet, dans un mémo interne n°199, daté du 24 avril 2025, le président du comité de gestion confirmait sans ambiguïté que : « Le paiement des augmentations dues cette année sera effectué dans la paie de mai 2025, avec un rappel pour le mois d’avril 2025. »

Ce mémo s’adressait à l’ensemble du personnel et précisait que les augmentations devaient être appliquées à tous les employés éligibles, y compris ceux bénéficiant du Long Service Increment (LSI), versé normalement tous les deux ans sans plafonnement.
Or, à la date du 31 mai, aucune augmentation n’a été versée à un grand nombre de salariés concernés, malgré le caractère automatique et contractuel de cet ajustement. L’absence de communication officielle sur ce manquement renforce le malaise.

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Rupture de confiance
Les syndicats dénoncent une situation inacceptable et injustifiable, soulignant que les augmentations ne sont ni discrétionnaires ni conditionnées à une performance exceptionnelle : elles font partie des droits fondamentaux inscrits dans les contrats de travail et les accords d’entreprise. « Ce silence est un mépris total pour le personnel. On ne peut pas, d’un côté, parler de rigueur budgétaire et, de l’autre, violer des engagements aussi clairs », confie un représentant syndical.

Cet incident  intervient dans un contexte particulièrement tendu, alors que des consultants externes sont régulièrement recrutés sans appel d’offres, parfois anciens employés réintégrés discrètement sous un autre statut. Des noms qui sont cités dans les correspondances  suscitent l’indignation.
Dans ce climat, le personnel actif, en attente de ses augmentations légitimes, perçoit un profond déséquilibre dans les priorités managériales.

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Face à cette situation, les syndicats exigent :
1. Le paiement immédiat des augmentations dues, avec effet rétroactif à avril 2025 ;
2. Une clarification écrite de la direction expliquant ce manquement ;
3. Une révision des procédures de nomination de consultants, dans un souci de transparence et de bonne gouvernance ;
4. Le respect strict des engagements contractuels envers le personnel.

Et maintenant ?
Si aucune réponse formelle n’est apportée dans les jours à venir, plusieurs syndicats laissent entendre qu’ils n’excluent ni mobilisation, ni action légale. Un préavis de grève est même évoqué à demi-mot.

Dans une entreprise encore fragilisée par les effets post-COVID et les scandales de gouvernance passés, la confiance du personnel est à son plus bas niveau, et l’inertie de la direction ne fait qu’aggraver la fracture. « C’est une affaire de principe. Soit on respecte les règles pour tout le monde, soit on accepte qu’il y ait deux catégories de salariés : ceux qui comptent, et les autres. »
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Air Mauritius : sous-traitance opaque, double salaire et culture d’impunité
Malgré un changement de gouvernement, Air Mauritius semble engluée dans des pratiques controversées héritées du passé : recrutements douteux, protection politique, postes en doublon et privatisation rampante de ses opérations stratégiques. En toile de fond, la crainte d’une dilution progressive de l’identité même de la compagnie nationale.

Suspension prolongée et pression politique : le cas Amba Manikham
Suspendu depuis mars 2024 avec plein salaire, l’agent Amba Manikham a finalement comparu à son dernier Disciplinary Committee, vendredi. Selon des sources internes, son  ancien avocat – désigné dans les couloirs comme gégé – ferait pression pour que toutes les procédures à son encontre soient abandonnées, en vue d’un reclassement discret au sein d’un département de MK de Port-Louis. Ce alors qu’un rapport interne fait état de plus de 600 plaintes des membres du personnel à l’encontre d’Amba Manikham.

DNata aux commandes : la privatisation silencieuse des opérations au sol
Comme annoncé la semaine dernière par Week-End, la société DNata, basée à Dubaï, prépare actuellement son déploiement complet à Maurice, incluant logistique et main-d’œuvre, pour prendre en charge les opérations au sol de MK. Ce projet est dirigé par Pravin Jogoo, nommé juste avant les élections générales de 2024, et actuellement détenteur de deux postes à plein temps à AHL et MK — un cas supplémentaire de double salaire.

Des consultants parachutés dans un département voué à disparaître
Malgré l’imminence du transfert des opérations à DNata, la direction de MK a recruté en 2025 DA et PS comme consultants dans le département Ground Ops. Plusieurs postes ont également été pourvus par des profils sans expérience dans le domaine, alimentant les soupçons de placement politique et de gaspillage de ressources.

