ETAT DES LIEUX : Air Mauritius amarré à un Hedging jusqu’à 2016

La compagnie aérienne nationale, Air Mauritius, qui essuie des pertes de Rs 1,9 milliard au 31 mars dernier, affronte un monstre à trois têtes. Le nouveau Chief Executive Officer, qui succédera à André Viljoën parti ce week-end à la fin de son contrat, devra conjuguer ses efforts pour trouver des solutions en vue de sortir de la nouvelle version de la Hedging Saga avec d’importantes pertes encourues jusqu’ici, de cohabiter avec le contrat d’acquisition de six Airbus A 350-900 au coût de plus de Rs 40 milliards et de gérer l’opération de dégraissage du personnel avec pour objectif de réaliser des économies de Rs 350 millions en deux ans. Pour l’instant, l’Officer in Charge, Indradev (Raja) Bouton, désigné par le Board d’Air Mauritius, jeudi, expédie les affaires courantes, quitte à avoir à mettre en branle les consultations avec les syndicats pour la mise à exécution des recommandations du HR Audit d’Aon Hewitt, dont les recommandations ont été avalisées, jeudi.
Des recoupements d’informations effectués par Week-End auprès de sources concordantes indiquent que le cancer qui mine la profitabilité d’Air Mauritius ne relève nullement de son personnel qualifié de surnuméraire. « Sans ce damné problème de Hedging, qui est revenu dans les livres de comptes, la compagnie aérienne aurait été en mesure d’afficher des profits surtout avec la chute vertigineuse du cours mondial du pétrole », lâche un des pandits en matière de gestion financière.
Les indications sont qu’actuellement la compagnie aérienne nationale paie le double du prix du baril du pétrole sur le marché mondial, qui est de 50 dollars américains après une correction de cours en fin de semaine, suite à un Hedging Contract signé au cours de l’année dernière, soit presque à la veille des dernières élections générales du 10 décembre. En effet, Air Mauritius est amarré à un Hedging à $ 102 dollar le baril et cela jusqu’à octobre 2016.
A ce jour avec la baisse du cours du baril de pétrole, la compagnie aérienne a dû encourir des coûts supplémentaires de l’ordre de Rs 2 milliards. Mais les tentatives de Week-End d’avoir confirmation officielle de ce montant ont été jusqu’ici ont été vaines. La version officielle au sein de la compagnie aérienne est qu’un sous-comité du board se penche sur ce délicat problème, qui continue à plomber les finances de la compagnie.
Devant l’urgence la situation, la Leading Bank, impliquée dans ce nouveau Hedging Contract, qui comprend un consortium de cinq banques commerciales, a été approchée au cours de la semaine écoulée pour ouvrir les consultations en vue de limiter des Hedging Damages. Les risques d’une nouvelle détérioration ne sont pas à écarter au vu de la volatilité du cours mondial. Les véritables inquiétudes sont dans la durée de ce contrat, soit jusqu’à octobre 2016, avec très probablement plus de Rs 2 milliards encore.
A ce stade, il est extrêmement difficile si le projet d’Unwinding of the Hedging Portfolio avant octobre 2016 pourra se réaliser comme le souhaitent certains à l’Hôtel du gouvernement. Mais comme ce fut le cas en 2008/09, avec des paiements de 100 millions d’euros dans le Hedging Bhuckory/Ujodha, il y aura à un coût à assurer dans cette opération, qui n’a même pas eu encore le feu vert des parties intéressées, notamment les cinq banques commerciales signataires du contrat.
Alors que les réclamations pour honorer les Hedging Costs exorbitants continuent à s’accumuler, le contrat d’acquisition de six Airbus A 350-900, héritage légué par le tandem André Viljoën et Dass Thomas, avec Navin Ramgoolam dans la cabine de pilotage et Frank Gleeson comme commandant de bord pour les négociations avec Airbus Industrie, constitue une véritable hantise pour les dirigeants de Lalyans Lepep. Les clauses-cadenas, inscrites dans le contrat signé avec Airbus, font que la marge de manoeuvre est des plus étroites, pour ne pas dire inexistante.
L’analyse de ce contrat indique que le coût pour actionner l’Exit Clause par Air Mauritius est extrêmement élevé, soit au bas mot plus de Rs 2 milliards sans compter les exigences de compensation accessoires qui pourraient être autant si ce n’est plus. A ce stade, les autorités n’envisagent aucune démarche en ce sens, car l’étude du contrat et des conditions et circonstances dans lesquelles la signature est intervenue se poursuit. D’un moment à l’autre, le dossier d’Airbus devra surgir à l’avant-plan avec le Central CID saisi de ce scandale sous le gouvernement de Navin Ramgoolam.
Least but not last est le problème sur le front social avec le rapport sur le personnel d’Air Mauritius soumis par les consultants d’Aon Hewitt, préconisant un dégraissage avec des économies de Rs 350 millions échelonnées sur deux ans. Un véritable casse-tête même si les autorités peuvent décider de couper la poire en deux avec un redéploiement du personnel dans les différents départements vu que le rapport reconnaît que certaines sont Understaffed et d’autres Overstaffed.
Le mot d’ordre demeure de limiter les licenciements autant que possible dans la conjoncture alors que les premières séances de travail entre le management et les représentants des employés et des syndicats devront donner le ton…
 

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