• Fini la parenthèse « zis tay gazon » pour l’organisateur historique des courses à Maurice qui se voit réoctroyer ses prérogatives, avec en bonus une licence de Tote
• Navin Ramgoolam : « HRD turns out to be nothing but a stratagem to usurp the powers and prerogatives of the the MTC »
• Joe Lesjongard : « On retourne à la case départ »
• Gavin Glover : « Nous avions un État dans un État »
• Les amendements portent sur une refonte totale de la GRA, sous l’emprise de forces occultes ces dernières années et tendent à redonner aux courses hippique leurs lettres de noblesse
Une page décisive s’est tournée vendredi à l’Assemblée nationale, avec l’adoption, sous amendements, de la Gambling Regulatory Authority (Amendment) Bill. Cette réforme majeure marque non seulement la réhabilitation officielle du Mauritius Turf Club (MTC) en tant qu’organisateur des courses hippiques, mais aussi une restructuration profonde de la Gambling Regulatory Authority (GRA), dont l’indépendance et la crédibilité avaient été largement remises en cause ces dernières années.
D’emblée, Navin Ramgoolam, Premier ministre et ministre des Finances, a défendu avec vigueur ce texte présenté comme une tentative de redonner ses lettres de noblesse à un secteur en ruine. Pour lui, l’histoire récente des courses hippiques est celle d’une déchéance orchestrée par le précédent gouvernement. « De 2015 à 2024, la GRA a complètement anéanti la confiance du public dans les courses hippiques. Elle est devenue un repaire d’agents notoires au service de leurs maîtres politiques », a-t-il accusé.
« Un plan machiavélique pour éliminer l’héritage du MTC »
Dénonçant ce qu’il qualifie de tentative de captation totale du secteur par des intérêts privés liés à l’ancien régime, Ramgoolam a ciblé sans ambiguïté l’homme d’affaires Jean-Michel Lee Shim, bénéficiaire désigné d’une alliance opaque entre la HRD et la People’s Turf PLC (PTP). « Comment le public peut-il oublier comment la mafia, à travers ses relais comme Dev Bheekary, a ourdi un plan machiavélique pour éliminer l’héritage du MTC ? » a-t-il lancé. Selon lui, la Horse Racing Division, créée en 2021, n’a jamais été un organe indépendant, mais un « stratagème pour usurper les pouvoirs du MTC ».
La réforme qu’il propose entend replacer l’organisation des courses sous la responsabilité du MTC, désormais titulaire d’une licence de Tote, tout en replaçant la GRA au cœur de sa mission de régulation, avec une nouvelle structure composée de sept divisions, dont une Horse Racing Integrity Division (HRID). L’objectif : restaurer l’intégrité des courses, lutter efficacement contre les paris illégaux, le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale, et garantir la transparence des opérations.
« On efface le rapport Parry »
Mais cette refonte ambitieuse n’a pas convaincu Joe Lesjongard, leader de l’opposition. Dans une intervention vigoureuse, il a dénoncé une réforme qui, selon lui, remet en cause tous les garde-fous introduits après les dérives passées. « On efface presque toutes les recommandations du rapport Parry et on retourne à la case départ », a-t-il regretté.
Il s’inquiète de la réintroduction de la fonction de régulation entre les mains de l’organisateur des courses, qu’il juge incompatible avec un cadre impartial. La suppression du critère fit and proper pour les dirigeants du MTC et la création d’un quasi-monopole sur les activités Tote, ajoute-t-il, sont autant de signaux inquiétants. « Les mafias doivent bien se frotter les mains. Vous donnez tous les privilèges à un club privé, alors que vous dites que la caisse est vide. À qui profite le crime ? » a-t-il interrogé, en appelant à la vigilance contre une possible réinstauration des collusions d’antan.
Tout en affirmant ne pas s’opposer à la relance de l’industrie hippique, Lesjongard estime que celle-ci doit se faire dans un cadre strict, respectueux des principes de gouvernance et de justice. Il a rappelé que des milliers d’emplois dépendent de cette filière, mais que l’enjeu ne justifie pas de sacrifier les acquis en matière de régulation.
