CORPS PARAPUBLICS : La gestion de la MBC, du CEB et de la CWA en ligne de mire

La gestion et la performance des corps paraétatiques, qui bénéficient des finances publiques représentant plus de 3% du Produit intérieur Brut (PIB), demeurent une préoccupation majeure. En prévision du Country Partnership Framework avec la Banque mondiale pour les cinq à sept ans à venir avec accent sur les State-Owned Enteprise Governance Reforms, le gouvernement a pris la décision de procéder, à partir de ce mois, à une évaluation du Top Management et du Chairmanship de ces corps parapublics et de procéder à des changements si le besoin se fait sentir. Toutefois, dans l’immédiat et atttendant le démarrage de ce premier Grand Oral, trois organismes parapublics, en l’occurrence la Mauritius Broadcasting Corporation, le Central Electricity Board et la Central Water Authority, sont en ligne de mire vu leur rayonnement et leur visibilité politiques et stratégiques sur la place.
La Banque Mondiale, qui place une prime sur les State-Owned Enterprises, ne se prive pas pour faire ressortir que « the current legal framework and reporting practices of SOEs negatively impact service-delivery outcomes. Accelerating the pace of SOE governance reforms would play a critical role in raising SOE accountability », note le document de discussions Mauritius Systematic Country Diagnostic. La Banque Mondiale recommande un renforcement de la supervision et du monitoring de ces corps paraétatiques en vue de « get value for money ».
Des sources bien informées à l’Hôtel du gouvernement indiquent que la question a été évoquée lors de récentes délibérations du Conseil des ministres en vue d’obtenir le feu vert pour l’évaluation de la performance du Management de ces organismes parapublics en tenant en ligne de compte le fait qu' »accountability of SOEs should be made clear either through corporate objectives anchored in laws, regulations, or cabinet decisions or through performance contracts disclosed to the public ».
Toutefois, en prélude à la mise à exécution de cette décision du gouvernement, le Top Management de la MBC est dans la collimateur avec pour exigence des changements en profondeur. Désormais sous la tutelle du ministère de la Bonne Gouvernance, avec la démission de Pravind Jugnauth du gouvernement, la station de radio et de télévision nationale sera appelée à projeter une « nouvelle image, qui ne soit pas en déphasage avec le concept de bonne gouvernance ». C’est ce que laissent entendre des sources autorisées au ministère de tutelle.
En fin de semaine, le Chairman du Board de la MCB et des responsables des différents départements, et en particulier du Newsroom et de la production locale, ont participé à des réunions de travail en vue de procéder à un Revamping de la grille de programmation locale et de la couverture de l’actualité locale que ce soit pour les Prime Time News Bulletins à la télévision, ou pour des émissions locales, dont des débats sur des sujets d’actualité chaude.
A ce stade, très peu de détails ont transpiré sur les orientations définies, ou encore les objectifs arrêtés. Mais ces mêmes sources laissent entendre que les directives et consignes sont que dans les jours à venir, ces changements devront s’imposer sur le petit écran pour prendre ses distances de la posture « Yes Minister », qui continue à prévaloir. Faute de changements dans la teneur des émissions, des changements pourraient intervenir à d’autres niveaux.
La situation dans le secteur de l’électricité continue à être un sujet de préoccupation majeure à l’Hôtel du gouvernement. La demande de Judicial Review logée par les promoteurs de CT Power contre le gouvernement au sujet du projet de la centrale thermique à charbon de 100 MW à Pointe-aux-Caves et le bras de fer légal entre le BWSC et le Central Electricity Board (CEB) sur la réhabilitation de la centrale thermique de St-Louis avec l’installation de quatre moteurs de 15 MW chacun alimentent les inquiétudes par rapport à l’horizon d’octobre 2017 et les risques de Black-Out.
Dans cette perspective, des Straight and unequivocal Answers se font toujours attendre de la part du CEB quant à sa stratégie en vue d’obvier la menace de Power Outages avec des insuffisances structurelles au niveau des Installed Capacities. Si dans les milieux des ministères de l’Energie et des Finances, on se fait fort d’avancer que « la riposte contre l’affidavit de CT Power s’annonce légalement explosive », sans apporter de précisions, l’incertitude autour du Plan B du CEB ne s’inscrit nullement dans la perspective de bonne gouvernance et des prévisions pour parer à toute éventualité.
Pressions
Avec deux projets, soit la centrale thermique de Pointe-aux-Caves et les moteurs de St-Louis, faisant l’objet de contestations en Cour, le CEB doit nécessairement s’assurer que le Next Move ne soit pas assimilé à un Contempt of Court.
Du côté de la Central Water Autority, les conclusions du rapport des consultants d’Afrique du Sud, Aurecon, sont venues s’ajouter aux pressions de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) au sujet des dessous du contrat de Pailles Treatment Plant de Rs 700 millions. Initialement, le coût des travaux était estimé à moins de Rs 500 millions. Les indications sont que les consultants d’Aurecon imputent le problème de fuites à la station de traitement à des manquements au niveau de la supervision technique des travaux.
La confirmation de ce détail ferait porter tout le drame sur le dos des consultants de Gibbs, firme qui avait décroché le contrat. Avec l’enquête de l’ICAC, la pression se fait déjà sentir sur les consultants de Gibbs vu que les enquêteurs veulent certifier l’authenticité et l’identité des ingénieurs qui ont exécuté le design de Pailles Treatment Plant. L’ICAC compte approfondir la piste pour élucider, ou encore écarter, toute possibilité de conflits d’intérêts entre ceux engagés les travaux de construction et ceux dans la supervision.
Les connexions entre la firme Sotravic et la firme de consultants sont passées au crible depuis la décision du gouvernement de saisir l’ICAC pour une enquête sur les procédures d’allocation de ce contrat. Mais les problèmes de Good Governance de la CWA ne s’arrêtent pas là. Le projet de Bagatelle Dam est de nouveau au centre de controverse avec la firme de consultants pour assurer la supervision des travaux sur le site.
La firme de consultants choisie, Artelia, pour ce contrat d’une valeur de Rs 5,2 milliards s’échelonnant sur la période allant de 2014 à 2017, a été épinglée par la Banque Mondiale « for fraudulent practices in some of its projectsin China ». Un communiqué officiel de la Banque Mondiale en date du 1er juillet dernier confirme que « the World Bank Group announced the debarment of Artelia Ville et Transport SAS for one year, and Guangzhou Artelia Environmental Protection Ltd (Artelia China) for three years in relation to fraudulent practices in some of its projects in China. »
Ainsi, la prochaine réunion du conseil d’administration de la CWA devra prendre connaissance de ce développement et décider du sort d’Artelia, qui n’est autre que le partenaire de Gibbs, comme pour mieux faire comprendre que la notion de Good Governance reste bien au coeur des contrats à couips de centaines de millions de roupies de la CWA…

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