(Concours de crèche international) Natacha Amurat Naiker (3e prix) : « J’ai peint la Sainte Famille sur une feuille de coco »

Graphiste de profession, Natacha Amurat Naiker a créé, il y a deux ans, sa compagnie Nat’s Design, spécialisée dans le recyclage d’objets. Elle a participé, en décembre 2020, à un concours de crèche international en France, organisé par Notre Dame Mère de la Lumière et qui a attiré 7 328 inscrits dans une soixantaine de pays. Elle s’est retrouvée dans le Top 10 pour décrocher, au final, la troisième place. Son concept pour ce concours, qui était porté sur la nativité, a été récompensé, car Natacha a eu le mérite de peindre la Sainte Famille sur une feuille de coco.

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La particularité de Natacha Amurat Naiker est de travailler selon son feeling. La nature est devenue sa principale source d’inspiration. Consciente du réchauffement planétaire, elle a trouvé, en le recyclage, un mode d’expression, voire une alternative vers la non-pollution. Elle insiste même sur le fait que le recyclage des déchets est devenu « indispensable » non seulement pour limiter la pollution, mais aussi pour préserver nos ressources naturelles. En alliant recyclage et créativité, Natacha parvient à donner une seconde vie aux déchets.
Autre talent de Natacha Amurat Naiker repose sur sa diversité, mélangeant décoration et des thèmes divers. Parallèlement, elle dira que la peinture est aussi son dada, mais que, faute de temps, elle n’avait pu toucher à  son pinceau pendant des années et que  le confinement de l’an dernier lui avait permis de se rattraper. Natacha raconte que ses journées de confinement, en 2020, elle les passait en dessinant, et comme elle n’avait pas le matériel requis, elle a utilisé celui à portée de main, d’où l’idée de dessiner sur une feuille de coco. « Toutes mes créations sont uniques, modestement je voulais me démarquer avec des créations originales et non du déjà-vu, car sur un marché saturé, ne pas sortir du lot, c’est rester invisible. »

Ses créations sont en effet différentes des autres artistes, car Natacha exploite beaucoup le bois, la feuille de coco, à tel point qu’on se demande avec quelle matière elle se sent plus en osmose. « Je puise mes créations dans tout ce qui m’entoure, précisément dans la nature. Je n’ai pas de matière préférée, du moment qu’elle m’inspire et que je trouve le plaisir de les mettre en lumière tout en leur redonnant une deuxième vie. » Revenant sur le concours de crèche, Notre Dame Mère de la Lumière, Natacha doit sa participation à un ami qui, dit-elle, lui a presque incité à le faire, trouvant en elle ce talent inné. Elle a alors posté son envoi sur la page https:avent.ndlm.fr. Lors d’une première joute, avec 7 328 inscrits d’une soixantaine de pays participant, Natacha s’est retrouvée au premier round, soit parmi les 20 premiers. Le deuxième round lui a valu de se propulser au rang des dix premiers, soit dans le Top 10, avant de décrocher la troisième place lors de la proclamation des résultats en décembre 2020.

Chaîne de bonheur

Quand on lui demande si cette reconnaissance est un tremplin pour une belle ouverture vers l’international, Natacha avoue ne pas y avoir vraiment pensé. Trouvant plutôt  en ce concours une manne inespérée, voire une belle occasion de se faire connaître tout en trouvant une forme de reconnaissance qui l’a beaucoup encouragée à continuer dans cette voie. En ce qui concerne ses différents styles de création et la technique utilisée pour la peinture, Natacha dira sans détour que son art est un moyen d’expression qui lui permet de transcrire ses émotions. « Lorsque je peins, je m’évade, je m’exprime et partage ma passion. J’utilise la peinture acrylique et, en général, je m’adapte au support, bois, feuilles et autres matières pour donner un joli rendu au dessin. »

La première œuvre de Natacha remonte à ses années scolaires vers l’âge de 17 ans. Depuis qu’elle s’est mise à son compte, il y a quelques années, elle a démarré ses créations et sa dernière œuvre s’articule autour d’une tête de cheval qu’elle a réalisée durant ce deuxième confinement. Avec le retour de la pandémie dans le pays, notre interlocutrice dit se tourner vers la vente en ligne tout en conservant une dimension humaine à travers ce partage qu’elle qualifie « d’émotions et de passions », se décrivant avant tout comme une artiste qui essaie de faire de sa passion son gagne-pain. « Si j’arrive à motiver d’autres personnes à recycler et être encore plus conscientes du défi environnemental, qui pèse sur notre petite île, j’aurais atteint un petit pas vers la culture du recyclage où il y a encore un gros travail à faire pour éveiller les consciences. »

Creative Woman, Natacha a sa propre entreprise en tant que graphiste et aujourd’hui son Violon d’Ingres fait partie prenante de ses sources de revenus dans cette période de confinement difficile, où tous les foyers vivent des moments d’anxiété. Pour soutenir l’entrepreneuriat au féminin, Natacha trouve qu’il faudrait le mettre en valeur en lui donnant des plateformes indiquées afin de promouvoir ses créations, des conseils en marketing et l’assistance nécessaire pour que les femmes entrepreneures puissent vivre de leurs talents, tout en donnant ses lettres de noblesse aux produits locaux et surtout encourager les Mauriciens à soutenir massivement le slogan « Aste lokal ». Natacha souhaite pour sa part distiller, à travers son art, de l’émotion et de la joie. « Je suis une artiste qui veut prolonger cette chaîne de bonheur à travers les créations que les gens achètent. Mes clients me connaissent à travers ma page Facebook Nat’s Design et sur Instagram (natsdesign). »

À l’heure du Lockdown, Natacha Amurat Naiker est en plein renouveau de réalisation. Elle a senti le besoin de faire quelque chose de constructif tout en gardant la positive attitude. À la question de savoir si, avec la pandémie et le confinement, l’entrepreneuriat devient un secteur à risque, Natacha répond que cela se ressent. Raison évoquée : « Des commandes annulées, entre autres, et dans certains secteurs moteurs du développement, comme l’hôtellerie et l’absence de touristes, c’est un coup de massue terrible. J’espère que très vite nous arriverons à revivre une vie normale et vivement la fin de cette pandémie, le confinement et toutes ces restrictions afin que tout un chacun puisse reprendre ses activités et surtout se réinventer pour faire face aux nouveaux défis. »

Après son couronnement en France en remportant le troisième prix pour ses talents d’artiste, Natacha nourrit l’espoir de mettre en place une exposition. Entre-temps, elle savoure son succès qui lui donne la motivation de créer pour embellir des vies.

 

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