Le Mauritius Sugar Syndicate et le ministère de l’Agro-industrie semblent être sur la même longueur d’onde. Face aux 40 000 hectares de plantations de canne abandonnées, ils tirent la sonnette d’alarme pour inverser la tendance, avec un arrêt de la conversion des terres agricoles de premier choix, car il y va de la sécurité alimentaire du pays.
Le président sortant du Syndicat des Sucres, Roshan Baguant, qui intervenait lors de l’assemblée générale, a déploré que malgré la hausse du prix du sucre à Rs 25 554 la tonne, la production sucrière locale a dégringolé à un niveau alarmant de 232 000 tonnes. Il s’est lancé dans un plaidoyer : « While we understand the need to convert land for other economic purposes, it is regrettable that over 10 000 hectares, i.e., a hefty quarter of the 39 199 hectares harvested in 2022, are simply abandoned and not utilized otherwise. »
Roshan Baguant a interpellé directement le ministre, affirmant : « An urgent reversal of this trend is warranted. Not only should we recover these abandoned lands back to cane, but we should also refrain from converting further prime agricultural lands, for the ake of our food security, energy security and our environment. We should also not forget that as production goes down, the competitiveness of the industry and the flexibility to seek the highest value in the market will be seriously jeopardized. »
Vikram Hurdoyal, abonde dans le même sens : « Currently, there are approximately 40 000 hectares of abandoned land. One of my top priorities is to encourage the plantation of sugarcane on these abandoned lands in order to increase our production capacity. It is imperative that we use available resources to maximize productivity, which will in turn lead to better remuneration and increased availability of bagasse. »
Par ailleurs, il est revenu sur la nécessité de diversifier le secteur : « I recognize the need for diversification within the sugarcane sector. To promote resilience and adaptability, I am committed to introducing a wider range of sugarcane varieties. By exploring different cultivars and hybrids, we can enhance the quality of our sugarcane and expand our market opportunities. »
Devesh Dukhira, Chief Executive Officer du Syndicat des Sucres, a mis l’accent sur les coûts de production, qui continuent d’augmenter dans le monde entier, exacerbés par la flambée inflationniste post-Covid et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, que ce soit de l’engrais ou de l’énergie pour la transformation du sucre. Il a indiqué que l’Europe a été le principal marché pour le sucre mauricien pour la précédente récolte, représentant 80% des exportations, contre 50% pour la récolte de 2021.
Il a ajouté que la vente de sucres spéciaux est de l’ordre de 136 000 tonnes, en progression de 18% comparativement à l’année précédente. « These changes in the sales mix demonstrate the agility to seek the best value for every ton of sugar while reaffirming the necessity for the industry to maintain flexibility on its product mix », dit-il.
Devesh Dukhira rappelle que la Sustainability Certification est bien plus qu’un simple facteur de différenciation, « but has become a must in the segments where Mauritius sugars are sold ». Pour la récolte de 2022, plus de 45 000 tonnes de sucre certifié Bonsucro ont été mises en vente, tandis que 13 600 tonnes de sucre certifié Fairtrade ont été produites et vendues.
Roshan Baguant se réjouit de la concrétisation du National Biomass Framework, venant renforcer l’importance de la canne à sucre dans le mix énergétique du pays, surtout dans l’objectif visant à atteindre 60% d’énergies renouvelables d’ici 2030. « The bagasse and thrash will be derived from an estimated 3.8 M tons of sugarcane, and a recovery plan has been announced to attain this target by 2030, namely Accompanying Measures to restore abandoned cane lands and the Cane Replantation Scheme to facilitate regular renewal of old rations », avance-t-il.
Pour sa part, le ministre Hurdoyal a qualifié le National Biomass Framework de Game Changer pour l’industrie cannière, contribuant à augmenter les recettes des planteurs, des producteurs et des Independent Power Producers (IPPs). « These measures will definitely assist and contribute to the objective fixed by Government to increase the production of green and renewable energy to 60% of the total energy mix by 2030 », fait-il ressortir.
Le ministre a rappelé que le Premier ministre a été impliqué dans l’adoption et la ratification de l’Alliance for Bio Fuel en marge du récent sommet du G20 de New Delhi. Démarche qui devra générer des effets en cascade et encourager les opérateurs à adopter des projets verts avec l’exploitation des sources d’énergie renouvelables.
À noter encore que Fabien Enouf, CEO d’Alteo, a été élu à la présidence du Mauritius Sugar Syndicate, succédant à Roshan Baguant. Sandip Seebarrun a été élu vice-président.