Tourisme – Relance Post-Covid : 2 500 emplois à pourvoir d’ici à décembre 

Le secteur touristique fait face à un manque criant de personnel, mais le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, ne semble pas très sensible à la requête des hôteliers de faire appel à la main-d’œuvre étrangère, du moins à ce stade. Il l’a fait comprendre hier matin lors d’une conférence organisée par l’École hôtelière sir Gaëtan Duval sur le thème « Rethinking tourism » dans le cadre de la Journée mondiale du tourisme.

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Le ministre a reconnu que le secteur touristique a perdu environ 4 500 employés depuis la pandémie et que « today the sector is in dire state in terms of human resources ». La dure réalité, selon lui, est que les jeunes ont perdu confiance dans le secteur. « In government, we knew what was looming ahead, that is why we took corrective measures to prevent massive layoff in the sector », a-t-il soutenu. Sans quoi, dit-il, bien plus que 4 500 emplois auraient été perdus.

Soodesh Callichurn affirme que 2 500 emplois sont à prendre dans le secteur d’ici à décembre et que les hôteliers ont exprimé la volonté de recruter des étrangers. « C’est vrai que la situation est urgente, plus particulièrement avec la haute saison qui est à nos portes », a expliqué le ministre. Tout en ajoutant qu’avant de prendre toute décision hâtive, il s’agit de réfléchir aux racines du mal et de trouver les moyens d’attirer les Mauriciens dans le secteur.

« Too academic »

 Ainsi, le ministre du Travail a interpellé les hôteliers, dont Jocelyn Kwok, Chief Executive Officer (CEO) de l’AHRIM, qui était présent dans la salle : « Listen to me carefully, there is a lot of thinking to be done today in terms of recruitment, policy and training. We need to review the attractiveness of the industry in order to continue to recruit Mauritians. »  Il a demandé à l’assistance pourquoi les jeunes ne veulent plus travailler dans le secteur, alors que plus de 3 000 « trainees » ont complété leur formation à l’Ecole hôtelière depuis 2019. « Où sont tous ces jeunes ? You should ponder on that. They have moved to other countries, or they are work in prestigious hotels abroad, or on cruiseships. »

À ce stade, Soodesh Callichurn a indiqué que 2 686 Mauriciens sont allés travailler sur des bateaux de croisière en 2019, 709 en 2020 et 320 en 2021. Et selon lui, un pourcentage élevé de jeunes part travailler dans les banques, les services BPO et ailleurs, « attracted by better salary and working conditions ». Et d’ajouter encore une fois à l’adresse des hôteliers que « the request to import foreign labour at operational level to make for the labour shortage is too academic ».

Le ministre du Travail les interroge également sur le « real cost per foreign employee », incluant le billet d’avion, les frais de logement, etc. Et demande si « any cost analysis has been done so far ? », avant de lancer : « Will it not be less costly to improve work conditions of local employees to be more attractive as an employer ? »

Révision salariale

Soodesh Callichurn fait la comparaison avec le secteur manufacturier, qui doit compter sur la main-d’œuvre étrangère aujourd’hui, parce que quand le moment était « approprié » pour effectuer une « salary review », dit-il, « they did not pursue in doing that ». D’où le désintéressement des Mauriciens pour ce secteur aujourd’hui. Il précise que si des « remedial actions » ne sont pas prises aujourd’hui, le secteur touristique se retrouvera dans la même situation que le secteur manufacturier.

Le ministre n’a également pas été tendre envers les hôteliers concernant les apprentis placés dans le milieu professionnel. « They are made to work like workers », déplore le ministre, estimant que cela les démotive et que c’est contraire à la loi. « Lorsque les étudiants font leur formation dans les établissements hôteliers, certains hôteliers abusent de ce programme. Ce ne sont que des étudiants, ils ne doivent pas remplacer les travailleurs. La loi est bien claire sur ce point », insiste le ministre.

(Encadré)

« Mo pa opoz mwa, me… »

Interrogé par la presse qui cherchait à savoir s’il s’opposerait au recrutement d’étrangers dans l’hôtellerie, le ministre a lancé : « Mo pa opoz mwa totalman, me bizin eksplor tou posibilite pou rekrit lokalman. Mo pa kapav, mwa, du zour o landemin, ekart tou sa bann zen kinn forme par lekol otelier-la pou al rekrit bann etranze. Mo pou fail dan mo devwar si mo fer sa. Si apre tou zefor, nou trouve ki efektivman ena enn gro problem, lerla bien sir nou pou bizin ouver, me nou pe fer tou pou tou pou train bann Morisyen. »

Questionné par ailleurs sur la possibilité de faire baisser le prix de l’essence à Maurice, alors que le prix du baril de pétrole a chuté sur le marché international, tenant compte de la demande des associations de consommateurs, Soodesh Callichurn répond : « Pa mwa ki determinn pri bann prodwi petrolie, se Petroleum Pricing Committee. Nou atann zot prosenn renion e par rapor a zot analiz, nou ava gete se ki zot rekomann gouvernman. »

Pressé de questions sur le même sujet, il a déclaré : « éna enn gran posibilite ki ena enn bess. Si pri mondial kontinye bese, pourkwa pa ? Nou la pou soulaz lapopilasyon. Nou pa la pou pran kass pou ranpli lakes STC ou Price Stabilisation Account, kouma sertin pe dir. Li totalman fo. »

Aile jeune du MMM

Le recrutement des travailleurs

étrangers dans les hôtels contesté

Zenes Militan s’oppose à la demande d’autorisation des opérateurs du secteur hôtelier  de recruter des travailleurs étrangers.

« Rasinn problem-la vinn plis depi enn mismatch ant latant ki bann travayer, sirtou zenes, ena de zot kondision travay ek propozision ki bann anplwayer pe kapav fer azordi », soutient l’aile jeune du Mouvement militant mauricien (MMM). L’on estime que cette démarche est indécente surtout après que « bann akter sekter lotelri ki de-z-an de sela ti met lame dan pos Morisien avek benediksion batiman trezor atraver Mauritius Investment Corporation (MIC) pou ki zot pa fer lapert depi zot kapital », souligne Zenes Militan dans un communiqué.

Le recours à la main-d’œuvre étrangère n’est pas la solution au problème. « Nou invit tou bann travayer sekter lotelri zwenn avek nou pou fer bar sa proze-la ek obliz bann anplwayer revwar zot bann kondision danplwa pou tou travayer », suggère Zenes Militan. Une série de consultations  a été lancée en vue d’étudier d’éventuelles propositions.

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