L’étau se resserre dans l’enquête de la Financial Crimes Commission (FCC) sur l’affaire du Reward Money-opération DeepCode autour des unités policières ayant bénéficié des largesses sous l’ère de l’ancien commissaire de police, Anil Kumar Dip. Cette investigation devrait connaître un tournant majeur dans les jours à venir, avec la convocation de l’ex-commissaire pour un interrogatoire sous avertissement. Après la PHQ Special Striking Team (SST) et la Special Cell de la SSU, au tour de la Flying Squad d’être désormais scrutée de près.
Dirigée par l’ASP Bahadoor, cette unité, qui a remplacé l’équipe de l’inspecteur Jaufeerally après l’arrivée de Dip à la tête de la police, est accusée de pratiques douteuses. À l’époque, le remplacement des membres de l’équipe avait provoqué une certaine surprise, notamment en raison du caractère très fidèle des éléments intégrant la nouvelle Flying Squad, qui avait rapidement tissé des liens étroits avec la Special Striking Team. Si les opérations menées par cette unité dans les zones sensibles de trafic de drogue avaient renforcé son image de « force d’intervention », des soupçons de manipulation des pièces à conviction, de disparition de fonds et de favoritisme dans l’octroi du Reward Money commencent à sérieusement entacher cette réputation.
Soupçons de fraude et manipulation
La Flying Squad, composée d’une vingtaine d’agents, a multiplié les descentes dans des quartiers réputés pour des liens avec le trafic de drogue. Cependant, des accusations récurrentes de manipulation des preuves ont émergé. Les anciens membres de l’unité commencent à livrer leurs déclarations à la FCC, ce qui alourdit les soupçons de fraude. Parmi les points d’interrogation, l’ASP Bahadoor et ses hommes sont accusés de manipuler des saisies de drogue à des fins de gonflement des quantités saisies, permettant ainsi des paiements supplémentaires de Reward Money.
L’activiste Ivann Bibi dépose plainte auprès de la FCC le 22 août, dénonçant une opération suspecte réalisée en avril 2023 à Roche-Bois. Selon lui, après une saisie de 2,6 kg d’héroïne, les policiers auraient mélangé la drogue avec du glucose, créant ainsi un excédent fictif de drogue pour justifier un paiement supplémentaire de Reward Money. L’enquête sur cette opération est donc un axe majeur pour la FCC, qui a également demandé une expertise scientifique, afin de vérifier la véracité des saisies et des montants déclarés.
Jagai et Seewoo restent en détention
La FCC s’intéresse aussi de près aux avoirs de l’ex-responsable de la SST, le surintendant Ashik Jagai, et de l’ASP Rajcoomar Seewoo, l’ancien responsable de la Special Cell. Ces deux policiers restent en détention provisoire après leur comparution au tribunal de Port-Louis, la semaine dernière. La FCC a exprimé son opposition à leur remise en liberté conditionnelle, estimant que des preuves suffisantes justifient leur maintien en détention pendant l’enquête.
Me Raouf Gulbul, l’avocat de Jagai, a présenté un Bail Motion pour obtenir sa libération, dont les débats sont fixés au 2 septembre. Quant à Seewoo, il devra également se présenter devant la justice le 3 septembre, dans le cadre d’une audience concernant les réclamations et les soupçons qui pèsent sur lui, en lien avec la gestion des fonds du Reward Money.
Les prochains jours seront cruciaux pour l’évolution de l’affaire. Avec des interrogatoires déterminants en vue, la FCC se prépare à étendre son enquête à d’autres éléments de l’ancien régime, cherchant à élucider les pratiques douteuses qui se seraient installées au sein de plusieurs unités policières. La question centrale reste celle du Reward Money : comment et pourquoi ces fonds ont-ils été attribués de manière si opaque et potentiellement frauduleuse ? La FCC continue de s’intéresser de près aux connexions entre ces policiers et l’ex-commissaire de police Anil Kumar Dip, dont la gestion des fonds du Reward Money reste l’un des points les plus obscurs de l’enquête.
Mouz, un entrepreneur sous enquête
Parallèlement, un entrepreneur de 31 ans, surnommé Mouz, fait l’objet d’une enquête pour blanchiment d’argent. Lors d’un contrôle de routine à la Place d’Armes, Mouz a été interpellé et trouvé en possession de Rs 390,000 en liquide ainsi que de 16,600 dollars américains (environ Rs 765,000). Des soupçons pèsent sur lui concernant des liens avec des membres de la police, notamment de la SST, et des connexions dans le milieu du trafic de drogue. Lors de l’interrogatoire, le suspect aurait également tenté de se débarrasser de drogue, et la FCC s’intéresse à l’origine de cet argent et à ses relations avec des membres de la police.
Mouz est également connu pour ses démêlés avec la justice. En 2018, il avait été arrêté pour soupçons d’importation de drogue synthétique d’une valeur estimée à Rs 1 million, dissimulée dans des bougies parfumées. Récemment, il a été indirectement lié à une rixe à Vallée-des-Prêtres, où sa voiture avait été repérée avant qu’il ne prenne la fuite. Cette nouvelle arrestation et les connexions possibles entre Mouz et certains policiers de la SST alimentent les soupçons de blanchiment d’argent et d’implication dans des réseaux de drogues.
Intimidations et menaces
Par ailleurs, une policière (WPC) a déposé plainte contre Mouz pour « intimidation criminelle ». Selon sa déposition, le suspect, qu’elle qualifie de « high-profile », lui aurait lancé des menaces de représailles, dans l’éventualité de son incarcération.