« Le mantra était devenu « l’argent, toujours plus d’argent » »
Prenant la parole en sa qualité d’Attorney General, Gavin Glover, lui-même ancien commissaire administratif du MTC et connaisseur du milieu, a soutenu la réforme avec une émotion palpable. Revenant sur les dix dernières années, il a brossé un tableau sombre de ce qu’était devenue l’industrie : « Nous avions un État dans l’État. Toutes les traditions ont été balayées, et le mantra était devenu « l’argent, toujours plus d’argent ». »
Pour Glover, la réforme est une réponse claire à la confusion et à l’opacité héritées de la période précédente. Elle marque le retour d’un équilibre, d’un modèle économique durable, et surtout d’une éthique retrouvée : « L’intégrité est restaurée, les règles sont désormais claires, le terrain est nivelé, et l’avenir mérite qu’on y parie à nouveau », a-t-il déclaré en conclusion de son intervention.
Le Gambling Regulatory Authority (Amendment) Bill voté
• Le MTC officiellement rétablit dans ses droits
C’est une nouvelle page qui se tourne, une nouvelle ère qui se profile à l’horizon pour le Mauritius Turf Club (MTC). Asphyxié et presque rayé de la carte par le gouvernement de Pravind Jugnauth au profit de People’Turf PLC (PTP) de Jean-Michel Lee Shim, bailleur de fonds avéré du MSM qui, selon l’Attorney General, « enjoyed the fruits of a fully State capture of the horse racing industry », le voilà qui se voit donner a new lease of life avec le Gambling Regulatory Authority (Amendment) Bill qui a été voté avec amendements vendredi après-midi au Parlement et qui a pour objectif de mettre en place le cadre légal nécessaire pour (re)donner aux courses et à l’industrie hippique ses lettres de noblesses et rétablir le MTC dans ses droits, entre autres.
Piloté par le Premier ministre et ministre des Finances, Navin Ramgoolam, la nouvelle loi vise à (i) réformer la structure administrative de la Gambling Regulatory Authority (GRA) ; (ii) revoir ses fonctions en tant que régulateur ; (iii) restaurer les prérogatives du Horse Racing Organiser (HRO) pour l’organisation des courses ; (iv) renforcer les provisions pour mieux combattre les paris illégaux, le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale.
Ci-dessous les changements qui ont été apportés à la loi cadre, la Gambling Regulatory Authority Act 2007 :
Par rapport à la GRA
1. Un nouveau cadre administratif avec 7 nouvelles divisions placées sous la responsabilité administrative de la Chief Executive Officer, notamment un Administrative, Procurement, Finance and Human Resource Division ; un Licensing Division ; un Gambling Inspectorate and Enforcement Division, un Anti-Money Laundering/Counter Financing of Terrorism (AML/CFT) Division ; un Horse Racing Integrity Division ; un Information Technology and Innovations Division ; un Legal and Compliance Division.
2. La nébuleuse Horse Racing Division (HRD) créée sous le régime MSM disparaît et cède la place à une Horse Racing Integrity Division (HRID) qui sera responsable de protéger l’intégrité des courses hippiques et de s’assurer que les courses soient propres et affranchies de toute corruption ou maldonne.
3. Renforcement des fonctions de régulateur de la GRA par rapport aux activités hippiques.
4. Responsabilité accrue du régulateur pour promouvoir la confiance du public à travers des normes de conduite ; d’assurer la transparence et la bonne gouvernance et de s’assurer que le HRO s’acquitte efficacement de ses responsabilités.
5. Le Board reprend les fonctions de la défunte HRD et sera désormais responsable de la bonne marche des activités hippiques.
6. Le Board aura pour responsabilité de faire respecter les standards des courses hippiques, des Rules of Racing et d’émettre toutes règles et directives pour l’implémentation des mesures antidopage.
7. Le Board est désormais l’autorité compétente pour l’enregistrement et l’octroi de licences aux entraîneurs, assistants-entraîneurs, jockeys, vétérinaires équins et autres professionnels de courses.
Par rapport au HRO
1. A désormais la charge de l’organisation des activités hippiques, incluant la préparation des Rules of Racing (qui doivent être approuvées par la GRA), l’entretien des deux pistes au Champ de Mars, de s’assurer de la sécurité et l’organisation des journées de courses.
2. Est désormais responsable de la préparation du calendrier hippique, des fixtures, des entrées et du programme pour une journée de courses.
3. Est sous la direction de la GRA et non plus de la HRD.
4. Est désormais doté d’une licence de Totalisor et pourra nommer des agents pour gérer ses activités de totalisor avec l’approbation de la GRA. À noter que les opérateurs de Tote existants, Supertote et Tote Lepep, seront autorisés à opérer jusqu’à l’expiration de leur licence par rapport aux activités hippiques.
