Dr François Tadebois : « Raviver la passion au sein du corps médical, plus que jamais ultra-sollicité ! »

L’actuelle explosion de décès et de nouvelles contaminations au Covid-19 dans le pays, avec la présence du variant Delta, ne laisse nullement indifférent le nouveau président du Medical Council (MC), le Dr François Tadebois. Bien au contraire !

- Publicité -

S’il a créé la surprise en devenant sinon le premier, du moins l’un des très rares professionnels du privé à accéder à ce poste, le Dr Tadebois, membre de la Private Medical Practitioners Association (PMPA) est surtout d’avis que plus que jamais, les membres du corps médical sont très sollicités en cette période de crise sanitaire. « Certes, avec le poids de la pandémie et les longs mois qui s’enchaînent, la fatigue et le burn-out sont des facteurs non négligeables. » Il met ainsi l’accent sur l’importance de « raviver la passion au sein du corps médical afin de dégager une synergie productive, une dynamique performante entre le public et le privé, en ces temps difficiles, afin de rendre à ce noble métier sa valeur originelle ».

Quelles sont vos priorités en tant que nouveau président du Medical Council (MC) ?
Il faut d’abord que je situe le contexte de mon élection. Jusqu’au 31 octobre, le MC avait en la personne du Dr Shyam Parmessur son président actuel. Mais quand ce confrère est décédé des suites d’une longue maladie, il a fallu, en urgence, un président pour chapeauter l’instance, surtout dans le but de veiller au “day-to-day running” de l’organisme qui, comme tout le monde le sait, fonctionne à plein régime tout au long de l’année. C’est dans cette configuration qu’intervient donc mon élection. Je ne suis d’ailleurs là que jusqu’à fin janvier 2022 quand auront lieu les prochaines élections pour la constitution du nouveau “board” du MC.

Cela dit, des priorités, nous en avons actuellement une foule. Déjà, il y a une quarantaine de dossiers de patients, portant sur des allégations de négligence médicale, et sur lesquels nous sommes amenés à faire des investigations. Ce n’est pas maintenant, soudainement, que sont tombés ces dossiers. Nos membres planchent dessus et on a beaucoup avancé, je dois dire.

De même, nous sommes parvenus à reporter les examens de CPD (Continuing Professional Development) pour cette année courante vu qu’il y avait des éléments comme le fait que de très nombreux confrères n’ont pu convenablement suivre ces formations continues et n’étaient ainsi pas prêts, cette année, avec la crise sanitaire.

En parlant de la crise du Covid-19, justement quel est le rôle du Medical Council sur ce plan ?
Le Medical Council est régi par la Medical Council Act. Nous avons pour mandat de réfléchir et d’œuvrer pour l’amélioration des services et prestations de santé. Nous sommes tenus d’injecter de nouvelles idées pour améliorer le système de santé, public et privé. Pour ce faire, le ministre de la Santé doit nous conseiller dans cette direction. Néanmoins, le Medical Council demeure une instance indépendante.

En ces temps de crise sanitaire, depuis l’an dernier, le Medical Council ne peut aucunement ignorer les urgences nouvelles, voire inédites. Nous avons vu comment les services de santé sont ultra-sollicités, depuis peu. Il me semble qu’il devient important, impératif même, d’apporter des idées nouvelles et fraîches pour définir un système de santé performant, qui réponde aux besoins de plus en plus grandissants, des patients. En ce sens, il convient de donner les meilleures possibilités à chacun. Par exemple, il y a certains qui sont davantage portés sur les recherches, les expérimentations. Qu’ils aient l’opportunité d’aller plus loin dans cette avenue ! Et il y a ces autres qui sont très bons dans leur pratique, que ce soient des spécialistes ou des généralistes.

Dans le même souffle, je dirais que raviver la passion, au sein du corps médical, revêt aussi toute son importance. Cela permet, en somme, de développer une synergie intéressante entre tous ces « acteurs » du corps médical afin que les patients, les principaux concernés, en soient les grands bénéficiaires !
Cette crise sanitaire nous est tombée dessus et c’est à nous d’en tirer les bonnes leçons et de développer les “best practices” afin de faire avancer cette noble profession.

Quels sont les secteurs où justement il y a urgence actuellement ?
Très certainement dans nos hôpitaux, tout d’abord ! Avec le burn-out de nos “frontliners”, il y a énormément à faire. Ça commence par exemple avec une excellente communication, de la formation complète. Il y a dans l’attitude et l’approche envers les patients une foule de choses à peaufiner, “fine tune”. Le “patients’ literacy” est un aspect fondamental et de grande importance. Développer et travailler l’approche, la prise de contact, la communication entre le personnel médical et le patient est un aspect primordial.
Le sens de la compassion, de l’écoute, tout cela est d’une extrême importance en cette période de crise, où les détresses et les souffrances sont mises en avant. Le patient ne vient pas se faire rabrouer, mais il recherche une oreille attentive et sa guérison.
J’irais même plus loin, et je dirais qu’avec notre mandat, au Medical Council, l’on peut apporter sa part en améliorant l’organisation du travail, par exemple. Réaménager le plan de travail afin de permettre à chacun des espaces personnels et des plages de repos pour se ressourcer.

De quelle manière le Medical Council peut davantage appuyer l’effort national dans cette lutte sans merci contre le virus ?

Il y a certainement l’éducation et la formation continue. Tous les médecins ne savent pas « tout » de quelque sujet dont le Covid-19. Les médecins du public ont peut-être eu droit à des “briefings” et des sessions de travail, grâce auxquels ils maîtrisent mieux le dossier. Mais tous ne sont pas logés à la même enseigne. Certains parmi eux n’ont malheureusement pas eu accès à cette formation intense. Et c’est pire dans le privé ! Bon nombre de médecins sont livrés à eux-mêmes et se documentent par leurs propres moyens.

Il convient donc de travailler, peaufiner et de synchroniser tout cela afin de disposer d’un corps médical performant, qui soit prêt à relever des défis.

À votre avis, est-ce que les médecins du privé sont suffisamment mis à contribution dans la lutte contre le Covid-19 ? Si non, qu’est-ce qui doit être fait pour remédier à cela ?
Comme je l’ai dit, la plupart des médecins du privé n’ont pas eu accès aux formations et données afin de venir en aide à leurs patients comme bon nombre de leurs collègues du secteur public. Mais définitivement, il convient d’œuvrer en ce sens ! C’est ensemble que nous parviendrons à lutter contre ce virus. Cette lutte concerne tout le corps médical, dans toute son uniformité, les docteurs du privé et les docteurs du public, ensemble, contre le virus. Et non des docteurs contre d’autres collègues, ou des médecins versus des patients.

 

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -