Après un an : quid des mesures du Budget « resilience, recovery et revival » de 2021/22 ?

Le Budget "populiste" de 2021/22 voulait maintenir le pouvoir d'achat et la qualité de vie. Et ce, face à une pandémie évolutive et des caisses publiques dans le rouge.

« Recovery, Revival, Resilience ». Il y a un an, le gouvernement l’avait deviné : la grande question qui animait la population à l’approche de l’exercice budgétaire avait trait à l’allègement des restrictions sanitaires et à l’ouverture des frontières. De même qu’au maintien du pouvoir d’achat. Surtout après un deuxième confinement allégé. Le gouvernement avait tout misé sur la vaccination, forçant la population – à travers des lois et des règlementations restrictives – à se faire inoculer.

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Pour appuyer davantage cette politique et soutenir également les finances publiques dans le rouge (qui le seront davantage avec les milliards devant être versés par l’Etat à Betamax quelques jours plus tard), le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, s’était essayé à une acrobatie. Ce vendredi 11 juin 2021 il avait imposé deux roupies sur le litre d’essence pour, disait-il, financer la campagne de vaccination gratuite.

Déjà à l’annonce de cette mesure, des ricanements devaient s’échapper des bancs de l’opposition au sein de l’hémicycle. Le Grand Argentier était peu convaincant. Pour cause, une partie des vaccins dont disposait Maurice avait été offerte par des pays comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Inde, la Chine et la Russie.

D’autre part, c’est la question de l’allègement des restrictions qui constituait un pilier majeur de l’exercice budgétaire de 2021. Ça l’est toujours cette année. En effet, chez nos voisins de La Réunion, nul besoin de masque sanitaire. Les concerts et festivals, dont celui du Sakifo organisé en ce début de mois, se tiennent normalement. Permettant ainsi à une multitude de secteurs – art, tourisme, restauration… – de vivre de nouveau.

A Maurice, les dirigeants de boîtes de nuit et les employés de l’évènementiel placent énormément d’espoir en cet exercice financier. L’ensemble de cette industrie survit péniblement sous le coup de l’interdiction de rassemblement de plus de 50 personnes et la fermeture des discothèques. Des acrobaties légales risquées – ainsi que des tractations de dessous de table suspectées – permettent à certains de pouvoir « deroule » comme-ci c’était « business as usual ».

Cependant en 2021, l’appel des hôteliers, des restaurateurs, de la centaine de miiers d’employés vivant grâce au tourisme devait être entendu. Renganaden Padayachy annonçait la réouverture des frontières en deux phases devant intervenir en juillet et en octobre. Le but étant notamment de revigorer les finances publiques, qui allaient à la dérive, avec des décaissements conséquents depuis la Banque centrale. Les avertissements de l’opposition, à l’effet que ces fonds retirés des réserves auront un effet néfaste sur la roupie, devaient rester lettre morte. La roupie a ainsi connu une importante inflation en seulement une année. Au 6 juin 2021, le dollar s’achetait à Rs 39,50. Il vaut désormais Rs 43,45

Des non-dits du Budget, la presse faisait état d’une dette publique de Rs 456,6 Mds. De fait, le prix de  l’alcool et des cigarettes avait été majoré pour tenter d’y subvenir. Le ministre Padayachy prévoyait en parallèle une hausse (Rs 11,5 Mds) des taxes récoltées, et ce, à un période où la consommation globale était en baisse. Et en même temps, il présentait une multitude de projets pour sak ti landrwa, les citant un par un.

Les craintes d’augmentation de prix tout azimuts exprimées par l’opposition et les experts se sont révélées justifiées. Hormis une poignée de denrées, l’ensemble des produits de consommations sont plus onéreux. Quant aux prix du carburant, ils devaient connaitre trois hausses en 2022. L’obligation émis par la police aux trainees de ramener au moins cinq contraventions pour non port du masque sanitaire (qui vaut une amende de Rs 2 000) devait confirmer l’opération de Grat Kot Kapav à laquelle se livre le gouvernement.

Une question qui ressortait – et qui avait été mise de l’avant par l’économiste Pierre Dinan – s’axait autour du financement des projets annoncés par le ministre des Finances. Un an plus tard, davantage d’interrogations subsistent notamment quant à la construction de drains et de 12 000 maisons sociales, la création d’un Green Energy Industry (nouveau pôle économique annoncé), la hausse du financement de la police, l’extension du métro express jusqu’à Réduit (finalement assuré par l’Inde), les lunettes gratuites aux jeunes, la distribution de serviettes hygiéniques aux adolescentes…

Le « budget populiste », décrivaient les experts, qui « follows the philosophy of Sir Anerood Jugnauth », soutenait le ministre des Finances, prévoyait également une diminution des dépenses publiques avec des estimations à la baisses (de Rs 214,3 Mds à Rs 190 Mds).

Au terme, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, félicitait Renganaden Padayachy d’avoir présenté un Budget qui permet de « maintenir la résilience sociale », qui « vise à assurer la continuité, à soutenir la population en maintenant le pouvoir d’achat et la qualité de vie ».

Les heurts qui ont éclaté à travers l’île en raison de la cherté de la vie ont finalement donné tort au Premier ministre et à l’ensemble de son gouvernement. Gageons que la guerre russo-ukrainienne aura le dos rond.

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