Par rapport aux « licensees »
1. Les frais de licence pour les entraîneurs, assistants-entraîneurs, jockeys, vétérinaires équins et autres professionnels des courses varieront de Rs 500 à Rs 15 000.
2. Les licensees ci-dessus sont désormais dispensés de Personal Management Licence (PML) qui n’est toutefois pas aboli.
Par rapport au combat contre les paris illégaux, le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale
1. Abolition du leasing des chevaux de triste mémoire qui, selon le Premier ministre et ministre des Finances, a été utilisé pour le blanchiment d’argent.
2. Réintroduction du fixed odd betting sur les courses locales par des bookmakers off-course. Toutefois, les bookmakers qui opèrent off-course ne seront pas autorisés à opérer on-course et vice-versa.
3. Tout bookmaker ou opérateur de Tote incluant ceux qui opèrent à distance (remote communication), auront désormais l’obligation d’émettre des reçus numérotés en série sur les paris qu’ils prennent afin d’éviter toute pratique frauduleuse.
4. Tout bookmaker ou opérateur de Tote qui ne soumet pas de return à la MRA ou qui ne s’acquitte pas de sa taxe électroniquement, sera passible d’une amende ne dépassant pas Rs 500 000 (contre Rs 50 000 auparavant)
Autres changements
1. L’approbation de la GRA requis pour toute vente d’action dans un licensee qui résultera dans l’acquisition, par l’acheteur, de 20% ou plus du capital (contre 10% auparavant)
2. Les cash transactions entre un propriétaire d’écurie, un Stable Manager, un entraîneur, un propriétaire de chevaux ou jockey passent de Rs 10 000 à Rs 50 000.
3. Des compagnies de betting locales désormais autorisées à sponsoriser des journées de courses.
4. Exceptionnellement pour la saison 2025, les frais de licence pour les bookmakers et opérateurs de Tote par rapport aux courses de chevaux sont réduits de 50 % vu que la saison sera courte, ne débutant de dans la deuxième partie de l’année.
5. Amendements conséquents à la State Lands Act pour conférer la gestion du Champ de Mars à une corporation ou toute autre entité étatique.uparavant)
Assemblée nationale — Agenda
Ce mardi pour le PMQT
Navin Ramgoolam interpellé sur 22 fronts
• Outre les missions des anciens et actuels ministres à l’étranger, il sera question des rémunérations et avantages accordés à l’avocate de l’ex-PM Pravind Jugnauth, Sonah Ori, ou encore de la vente controversée de MauBank Ltd
L’Assemblée nationale reprendra ses travaux ce mardi, avec une séance dense de Prime Minister’s Question Time (PMQT). À l’agenda : 22 questions adressées au Premier ministre, Navin Ramgoolam. Parmi les sujets phares figurent les interpellations concernant les missions officielles à l’étranger des anciens Premiers ministres, ministres, mais aussi du gouvernement actuel, avec un examen détaillé des coûts, des délégations et des conditions de voyage. Autre dossier sous haute surveillance, la vente controversée de MauBank Ltd. est soumise à un questionnement précis sur la nomination éventuelle d’un conseiller transactionnel et sur les conditions de ce contrat. Par ailleurs, la rémunération et les avantages accordés à Mme Sonah Ori, avocate de l’ancien Premier ministre, Pravind Jugnauth, et dont les services ont été retenus pour plusieurs dossiers quant aux services légaux à l’État entre 2015 et 2024 seront également passés au crible.
D’abord, la sécurité et le fonctionnement des forces de l’ordre occuperont une place centrale dans cette session. C’est le député Kaviraj Beechook qui ouvrira la séance avec une interpellation sur les ressources humaines et logistiques du poste de police de Lallmatie. Il veut obtenir des précisions sur le nombre d’agents affectés — hommes et femmes confondus —, les véhicules disponibles et l’étendue du site. Anabelle Savabaddy s’inquiète elle d’un possible manque d’effectifs à Montagne Longue et interrogera le chef du gouvernement sur les transferts récents opérés dans cette station. Franco Quirin veut quant à lui des statistiques détaillées sur les examens de conduite aux Line Barracks à Port-Louis, en précisant le rythme quotidien, les horaires et les effectifs policiers mobilisés depuis janvier 2025. La criminalité violente sera aussi évoquée. Le député de l’opposition Adrien Duval souhaite un bilan des cas de meurtres et décès violents depuis novembre 2024 : nombre d’affaires, d’arrestations, de suspects inculpés et actions envisagées pour enrayer cette montée de violence.
