Église/MBC : l’erreur politique du MSM !

OLIVIER PRÉCIEUX

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L’ONG Affirmative Action a manifesté ce jeudi-ci devant la MBC et le parlement pour protester contre la censure du discours de Noël 2021 du Cardinal Piat. Ces deux manifestations révèlent au grand jour la tension, qui était sous-jacente entre l’Église Catholique et le MSM. Le MSM refait l’erreur politique de 1995.

En 1995, le MSM et le pays étaient dirigés par sir Anerood Jugnauth. Cette année-là était marquée par le dossier chaud des langues orientales au CPE (fin du cycle primaire). Le ministère de l’Education voulait inclure les langues orientales comme matières comptabilisant pour le ‘ranking’. Cependant, beaucoup d’élèves du CPE, majoritairement créoles, n’étudiaient pas les langues orientales. De ce fait, il leur manquait une matière pour avoir les mêmes chances que tout le monde.

La politique des langues du ministère de l’Education, et par extension celle du gouvernement MSM, devait soulever la résistance des organisations créoles telles que le Rassemblement des Organisations Créoles et de l’Église Catholique. De l’autre côté, il y avait Suttyhudeo Tengur, syndicaliste, qui menait bataille pour l’inclusion et la comptabilisation des langues orientales.

Le pays était sous une tension sociopolitique certaine. C’est dans ce contexte social que le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, déclencha les élections générales. Entre temps, le MMM s’était allié au PTR. Résultat : 60-0 pour l’alliance MMM/PTR et la défaite électorale du MSM.

2022 : le MSM semble s’inscrire dans une répétition de l’histoire ; se mettre à dos l’Église catholique et les ONG proches du milieu créole. Le parti orange actuel sent qu’il est tout puissant avec une opposition éparpillée et une majorité parlementaire à sa botte. Donc, le MSM pense qu’il est intouchable et remportera les élections générales sur un plateau. Il n’a besoin de personne et encore moins de l’Église catholique. Mais le parti soleil semble oublier que dans les villes comme Port-Louis, Quatre-Bornes, Curepipe ou même certains villages dans le Sud et l’Ouest, les votes des créoles ont fait élire beaucoup de députés MSM et leurs alliés.

Ainsi, le MSM commet de nouveau ce que l’on pourrait qualifier de péché électoral de 1995 : se bagarrer avec l’Église catholique et s’aliéner par la même une frange de l’électorat créole. C’est une grande erreur politique du MSM d’estimer qu’avec à peine 35% de l’électorat sans les créoles, il pourra gagner les prochaines législatives. Mais actuellement, le parti soleil sent qu’il peut tout et donc le Roi Soleil n’a guère besoin de prendre en compte dans ses calculs politiques le Cardinal, non de Richelieu, mais Piat.

Les « petits princes » font les courbettes devant le Roi Soleil mais sans savoir que le peuple souffre et attend son heure électorale !

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