BUDGET 2014 : Le JEC identifie 5 maux et propose 5 remèdes

Les deux prochaines semaines s’annoncent cruciales dans les étapes menant à la présentation du budget 2014 à l’Assemblée nationale par le vice-Premier ministre et ministre des Finances, Xavier-Luc Duval, annoncée pour le vendredi 8 novembre. Les consultations entre les membres de la Budget Team, menée conjointement par le secrétaire financier, Dev Manraj et Xavier-Luc Duval, et le Prime Minister’s Office en vue de mettre au point les grandes orientations budgétaires, devront connaître une nette accélération avant même le prochain long week-end férié de la Toussaint et de Divali. Les arbitrages au sujet des Budget Estimates entre les différents ministères sont sur le point d’être bouclés. Le début de la semaine écoulée a vu le déroulement des consultations prébudgétaires entre le vice-Premier ministre et ministre des Finances et une délégation des plus importants opérateurs économiques du pays sous l’égide du Joint Economic Council (JEC). Les principaux stakeholders ont brossé un tableau de la situation et des perspectives économiques en identifiant cinq maux majeurs et en proposant cinq remèdes susceptibles de recadrer l’économie sur la voie de la croissance robuste d’il y a quelques années.
Présentant l’economic landscape, le JEC concède que malgré tout ce qui a été dit en terme de résilience économique, Maurice est restée dans la zone rouge suite à une conjugaison de facteurs externes comme la conjoncture économique internationale et d’inhibiting factors sur le plan local, dont ce qui est présenté comme le Cumberson Business Environment et les délais accumulés dans la mise à exécution de l’agenda de réformes domestiques.
Ainsi, les cinq maux de l’économie diagnostiqués par le JEC sont une croissance économique en déclin au cours de ces quatre dernières années, la léthargie qui s’est emparée de l’évolution des investissements privés, la détérioration quasi chronique du niveau du chômage de ces dernières années, l’aggravation des soldes extérieurs et la relégation au second plan de l’agenda de réforme (sub-optimal reform agenda). Avant de proposer une série de cinq mesures correctives, dont la reconduction pour une année supplémentaire jusqu’en décembre 2015 des facilités sous le National Resilience Fund en vue d’assurer l’encadrement de la restructuration engagée par des opérateurs économiques face aux effets de la crise internationale, le JEC souligne les faiblesses de l’économie au cours de ces denières année comme suit :
Croissance : le taux moyen de 3,5% annuellement enregistré au cours de la période allant de 2009 à 2013 est nettement inférieur aux 4,8% par an de 2004 à 2008, reflétant du même coup « the waning resilience of the Mauritian economy to external shocks ». 2013 ne s’annoce nullement sous de meilleurs auspices car le taux prévu n’est autre qu’un 3,2%, le JEC soutenant que cette performance est en passe d’être réalisée « in spite of the statistical impact of a tempered output base engendered by the cumulative effect of years of sub-par activity levels emanating from key pillars and upcoming sectors ».
Les prévisions établies sont que la situation ne devra pas connaître d’amélioration sensible en raison de la « dampened demand » des partenaires économiques à l’étranger, notamment dans les secteurs du tourisme et du textile, en dépit des efforts de diversification de marchés.
Investissements : une contrainte majeure à l’économie se présente sous la forme d’un net ralentissement des investissements, notamment dans le privé. L’année dernière, les investissements privés ont contracté de 2% et la tendance pour cette année n’est guère différente avec une baisse toujours de mise. « Private investment contracted by nearly 2% in 2012 on the back of soft economic conditions, heightened uncertainty levels and the restrained revenue generating capacity of enterprises amongst others », ajoute le JEC.
De ce fait, le secteur pivé s’attend à voir cette tendance se maintenir pour quelques années encore avec un ratio des investissements par rapport au Produit intérieur brut de 16% en 2013 contre une moyenne de 20% au cours de ces dernières années. « This level is well beneath the 24% ratio being advocated to materially boost the country’s in-built productive potential and foreign competitiveness », met en garde le Memorandum on Budget 2014 du JEC.
Chômage : la sonnette d’alarme est tirée de nouveau quant aux conséquences du ralentissement de l’économie sur le chômage. « The job creation capacity of Mauritius has been hampered in recent years, reflecting challenging economic conditions, generally sluggish capital formation and the persistence of skills mismatches in an ever-increasingly sophisticated ans services-economy », note le secteur privé.
« Worrisome external imbalance »
Les principales caractéristiques dérangeantes du chômage restent un taux au-dessus de la moyenne, soit de 12%, de chômage au sein de la main-d’oeuvre féminine et pire encore, 41% des demandeurs d’emploi sont âgés de moins de 25 ans, donnant un taux de 23% parmi les jeunes en général. Le JEC s’inquiète également du Labour Acitivity Rate de 60%, présenté comme étant inférieur au taux prévalant dans certains pays en Afrique.
« The national indicator is low when compared to peer countries with broadly similar levels of economic development like ours where corresponding rates of 70% or more can be witnessed », fait-on comprendre du côté du secteur privé, rappelant que le taux de chômage a grimpé à 8,7% à la fin du premier trimestre de cette année.
Soldes extérieurs : le déficit de la balance commerciale de Rs 80,6 milliards enregistré l’année dernière suscite des inquiétudes, d’autant que les données pour le premier semestre de cette année n’attestent nullement l’éventualité d’un renversement de tendance avec une baisse dans les exportations de textile.
