PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES : Le défaut de croissance pèse lourd !

Les Seychelles en meilleure position d’intégrer le High Income Group dès l’année prochaine, alors que l’échéance pour Maurice reportée de 2020 à 2025?Le MCB Group propose une National Investment Strategy pour réaliser un Investment Ratio de 27% du PIB au lieu des 20% actuels et une croissance annuelle de 5,8%?Statistics Mauritius revoit à la baisse ses prévisions pour 2014 et confirme la morosité sur le plan des investissements
À la fin du premier semestre de l’exercice financier en cours, les indicateurs ne sont guère brillants, surtout avec les prévisions du MCB Group pour un taux de croissance de 3,3% cette année. De son côté, Statistics Mauritius, qui vient de publier la dernière édition des National Accounts, s’aligne quasiment sur la même tendance mais avec une révision à la baisse modérée, de 3,7% à 3,5%, quitte à revenir à charge avec un nouvel ajustement à la fin de septembre prochain. Ce taux de 3,3% à 3,5% confirme que depuis le début de la présente décennie, l’économie fait du surplace, n’arrivant même pas à égaler les 4,1% de 2010. La nette décélération des investissements, représentant seulement 20% du PIB, constitue le principal facteur expliquant ces contre-performances successives.
Le Groupe MCB, dans la dernière édition de MCB Focus en fin de semaine, tire la sonnette d’alarme sur les effets accumulés du défaut de croissance et fait une plaidoirie pour un sursaut avec la proposition d’élaboration d’une National Investment Strategy, dont le double objectif devrait être de faire progresser le taux d’investissements de sept points pour atteindre le seuil crucial des 27% du PIB et alimenter la croissance à une moyenne de 5,8% annuellement. Ces facteurs sont des conditions sine qua non pour propulser Maurice dans la catégorie des high income economies d’ici à 2020. Au cas contraire, avec un no-change scenario de croissance à 3,3% par an, cet objectif risque d’être reporté inexorablement à 2025.
Le Chief Strategy Officier du MCB Group, Gilbert Gnany, qui signe la dernière édition de MCB Focus intitulé Mauritius : Fast-tracking our graduation to a high-income country, situe l’enjeu du ralentissement des activités économiques sur le plan local aussi bien que régional à moyen terme. Il saisit l’occasion pour réclamer la remise sur les rails du programme de réformes économiques, relégué au second plan dans la conjoncture marquée par des tractations en vue d’une alliance politique pour les prochaines élections annoncées comme étant anticipées.
Le parallèle privilégié par le MCB Group est susceptible de provoquer un sursaut d’orgueil de la part de Maurice. Les Seychelles, qui viennent de subir les séquelles de la crise économique sur le front international et qui a mis à exécution un Economic Reform Program depuis 2008, sont bien en selle pour faire la différence avec Maurice. Pour cause, les prévisions de la MCB, qui opèrent dans l’archipel, indiquent que les Seychelles devront faire partie du groupe à hauts revenus dès l’année prochaine, alors que Maurice continue à traîner la patte sur ce tableau.
« The GDP per capita of Seychelles is — as a major offshoot of the ambitious Economic Reform Program initiated in 2008 and implemented over time — estimated at more than USD 15 000 in 2013, with the GNI per capita (as per the World Bank Atlas method) standing at USD 12 530 as per data released on 1 July 2014. This indicates that the country is well-positioned to drift into the high-income bracket much sooner than Mauritius, with the graduation potentially occurring as early as next year if current trends persist », souligne le document de la MCB mettant à rude épreuve l’honneur de Maurice, qui se vante encore de son miracle économique.
National Economic Transformation Plan
Par contre, dans le meilleur des scénarios, Maurice ne pourra accéder à cette catégorie d’économies que dans six ans, soit à partir de 2020. Néanmoins, la condition première justifiant une telle promotion est aujourd’hui absente. MCB Focus souligne que pour atteindre cet objectif, le pays aura besoin d’un taux de croissance de 5,8% par an au lieu du maigre 3,3% de cette année, de même qu’une relance des investissements, publics et privés, à hauteur de 27% du PIB.
