DEPUIS DEUX ANS: Baisse de 30-40% des commandes de l’Europe

La restructuration du secteur des exportations, plus particulièrement du textile et de la confection, se fait graduellement avec un poids plus conséquent pour l’Afrique du Sud. En effet, les derniers chiffres disponibles démontrent qu’au cours de ces deux dernières années, les commandes de textile venant d’Europe ont régressé entre 30 et 40% avec le marché sud-africain suppléant à ce manque. C’est ce que confirme Ahmed Parkar, le président du Joint Economic Council, lors de son analyse sur la crise dans la zone Euro.
« Ce qui se passe actuellement en Europe est extrêmement inquiétant pour Maurice. Des Européens sans emploi et qui n’ont pas de confiance constitueront de gros problèmes pour nous à Maurice et nous affecterons. L’Europe, qui traverse une crise hardcore avec la Grande-Bretagne en récession, des problèmes en France et en Italie, représente 60% de nos exportations. Nous avons peur de cette situation », concède l’industriel Ahmed Parkar.
Le président du JEC ajoute que dans les circonstances actuelles, les prix obtenus par les exportateurs restent sous extrême pression avec un niveau de commandes nettement inférieur aux précédentes années. « Un autre problème auquel doivent faire face les opérateurs est le short lead time car les commandes sont passées par les acheteurs en Europe dans un délai très court. Nous ne pouvons rien face à cette situation d’urgence que de nous plier aux exigences de nos clients », poursuit-il.
Ahmed Parkar ne manque pas d’égratigner la politique monétaire adoptée par la Banque de Maurice. « Jusqu’à l’heure, je ne comprends pas la politique de la roupie forte de la banque centrale. Tous les pays exportateurs adoptent un taux de change compétitif. L’inflation n’est qu’un élément de l’équation. C’est plus important d’avoir la croissance garantissant des emplois et des revenus dans l’économie. À chaque fois que nous soulevons ce problème, la Banque de Maurice se veut intraitable. Mais c’est le seul élément qui peut nous garantir une élasticité pour faire face à la concurrence sur les marchés d’exportation. »
« Le taux de change de la roupie est catastrophique avec le dollar à Rs 29, la livre sterling à Rs 46, loin des Rs 60 ou encore l’euro à Rs 38. Le taux de change idéal pour l’économie devrait être un dollar américain à Rs 31-32 et un euro à Rs 41-42 », plaide-t-il.
Le président du JEC relève que le point positif avec la réduction des commandes de l’Europe entre 30 et 40% depuis ces deux dernières années a été la consolidation de marchés émergents dans la région, principalement l’Afrique du Sud, soit un exercice de rebalancing des exportations. « Les exportateurs mauriciens ont vu en l’Afrique du Sud un marché d’exportation intéressant à plus d’un titre. D’abord, la baisse de commandes venant d’Europe a été compensée par celles venant du marché sud-africain, qui jusque-là s’approvisionnait en République populaire de Chine. Nous avons pu mettre en place une win-win situation, comme on le dit si bien dans le jargon politique », ajoute-t-il.
« Avec l’Afrique du Sud en tant que marché, les exportateurs mauriciens ont élaboré la bonne stratégie à long terme. Ils ont bénéficié d’un volume d’exportation plus conséquent. L’appartenance à la SADC fait que l’avantage des bas prix offerts par la Chine est annulé par les possibilités de Duty Free. Vu la proximité du marché, les clients sud-africains tirent des avantages sur le lead time pour les commandes », commente Ahmed Parkar.
D’autre part, l’Afrique du Sud, avec la présence d’une multitude de franchises dans différents pays africains, représente un véritable tremplin pour les produits de textile Made in Mauritius. « L’Afrique avec un taux de croissance non-négligeable et nullement affectée par la récession est à notre portée. L’Afrique du Sud représente un marché de 60 millions de consommateurs. A travers elle, nous allons pouvoir assurer notre présence sur un autre marché plus immense de 200 millions d’habitants. Dans la réalité, nous sommes déjà engagés dans la voie de prendre nos distances de l’Euro-centricité », laisse-t-il entendre.