Vers une réduction programmée de MK ?
Avec une réduction du réseau, céder des opérations clés à DNata, et la perte de contrôle interne sur des fonctions vitales, plusieurs employés s’inquiètent : « Quand MK devient plus petit, automatiquement du personnel devient redondant. Que fera-t-on d’eux ?» Dans un contexte où l’État semble vouloir redorer l’image d’institutions publiques, la situation à Air Mauritius illustre l’absence de rupture réelle avec les pratiques du passé. Une réforme en profondeur semble toujours attendre son envol.

Réseaux familiaux et recyclage des anciens cadres
Autre cas dénoncé : Dass Thomas, accusé de poursuivre les projets de Ken Arian, dans une logique de “dilo suive kanal” familial. Par ailleurs plusieurs cadres de l’ancien régime ont été reconduits ou réintégrés, dont Laurent Recoura, ex-CMO d’Air Mauritius sous l’ancienne direction, rappelé malgré les polémiques passées.

Retour d’André Viljoen : cumul de fonctions et interrogations
L’annonce du retour d’André Viljoen au poste de CEO d’Air Mauritius à partir d’octobre suscite également des interrogations. L’actuel patron de Fiji Airways devrait cumuler sa fonction de board member dans sa compagnie d’origine , laissant craindre un partage de temps et de rémunérations problématique. Pour certains, cela symbolise le manque de renouvellement au sommet :« Est-ce qu’il n’y a vraiment personne d’autre dans le monde que Viljoen ? », ironise un syndicaliste.

Favoritisme à Gatwick?
Un haut responsable de MK autorisé à embarquer avec de l’alcool dissimulé
Un incident survenu le 16 mai à l’aéroport de Londres-Gatwick jette une nouvelle ombre sur la gouvernance d’Air Mauritius. Selon des sources aéroportuaires bien informées, un haut responsable de la compagnie nationale de surcroit un ancien pilote, a été intercepté par les agents de sécurité alors qu’il s’apprêtait à embarquer sur le vol MK53 à destination de Maurice.

Les agents auraient découvert environ six bouteilles miniatures d’alcool, soigneusement dissimulées dans la doublure intérieure de son bagage à main, inacessible de l’extérieur. Une infraction claire aux règles internationales de sécurité aérienne, qui limitent strictement le transport de liquides à bord à 100 ml par contenant et un litre maximum par passager, tous flacons devant être présentés dans un sac plastique transparent au moment du contrôle.

Mais contre toute attente, aucune sanction ne lui aurait été infligée. Pas d’amende, pas de confiscation, pas même de rapport officiel – et encore moins de suspension temporaire. Le cadre supérieur a pu embarquer comme si de rien n’était, sans que la direction d’Air Mauritius ou l’aéroport de Gatwick ne publient la moindre déclaration sur l’affaire.

Deux poids, deux mesures ?
L’affaire suscite l’indignation au sein de l’entreprise, notamment parmi les employés soumis à des procédures disciplinaires strictes pour des écarts bien moindres. « Quand un employé lambda oublie un flacon dans son sac, il peut être suspendu. Là, on parle d’un haut dirigeant qui transporte de l’alcool caché, et rien ne se passe », s’indigne un cadre, sous couvert d’anonymat.

Certains syndicalistes n’hésitent pas à parler de « favoritisme institutionnalisé », alimenté par des liens familiaux supposés entre ce dirigeant et des personnalités influentes du secteur public, dont un haut gradé d’Airports of Mauritius qui serait son oncle. D’autres rappellent les circonstances opaques dans lesquelles il aurait été nommé, dans le sillage de pressions politiques et de l’influence de la « lakwizinn » du régime précédent.
Silence embarrassant
Cet incident met la direction d’Air Mauritius dans une position délicate. Aucune communication interne n’a été faite. Or, le mémo n°199 du 24 avril dernier rappelait encore l’importance de l’exemplarité et du respect des procédures, en particulier dans un contexte où la rigueur est exigée du personnel à tous les niveaux.

Dans une entreprise en crise où la moindre erreur est scrutée, l’impunité apparente d’un membre du top management risque d’alimenter davantage le malaise social et la défiance des équipes. D’autant plus que plusieurs employés ont récemment été suspendus pour des manquements bien moins graves, notamment dans les opérations au sol et le service cabine.

 

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