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Dix ans après sa médaille olympique : Bruno Julie, champion de la combativité

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Dix ans après sa médaille olympique : Bruno Julie, champion de la combativité

Bruno Julie a remporté la médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Beijing, le 18 août 2008. Il est devenu le premier Mauricien à décrocher une médaille aux Jeux Olympiques. Aujourd’hui, le champion est devenu entraîneur du pôle espoirs de boxe et transmet son savoir aux jeunes.

“Après toutes ces années, je n’arrive toujours pas à croire que j’ai remporté la médaille de bronze aux Jeux Olympiques. C’est incroyable. L’émotion est toujours présente en moi. Le fait même de participer à cette compétition, c’était déjà énorme”, confie le champion, en nous montrant fièrement sa médaille. Dix années se sont écoulées depuis la participation de Bruno Julie aux Jeux Olympiques à Beijing en Chine. Celui qu’un commentateur avait surnommé the Mauritian magician durant la compétition n’oublie pas son combat contre le Cubain Yankiel León, qui lui a valu la médaille de bronze. Une première dans l’histoire du sport mauricien. “Le fait d’avoir été qualifié pour les Jeux Olympiques a été une victoire pour moi. C’est le rêve de beaucoup d’athlètes. Je l’ai vécu et j’en suis fier. J’ai toujours su que j’allais participer et briller à une telle compétition. J’ai tout fait pour. J’ai toujours visé la première marche du podium, même si je n’ai pas toujours remporté tous mes combats.”

Un goût amer.
Un frisson d’émotion le gagne lorsqu’il se rappelle ce moment et l’accueil triomphal reçu à son retour au pays en 2008. Sa performance remarquable est restée dans les annales. De nombreuses personnes le reconnaissent à Maurice et ailleurs. “Il y a des gens qui ont peur de m’aborder, croyant que je suis prétentieux et que je ne vais pas leur adresser un mot. Parfois, quand certains me croisent, j’ai l’impression que c’est hier que j’ai participé aux Jeux Olympiques”, raconte the Creole crusher. En 2012, lorsqu’il accompagne la délégation de boxe aux Jeux Olympiques à Londres, il reçoit le même accueil. “Les Anglais savaient qui j’étais, alors que je ne participais pas aux combats. Ils me saluaient et voulaient un autographe”, confie celui qui a été fait Member of the Order of the Star and Key of The Indian Ocean (MSK) en 2008.
Jouant avec sa médaille appendue à un ruban, l’ancien étudiant du collège Victoria à Rose-Hill avoue toutefois qu’il ressent comme un goût amer lorsqu’il visionne la vidéo de la demi-finale. “À chaque fois que je regarde ce match, je considère que je l’ai remporté. L’arbitre a mal jugé le combat. Le jury m’a mal noté.”

Le soutien qu’il n’a pas reçu.
Un autre regret remonte un an avant son passage aux Jeux Olympiques de Beijing. En 2007, il participe au championnat de boxe du monde à Chicago. Il atteint uniquement les huitièmes de finale. Il vit mal l’échec. “J’avais un short de boxe rouge et noir durant deux combats. Comme par hasard, pour le troisième combat, on m’a prévenu que je ne pouvais pas porter le même short. Cela m’a perturbé d’avoir été averti à la dernière minute. Ils ont servi cette stratégie pour me déstabiliser. Je n’avais pas de short de boxe de rechange et j’ai dû porter un short qui n’était pas le mien. Il était rempli de baume antidouleur et ça me brûlait. En visionnant le combat, on voit clairement que c’est moi qui aurais dû le remporter.”

Assis dans sa modeste maison à Plaisance, le premier médaillé de l’histoire de Maurice aux Jeux Olympiques évoque sans langue de bois le soutien qu’il n’a pas reçu après son coup de poing final en 2012. Il se rêvait entraîneur de boxe de l’équipe nationale. “Un sportif fait beaucoup de sacrifices. Normalement, je n’aurais pas dû aller frapper à la porte du ministère des sports. Je m’attendais à plus de considération après avoir défendu les couleurs de mon pays. J’ai fait mes preuves à toutes les compétitions auxquelles j’ai participé. Je ne critique personne, mais d’autres sportifs ont été vite promus entraîneurs.”
Après plusieurs années d’attente, Bruno Julie est devenu cette année l’entraîneur du Pôle espoirs de boxe et il entraîne également l’école de boxe de Trèfles/Stanley. “La plupart des boxeurs à l’étranger qui ont débuté en même temps que moi sont devenus coaches à un jeune âge. Dans le passé, ils m’ont souvent demandé ce que je devenais de mon côté.” Il insiste sur le fait que l’État aurait dû lui donner sa chance de transmettre plus tôt ses connaissances aux autres. “À Maurice, il y a de nombreux athlètes qui ont du potentiel. Je ne comprends pas pourquoi nous faisons toujours appel à des entraîneurs étrangers.”