Lutte antidrogue : chiffres, enquêtes et surveillance côtière
Le volet antidrogue sera particulièrement chargé. Le député Kushal Lobine veut connaître les quantités de drogues saisies par la douane (Customs Anti-Narcotics Section) et la brigade antidrogue (ADSU) depuis décembre 2024, leur valeur marchande et le nombre de livraisons surveillées ayant permis des arrestations locales. Dans une question distincte, Arvin Babajee demandera au Premier ministre de revenir sur la saisie de 95 kg de cocaïne en 2019 dans la fameuse pelleteuse. Il cherchera à savoir si Interpol a été sollicité, où se trouve la drogue aujourd’hui, si elle est toujours stockée, et dans quelles conditions. Le même député s’intéresse aussi aux activités maritimes suspectes sur la côte ouest, notamment les bateaux en provenance de La Réunion, et interroge sur l’éventuelle installation de caméras de surveillance Safe City aux points d’entrée de La Passe. Du côté de Rodrigues, Francisco François veut des détails sur le scanner antidrogue promis au bureau de poste de Port Mathurin, sur les procédures actuelles en son absence et sur les types, quantités et valeurs des drogues interceptées au cours des cinq dernières années.
Déplacements ministériels : per diem, véhicules, privilèges
Plusieurs questions ciblent les avantages liés aux fonctions ministérielles. Kevin Lukeeram souhaite un état des lieux des véhicules officiels achetés entre janvier 2015 et novembre 2024 pour les anciens Premiers ministres et ministres, avec des précisions quant aux marques, modèles et prix. Adrien Duval reviendra à la charge avec trois questions. Il interrogera le Premier ministre sur les per diem accordés pour les récentes missions ministérielles à l’étranger — au Royaume-Uni, en Europe, en Suisse et aux États-Unis — et les conditions de voyage : première classe, business, limousine, etc. Il souhaite également le détail complet des missions effectuées par le Premier ministre, ministres et ministres adjoints depuis novembre 2024 : destinations, durée, objectifs, délégations et coûts totaux (billets, transports, indemnités journalières). Adrien Duval s’attardera aussi sur une question concernant les allocations et avantages des conseillers et conseillers seniors, demandant s’il y a eu une récente revision à la hausse et, le cas échéant, d’en donner le détail et la date d’application. Roshan Jhummun complète ce volet avec une question sur les coûts cumulés des missions officielles des Premiers ministres, ministres et députés sur les périodes 2015-2019 et 2020-2024.
Contrats publics, vente de MauBank et rémunérations
Autre sujet d’importance : la gouvernance financière. Nitish Beejan veut savoir si un Transaction Advisor a été nommé pour superviser la vente de MauBank Ltd., les conditions de son contrat et les montants perçus à ce jour. Roshan Jhummun s’intéresse à la rémunération de l’avocate Sonah Ori, pour tous services légaux ou fonctions exercées entre 2015 et 2024 au sein de ministères ou organismes parapublics.
Infrastructures : aéroport, État civil et signalétique
Tony Apollon revient sur l’aménagement de l’aéroport SSR et interroge sur la création de parkings, voies d’accès supplémentaires, signalétique, et la possible réouverture de l’ancien terminal. Ashley Ramdass souhaite quant à lui savoir si le bureau de l’État civil de Rose-Belle sera relocalisé dans des locaux plus adéquats, à proximité du service de santé qui délivre les autorisations de crémation.
Rodrigues : finances publiques et recommandations du PAC
Toujours concernant Rodrigues, Francisco François interrogera le chef du gouvernement sur les mesures prises pour renforcer la gouvernance financière au sein de l’Assemblée régionale, et si des directives ont été adoptées pour encadrer les réallocations budgétaires, comme recommandé dans le 4e rapport du Public Accounts Committee.
Reward Money, paiements bancaires et géopolitique
Kushal Lobine demandera à Navin Ramgoolam de faire un bilan des primes et récompenses allouées aux policiers sur les cinq derniers exercices, ainsi que les procédures d’attribution et les mécanismes de contrôle pour éviter les abus. Ludovic Caserne posera la question d’un éventuel abandon progressif du chèque bancaire comme mode de paiement officiel. Enfin, le député Farhad Aumeer s’attardera sur le dossier Chagos. Il veut savoir si la base militaire de Diego Garcia a été utilisée lors des récentes frappes américano-britanniques contre l’Iran.