MIC : Rs 64,1 milliards sur Rs 82 milliards engagées

En marge des négociations tripartites, l’assistance financière accordée par le gouvernement au secteur privé pendant la période de pandémie du Covid-19 se présente comme une arme à double tranchant.  Du côté de l’Hôtel du gouvernement, l’on ne cesse de se féliciter que sans ce programme de soutien, le pays aurait été à genoux à la sortie de la pandémie. Toutefois, dans les milieux syndicaux, l’on se prépare à réclamer des comptes au sujet de cet encadrement financier, notamment par le guichet de la filiale de la Banque de Maurice, la Mauritus Investment Corporation Limited, avec un War Chest de Rs 82 milliards en devises étrangères. À ce jour, les engagements confirmés de la MIC sont de Rs 64,1 milliards.

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Tout cela, dans un contexte où la Banque de Maurice affiche des pertes ou un manque à gagner de Rs 11 milliards, dépendant de quel côté de la table l’on s’installe à la BoM Tower, et une pénurie de devises étrangères dans le circuit bancaire. À la fin d’octobre, la Bank of Mauritius Statement of Financial Position confirme une total comprehensive loss de l’ordre de Rs 11 milliards, littéralement le double en un mois. Car au 30 septembre dernier, ces pertes étaient de Rs 6,8 milliards.

Un autre détail inquiétant dans ce tableau de performance de la Banque de Maurice est que le montant des foreign assets est en nette baisse, passant de Rs 328,7 milliards à la fin de septembre pour se retrouver Rs 286,4 milliards au 31 octobre. Cela en raison d’un changement au titre des cash and cash equivalents, passant de Rs 83,8 milliards à Rs 46,5 milliards en un mois.

Ce ne serait nullement un hasard si le négociateur syndical de la General Wiorkers Federation (GWF), Ashok Subron, a réclamé du gouvernement un relevé des opérations et des interventions de la Mauritius Investment Corporation Limited pour la période allant du 2 juin 2020 au 31 octobre dernier. En attendant la publication du rapport annuel de cette filiale de la Banque de Maurice aussi bien que celle de la maison-mère, les chiffres indiquent deux types d’opérations, soit des investissements directs et des financements de soutien à des entités engagées dans des secteurs stratégiques.

Nullement une surprise devant la confirmation que l’un des principaux bénéficiaires des placements de la MIC n’a été autre que la superstructure aéroportuaire pour faire sortir la compagnie aérienne nationale, Air Mauritius, sous administration. Ainsi, la Banque de Maurice, par le truchement de la MIC, a déjà injecté Rs 25 milliards dans Airports of Mauritius Ltd (AHL). D’ailleurs, c’est l’une des plus importantes injections de fonds publics.

Toujours au titre des investissements, les livres de comptes de la MIC révèlent des investments in bonds de quelque Rs 16 milliards, plus précisément  Rs 15,9 milliards. Ces deux initiatives ressemblent étrangement à une opération de tir dan pos gos met dan pos drwat ou du window dressing, dénoncée par le Fonds monétaire international dans le cadre des Article IV Consultations.

La MIC a également entériné des prises de participation dans des groupes privés, dont Rs 3,5 milliards au sein de la MIC Smart City, Rs 2 milliards dans le groupe Médine et Rs 990 millions dans le groupe Omnicane. Le tout faisant Rs 42,4 milliards, soit la moitié des Rs 82 milliards mises à sa disposition par la Banque centrale lors de son incorporation.

Soutien à l’hôtellerie

L’autre mandat de la MIC est d’assurer un financement à des groupes et compagnies à la demande sous le Bank of Mauritius Covid-19 Support Programme. Ainsi, à ce jour, 38 demandes d’aide financière pour un montant de Rs 17,5 milliards ont été approuvées avec des déboursements effectués de l’ordre de Rs 6,7 milliards à ce jour.

Les détails disponibles indiquent que deux major players dans le secteur de l’hôtellerie, en l’occurrence Long Beach Resort Limited et New Mauritius Hotels Limited, se taillent la part du lion avec des demandes approuvées pour Rs 4,5 milliards et des déboursements déjà effectués à hauteur de Rs 3,5 milliards.

De son côté, Lux Island Resorts Ltd avait soumis une demande pour Rs 920 millions avec la somme de Rs 750 millions encaissées déjà. The Lux Collective Resort (Rs 300 millions) et Island Resort Limited (Rs 150 millions) n’ont pas accepté l’offre de la MIC.

Les autres demandes soumises à la MIC émanant du secteur de l’hôtellerie sont:

l VLH : Rs 1,3 milliard avec Rs 600 millions déjà allouées

l Anahita Hotel Ltd : Rs 1,1 milliard, dont Rs 265 millions avancées

l Merville Limited : Rs 700 millions et aucun déboursement

l Mauriplage Beach Limited : Rs 650 millions approuvées

l Attitude Hospitality Limited : Rs 500 millions avec des déboursements de Rs 200 millions

l Sagar Hotels and Resorts : Rs 300 millions, dont Rs 150 millions déboursées

l Morning Light Ltd : Rs 250 millions

l Shanti Maurice : Rs 160 millions approuvées

l Anahita Residences & Villas : Rs 160 millions

l Verandah Tamarin : Rs 100 millions

l Zilwa Resort Ltd : Rs 100 millions

l Anahita Residences & Villas Ltd : Rs 155 millions

l Veranda Tamarin : Rs 100 millions

En sus de cet apport en financement direct à toute une gamme d’opérateurs, le secteur hôtelier a aussi bénéficié du Wage Assistance Scheme opéré par la Mauritius Revenue Authority pour un montant de Rs 8,3 milliards sur les trois dernières années, soit presque le quart des déboursements de Rs 24 milliards en vue de soutenir les emplois pendant la pandémie.

D’autres groupes engagés dans des activités autres que l’hospitality ont également approché la MIC pour un soutien financier, dont

l Compagnie Mauricienne de Textile Ltée : Rs 900 millions, dont des déboursements de Rs 300 millions

l Constance Industries Ltd : Rs 650 millions

l R.E.A.L. Garments : Rs 275 millions dont Rs 55 millions déboursées ou encore

l La Ferme Marine de Mahébourg : Rs 150 millions.

Cette liste comporte également son lot de controverses. Ainsi, Luxury Retirement Village a déjà obtenu Rs 175 millions des Rs 350 millions. Par contre, Akai Fisheries n’a pas encore bénéficié de déboursement sur les Rs 250 millions autorisées par le board de la MIC.

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