Les répercussions se font sentir avec un « high current account deficit », de l’ordre de 10% l’année dernière et la possibilité que cet indicateur économique « will remain at worrisome levels this year ». Pour le premier semestre de cette année, le déficit des comptes courants s’est aggravé de 11% pour se retrouver à hauteur de Rs 14,3 milliards avec des baisses substantielles au niveau des services et des revenus et autres « current transfer accounts ».
Le JEC avertit à ce même chapitre que « the positive outcome on the balance of payments should not mask the seriouness of the country’s worrisome external imbalance as exemplified by the elevated current account deficit, thereby calling for efforts to be geared up to upgrade competitiveness ».
Reform Agenda : la relégation au second plan de l’agenda de la réforme se traduit par des faiblesses au niveau de la productivité et de la compétitivité, le JEC soulignant que « the impetus of the current national reform process is viewed to have somewhat stalled in recent years, while appearing to be marked by some degrees of inconsistencies. The delay in the reforms in the public utilities sector (water and energy) as well as in the various State-owned enterprises have not yet been addressed ».
Série de mesures
Le JEC préconise une série de mesures en vue d’insuffler un nouvel élan à l’économie en vue de pouvoir réaliser le potentiel de croissance à long terme d’au moins 6% au lieu des 4,5% actuellement. « The policy response of the 2014 Budget should aim at reversing the declining trend of private investment to give a boost to growth and to create new jobs », anticipe le secteur privé.
L’une des premières propositions budgétaires du JEC vise à étendre pour une période de douze mois, soit à décembre 2015, le National Resilience Fund car « ‘the global economic recovery is still very fragile and companies are restructuring in terms of product improvement and market diversification ». Dans cette perspective, le secteur privé demande que le plafond du LEMS (Forex) soit doublé de Rs 1 milliard à Rs 2 milliards l’année prochaine et le Skills Working Group pour le placement des chômeurs dans des entreprises soit plus flexible dans son approche pour passer à la vitesse supérieure après l’étape initiale des 3 000 placements au sein de 325 compagnies.
Au chapitre du marché de l’emploi, le JEC évoque « the apparent paradox » où Maurice a recours à la main-d’oeuvre étrangère de l’ordre de 40 000 alors que le taux de chômage ne cesse de grimper. « In order to overhaul this major issue (of massive skill mismatch), the industry and the training institutions have to work closely and to optimise resources for training. In this context, we would suggest a fundamental review of the management of the Human Resource Development Council (HRDC), its funding, the training levy and refund mechanism », propose le secteur privé.
Le JEC fait comprendre que depuis juillet 2009, le financement du budget est assuré à partir des réserves générées par le levy imposé sur les employeurs. Le mémoire cite le fait que plus de Rs 254 millions ont été puisées des réserves accumulées pour des dépenses opérationnelles publiques au lieu de financer la formation. « On current trend, the reserve will be depleted by 2014 », prévient le JEC.
En ce qui concerne les contributions des employeurs au Transitional Unemployent Benefit (TUB), le montant est de Rs 1,7 milliard, alors les déboursements de ces mêmes fonds ne représentent que Rs 427 millions vu que « the lay-offs have been much below the forecasted level (in the context of the global financial crisis) ». Au vu de la tendance enregistrée pour les déboursements, les fonds sous le Transitional Unemployment Benefit devront suffire pour couvrir les opérations des dix prochaines années.
De ce fait, le JEC propose un réajustement à ces contributions avec 1% des 1,5% du levy imposé consacré à la formation et 0,5% au TUB avec interdiction d’utiliser le Traning Levy Fund pour le financement des opérations du HRDC.
Parmi les autres remèdes préconisés par le JEC, relevons la mise en place de procédures transparentes pour l’importation de la main-d’oeuvre étrangère avec le renewal cost de Rs 10 000 revu à la baisse, un paradigm shift dans le business facilitation environment, dont une révision de la Business Facilitation Act, la possibilité pour des investisseurs étrangers de faire l’acquisition de biens immobiliers dans un cadre bien défini et l’accélération de l’adoption de l’Africa Agenda.
Nouvelle impulsion
Le JEC met l’accent sur l’importance d’une nouvelle impulsion au Reform Agenda avec pour objectifs d’optimiser la performance des activités économiques traditionnelles, de se réajuster aux nouveaux défis sur le plan économique et de générer des opportunités d’investissements. Les principales composantes de cet agenda de réforme devront comprendre une nouvelle définition de la position de Maurice en tant que centre financier international, la mise en place d’un level playing field entre opérateurs économiques de tous les secteurs, une optimisation du potentiel dans le secteur énergétique,
une réforme dans le secteur de l’eau, l’adoption d’un cadre pour un Real Estate Investment Trust, la transformation de Port-Louis en tant que hub commercial international, l’implantation d’un Innovation Matching Grant, le positionnement de Maurice en tant que destination de shopping et le renforcement de la competent authority dans le secteur du seafood hub.
Le cadre légal nécessaire dans le secteur du seafood hub est une condition sine qua non pour les prochaines étapes de développement de ce secteur économique, qui a enregistré un taux de croissance supérieur à 11%. « Europe is our main market and in this context, the competent authority which certified all exports to EU must be properly structured », s’insurge le JEC, qui fait état d’un rapport des autorités vétérinaires en date de 2009, faisant étant d’importantes lacunes dans le contrôle de la qualité des exportations. Cette étape devra être franchie avant la prochaine mission du Food and Veterinary Office de la Commission Européenne.
En conclusion, le JEC note qu’avec la présentation du prochain budget, « Mauritius must renew the high growth path. With the recovery, though very fragile, and the emergence of Africa, there are new opportunities on the horizon. Mauritius can build on these new opportunities and, as such, we should accelerate both on reform and Africa Agenda ».

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