Néanmoins, vu que l’Europe équivaut à 60% du potentiel d’exportations de Maurice, le président du JEC n’a qu’un souhait en conclusion : « Nous ne pouvons qu’espérer que l’Europe sorte de cette crise économique le plus rapidement possible, de même que les Etats-Unis. »
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Prévisions de la MEF: La dette publique à Rs 204 milliards
La Mauritius Employers Federation (MEF) prévoit que la dette publique crèvera la barre des Rs 200 milliards, soit exactement Rs 204 milliards, d’ici à la fin de cette année. Cette projection est établie dans la dernière édition de EcoBrief, une publication de la fédération patronale. De son côté, la Banque de Maurice a révélé en fin de semaine que le montant de la dette locale avait atteint Rs 138,3 milliards, soit Rs 10 milliards de plus qu’à pareille époque l’année dernière.
Pour le commun des mortels, même si au ministère des Finances l’on conteste ce paramètre, la dette publique par tête d’habitant pourrait passer à Rs 158 000, soit Rs 13 000 de plus que l’année dernière. En 2011, la dette publique du pays se montait à Rs 187 milliards. Les prévisions pour 2012 représentent une augmentation de 9% en terme nominal avec « the debt to GDP ratio rising from 57,5% in 2011 to 57,7% in 2012 ».
Dans le document intitulé « Is our public debt sustainable ? », la MEF souligne que « the bulk of the public debt (more than 88%) is accounted for by Government debt which io estimated at 51% of GDP in 2012. This is well below the world average General Government debt on advanced countries of 107,6% and 91,1% in the Eurp Zone. It is nonetheless higher than the 36,4% average for emerging countries ».
Pour chaque Rs 100 de dette contractée par le gouvernement, Rs 13 émanent de l’étranger. « External debt as ratio of GDP is expected to jump from 11% to 13% in 2012. This is mainly explained by the recourse to external financing for public investment projects. The structure of our public debt is generally sound given that three quarters of our public debt is domestic and issued over the medium to the long term. External financing, despite increasing, remains relatively low which implies we are less vulnerable to global interest rate and exchange rate volatility », note la MEF.
Les dernières statistiques officielles indiquent qu’à la fin de l’année dernière, le montant de la dette étrangère était de Rs 40,5 milliards, soit Rs 26,9 milliards pour le compte du gouvernement, Rs 8,9 milliards contractées par les corps para-publics et Rs 2 milliards par le secteur privé. Il faudra ajouter à ce montant une somme de Rs 1 milliard (35 millions de dollars) obtenue sous forme de deux Development Policy Loans à la fin de février dernier de la Banque mondiale, qui s’est permis à cette même occasion d’élaborer du même coup un worst-case scenario avec une croissance de 1,7% en 2012.
Les statistiques publiées par la Banque de Maurice en fin de semaine dernière révèlent que la Central Government Domestic Debt à la fin de mars était de Rs 138,3 milliards, dont Rs 33,3 milliards en tant que Short Term Obligations. À la fin de mars de l’année dernière, la dette locale était de Rs 127,9 milliards.
Dans son anylse du problème de l’endettement public, la MEF ne rate pas une occasion d’émettre une Note of Caution contre la spirale de la dette. « Policy measures aiming at structural reforms for higher growth and productivity, improved revenue collection and better control of public expenditures are still necessary for fiscal consolidation and for generating fiscal space for government to meet contingencies and implement countercyclical policies, thereby limiting recourse to public debt », recommande la fédération patronale, qui fait état d’une autre time bomb sous la forme du vieillissement de la population.
« It is also important to recognise the need for a modern welfare state and give due consideration in the medium term budgetary process to the fiscal implications of an ageing Mauritian population in terms of the future pension and health care demands », conclut la MEF comme pour initier un autre front de débat de fond trop souvent escamoté.

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