MALGRÉ UNE HAUSSE DANS LA PRODUCTION : L’offre de thé reste déficitaire sur le marché local

Les consommateurs qui font leurs emplettes de fin de mois ces jours-ci ont dû le constater. Il y a, de nouveau, comme une pénurie de thé sur les rayons des grandes surfaces. Pourtant, selon les derniers chiffres officiels, la production a augmenté durant le premier semestre de l’année comparé à la période correspondante l’an dernier. Et comble d’ironie, l’ancienne usine de Dubreuil fermée en 1999 a rouvert ses portes jeudi de la semaine dernière. Quel est donc le problème qui fait que la reine de tous les breuvages vient à manquer sur le marché ?
Selon les statistiques officielles, la production de feuilles vertes de thé a connu une hausse de 2,6% durant le premier semestre 2017 par rapport à la période équivalente de 2016. Cette année, la récolte se chiffrait à un total de 4 279 tonnes contre 4 171 tonnes l’an dernier. C’est ainsi que la production de thé noir manufacturé est passée durant la même période des six premiers mois de l’année de 781 tonnes en 2016 à 815 tonnes cette année. Comment, alors, cela se fait-il que le thé soit en manque dans le commerce ?
Certes, les superficies de terres sous culture théière à Maurice ne sont plus ce qu’elles étaient dans les années 1970 et 1980. Mais la pénurie une fois encore ressentie trouve sa justification dans la tendance actuelle au niveau du commerce du thé au plan global. La FAO (fonds des Nations Unies Pour l’Agriculture et l’Alimentation) rapporte que ces dernières années, suivant une hausse générale dans la demande, les exportations de thé se sont considérablement accrues. Ainsi, rien qu’en 2013, le volume global de thé noir qui a été exporté a connu une hausse de 5,8% par rapport à l’année précédente. Ce qui a permis un accroissement des recettes d’exportation de quelque 10% pour les pays exportateurs.
Prise de conscience des bienfaits du thé
Le fonds des Nations unies explique cette hausse dans la consommation par, notamment, l’accroissement des niveaux de vie dans des pays émergents réputés gros consommateurs de thé tels la Chine et l’Inde. Rien qu’en Chine, il est indiqué que la consommation du breuvage a connu ces dernières années une hausse spectaculaire de plus de 8% annuellement. Il en est de même en Inde où cette hausse dans la consommation a atteint 6,6% en 2013. Selon les chiffres officiels de la FAO, en seulement quatre ans, de 2009 à 2013, la consommation mondiale de thé est passée de 3 916 000 tonnes à 4 842 000 tonnes, soit une hausse dans la consommation mondiale de plus de 23%.
A la faveur d’une meilleure prise de conscience des bienfaits diététiques du thé dont le prix est considéré pour avoir un effet inélastique sur la demande, il paraît que la hausse dans la consommation du produit ne se limite pas aux seuls pays dont les habitants sont considérés pour en être des consommateurs invétérés. Le thé concurrence, en effet, désormais petit à petit le café dans les pays occidentaux développés. Pour revenir à Maurice, les informations sont que les investisseurs chinois de Mauristea Co Ltd qui sont derrière la relance de l’usine théière de Dubreuil vise surtout une production pour le marché chinois. Flairant le bon coup, d’autres producteurs locaux, et non des moindres, ont tout aussi renoué avec l’exportation comme au bon vieux temps.
Certes, le ministère de l’Agro-industrie a annoncé que des étendues de terres seront libérées pour accroître comme il se doit les superfies sous culture. Mais il convient de noter qu’une nouvelle plantation de thé n’est exploitable qu’au bout de cinq longues années quand elle sera capable de fournir des feuilles ayant atteint un stade de maturité. En attendant, grand consommateur de thé, le Mauricien qui, selon les estimations, en consomme un kilogramme en moyenne annuellement ne peut que prendre son mal en patience et souhaiter que la situation se rétablisse dans le meilleur délai.

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