En principe, Lakwizinn du Prime Minister’s Office, en élaborant les grandes lignes de la promesse du Zero Interest On Housing Loans, se donnait comme objectif de cibler une frange de l’électorat, comprenant un potentiel d’électeurs de 283 000 dans la tranche dâge de 18 à 35 ans. Et cela, même si dans la réalité, le nombre de permis de construction résidentielle pourrait crever difficilement la barre des 10 000 annuellement. En contrepartie, les secteurs susceptibles de tirer bénéfice de cette mesure sur le plan macro-économique dépassent largement cette arithmétique électorale avec également le secteur de l’Agro-Industrie annoncé comme une major collateral, découlant des effets conjugués d’un crowding out of investment dans le secteur de l’autosuffisance alimentaire et de la land conversion.
Une première analyse de cette promesse électorale intitulée Impact of Zero Interest Rates on Public Finance and Listed Companies, situe l’enjeu sur le plan national. Pour la période de 2009 à 2019, la moyenne de permis de construction résidentielle était de 6 473 annuellement, alors que « the number of residential permits fell in 2023 following interest rates hikes. » Se basant sur la tendance du marché, AXYS avance que « the Zero-Interest Rate Loans should spur the increase in housing demands. We have assumed that the annual demand will increase to around 10 000. The figure seems reasonable compared to the total number of households in the country ». Cela dans le processus de setting the scene.
Toutefois, l’un des plus gros bénéficiaires de cette mesure électorale s’avère les banques, qui se verront garantir le repaiement des intérêts sur des prêts consentis. À juin dernier, le montant des housing loans était de Rs 118,6 milliards, soit presque le double comparativement à 2019. Cette période difficile, marquée par la pandémie du Covid-19, n’a pas généré une détérioration des créances douteuses à ce guichet.
Major partner
« The credit strength of households continue to remain strong with Housing Non Performing Loans at a multi-year low of 1,8% », note encore cette étude, qui prévoit que pour les cinq prochaines années, le gouvernement avec le Zero-Interest Rate on Housing Loans se retrouvera à injecter un montant de Rs 38,8 milliards, soit
• Rs 2,6 milliards pour la première année
• Rs 5,1 milliards pour la deuxième année
• Rs 7,6 milliards pour la troisième année
• Rs 10 millards pour la quatrième et
• Rs 12,4 milliards pour la dernière année du mandat.
Ces indications sont susceptibles de relancer le cours des entités bancaires cotées à la Bourse de Maurice au bénéfice des actionnaires avec une profitabilité améliorée. Et ce n’est pas sans surprise qu’AXYS ajoute que « as such, government should repay the interest portion for banks and with the banks should benefit from the expected rising demand of loans. »
Mais il n’y pas que les banques qui se retrouvent dans la colonne des bénéficiaires. Les entités économiques possédant des patrimoines fonciers d’envergure se présentent comme un major partner das cette stratégie électorale. Cette nouvelle demande pour des terrains à usage résidentiel mettra la pression sur le prix des terrains, pour ne pas dire ouvrant la voie à des opérations de spéculations foncières. « We expect Medine, ENL, Terra and Alteo to benefit from the impending rising demand in housing », affirme cette étude menée par Sanjay Goolab, à la tête d’une équipe d’experts faisant également état de la demande accrue pour des matériaux et agrégats de construction.
Mais l’envers du décor se paie cash, notamment des préjudices conséquents pour l’agro-industrie. La croissance dans la construction résidentielle se fera aux dépens de la superficie consacrée aux activités liées à la sécurité alimentaire, avec une demande accrue pour des permis de land conversion.
Néanmoins, plus grave se situe sur le front des investissements dans des secteurs stratégiques. Pour la période allant de 2023-24 à 2026-27, les dépenses publiques dans le domaine de l’agro-industrie sont dans la fourchette de Rs 2,2 milliards à Rs 2,5 milliards. Pour le logement, elles représenteront littéralement le double, variant de Rs 5 milliards à Rs 6 milliards, alors que le budget de la Sécurité sociale devra être juste sous la barre des Rs 100 milliards en 2026-27, contre Rs 70 milliards au 30 juin dernier.
AXYS note avec préoccupation que « these figures raise concern, particularly given that Mauritius is a net food importer, with a self-sufficiency ratio of only 25%. » De manière subtile, Sanjay Goolab, Intesh Seebaluck et Navnit Seeburun tirent la sonnette d’alarme, soulignant que « Mauritius holds significant potential to diversify its agricultural sector, reducing import dependency on various food crops. This shift would ultimately protect the country from international price surges and promote greater food security. »
Mais attention, le pays nage en pleine campagne électorale…