« Yet, in view of the prevailing impediments to the country’s economic performance in the wake of the soft global environment and endogenous challenges, the Mauritian economy does not, as the situation stands and in the absence of an ambitious reform agenda, appear to be resolutely on track in its bid to graduate to the high-income category by 2020 », regrette le MCB Group, qui maintient que « there is a pressing need for Mauritius to act quickly and smartly to rekindle growth. In fact, the national economic reform agenda should be fully re-ignited. »
Dans cette perspective, MCB Focus préconise l’élaboration de manière urgente d’un National Economic Transformation Plan pour Maurice articulé sur deux axes majeurs, en l’occurrence une National Investment Strategy pour doper les investissements locaux aussi bien qu’étrangers à court et long termes, et un Plan d’Aménagement du Territoire pour assurer un développement socio-économique harmonieux à travers les différentes régions du pays. Les modèles adoptés à l’étranger, comme l’Economic Strategies Committee de Singapour, le think-tank de France-Stratégie et la National Planning Commission d’Afrique du Sud sont évoqués comme des exemples à suivre car « there is no doubt that Mauritius Inc. needs to do its utmost to achieve a healthy and socially inclusive economic development path ».
MCB Focus ne se contente pas uniquement de faire le constat mais soumet toute une série de propositions susceptibles de constituer l’ossature du programme de réforme de l’économie pour les cinq prochaines années comme suit :
Capital physique et humain : accent sur les investissements pour une amélioration de l’état des infrastructures en vue de transformer le pays en une « innovative, knowldege-based and resilient economy », dont les composantes majeures se présentent sous la forme d’une accélération et d’une exécution rapide des projets identifiés sous le Road Decongestion Programme, dont le projet de métro-léger sur le Curepipe/Port-Louis Corridor nécessitant des investissements de Rs 22 milliards, d’une amélioration des facilités en vue d’accroître la productivité dans le port, avec des travaux d’extension nécessitant des investissements de plus de Rs 4 milliards au Mauritius Container Terminal, dont le quai de 560 mètres sera prolongé de 240 mètres, un coup de pouce au programme de réforme des Utilités publiques, soit la gestion de la Central Water Authority, du Central Electricity Board aussi bien que l’adoption d’une « long term energy policy, based on economic and sustainability principes », d’un accroissement de la connectivité Internet et une réduction du coût d’accès, une révision de la politique d’accès aérien et une politique de délocalisation des activités industrielles et économiques pour satisfaire le marché local aussi bien que pour l’exportation.
L’autre volet du programme de réforme concerne le marché du travail pour une plus grande flexibilité, des more job-friendly institutions aussi bien que la réforme dans le secteur de l’enseignement avec pour but de « provide industries and sectors with human resources that have the necessary skills and competencies to thrive in a fast-changing business environment ». MCB Focus se fait également partisan d’une simplification des lois du travail et de « flexible and productivity-driven wage-sseting mechanisms. »
Encore la réforme des pensions
« The national wages policy should be designed alongside a smooth architecture, calibrated in a responsive manner, with salary adjustments taking due cognizance of the cost of living, the marginal productivities of labour, the country’s competitiveness imperatives, and public finances », préconise le MCB Group.
Tout comme le Deputy Managing Director du Fonds monétaire international (FMI), Zhu Min, avait déclaré lors de son intervention au dîner annuel de la Chambre de Commerce et d’Industrie, le Chief Strategy Officer du MCB Group s’appesantit sur l’importance d' »ambitious pension reforms » avec en toile de fond la bombe à retardement qu’est le vieillissement de la population. « The social welfare framework needs to be adapted to changing circumstances by means of an improved targeting of the social protection system – especially of the relatively large social protection expenses – backed by a more regular monitoring and evaluation of relevant programmes », fait-il comprendre.
Toutefois, le MCB Group maintient que « adequate actions are warranted on the part of the authorities to ensure that economic growth is elevated to increasingly appreciable strata in the periods ahead » et que « had the reform agenda not slackened and led to some lost opportunities in terms, for instance, of investment foregone as well as productivity and competitiveness advances not fully reaped, the country could have aspired to attain the high-income status in 2018, i. e. two years ahead of the official 2020 target ».
Mais la cruelle réalité est que les Seychelles sont en posture pour faire la leçon économique à Maurice…

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