Un mental d’acier.
En dépit des vicissitudes de la vie, Bruno Julie est un homme heureux. Il travaille le matin au CEB; le soir, il revêt sa tenue d’entraîneur. “Je consacre énormément de temps au sport. C’est mon quotidien, mon passe-temps. Je suis très pieux. Je crois fermement que sans dieu, rien n’est possible. Tout ce que j’ai eu, c’est grâce à dieu.” 

Il constate que les jeunes fournissent beaucoup d’efforts. Ils sont appliqués et suivent ses conseils. “Ils savent que la personne qui les entraîne a eu une grande carrière. Ils m’apprécient beaucoup. Je suis fier de dire que certains sortent du lot. Lors des derniers tournois, quelques-uns ont été sacrés champions”, précise celui qui, enfant, était un peu brigan-brigan et adorait se bagarrer. Grâce à la boxe, Bruno Julie s’est forgé un mental d’acier et est devenu un adulte responsable. “En me mettant au sport sérieusement, cela m’a permis de changer et de faire sortir le meilleur de moi-même. Li pa kouma to lor lari”, souligne celui qui a été l’élève de Guy Bazerque, Franky Lesage et Judex Bazile.

Aujourd’hui, l’une des motivations du vainqueur est de pouvoir éloigner les jeunes des fléaux qui les guettent. “Le sport leur évite de faire n’importe quoi. Labox, se enn konba ki mo’nn fer ziska sa laz-la. Aster, se enn konba ki mo pe say fer pou tir bann zenn dan bann fleo.”

“Je lance un appel aux parents. Si votre enfant s’intéresse au sport, il faut le soutenir. Il ne faut jamais forcer un enfant à s’adonner à un sport. Cela doit être spontané.”

Olivia Julie sur les traces de son père

Olympia Julie, sur les traces de son père
“Ma fille Olympia s’est intéressée toute seule à la boxe. Je ne l’ai jamais forcée à pratiquer le même sport que moi. Elle sait qui est son père. Je suis son premier entraîneur. Parfois, je suis obligée de lui dire de ne pas trop s’entraîner car elle est très jeune. Elle a participé à son premier gala de boxe et elle a décroché la médaille d’or. Elle a fait mieux que moi. Elle n’a que 9 ans. À l’âge de 11 ans, j’ai remporté ma première médaille. Je veux qu’elle réussisse et qu’elle ait une belle carrière. Bien plus belle que la mienne.”

Les moments marquants de son parcours
2001 : Il participe aux African Amateur Boxing Championships à Yaoundé et remporte la médaille d’argent.
2003 : Il remporte la médaille d’or aux Jeux des Îles à Maurice et aux African Amateur Boxing Championships à Yaoundé.
2006 : Médaillé d’argent aux Jeux du Commonwealth en Australie.
2007 : Il atteint les huitièmes de finale au Championnat du monde à Chicago. La même année, il remporte la médaille d’or au Championnat d’Afrique à Madagascar, la médaille de bronze aux Jeux Panafricains en Algérie et la médaille d’or au Championnat du Commonwealth en Angleterre.
2008 : La consécration. Il devient le premier Mauricien à remporter une médaille (de bronze) aux Jeux Olympiques, en Chine.
2009 : Il participe aux Jeux de la Francophonie au Liban et remporte la médaille d’argent.
2010 : Médaillé de bronze aux Jeux du Commonwealth en Inde.
2011 : L’année de ses derniers combats de boxe. Il remporte la médaille d’or aux Jeux d’Afrique au Mozambique, la médaille d’argent aux Jeux des Îles aux Seychelles et au Championnat d’Afrique à Yaoundé.

BIO EXPRESS
Situation familiale : Divorcé et père de trois enfants.
Âge : 39 ans.
Profession : Employé dans le département Welfare au CEB.
Totem : Cheval.
Plus grande frayeur : Décevoir sa famille.
Plat préféré : Minn bwi.
Film préféré : Tous les films de Jackie Chan.
Chanteur préféré : Blakkayo.