Après un séjour à l’hôpital Bruno Cheong : Lyd Bernard rentre chez lui « mort-vivant »

Les images qui circulent sur les réseaux sociaux sont choquantes, interpellent et révoltent tant elles sont choquantes. C’est la fille de Lyd Bernard, Joana, qui a posté ces photos pour dénoncer le « traitement » reçu par son père à l’hôpital Bruno Cheong. Elle raconte dans une vidéo que, jeudi dernier, Lyd Bernard, 66 ans, est rentré chez lui dans un piteux état après un séjour de 24 jours, dont 14 passés en quarantaine. Ses proches l’ont récupéré « sale, sentant atrocement mauvais kouma dimounn mort, avec la peau qui tombait… » Et outre des plaies à l’épaule, aux oreilles et au pied, et des escarres sur le corps, il y a à côté du lit d’hôpital de Lyd Bernard des couches sales dans lesquelles se baladaient des asticots.

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Pourtant, cet homme alité, qui nécessite une assistance constante, selon sa famille, était aux soins hospitaliers. Mais visiblement, pas de bons soins, car l’habitant de Mare La Chaux était à sa décharge « un mort-vivant », s’indignent ses proches. Criant à la négligence médicale, sa famille a retenu les services de Me Shakeel Mohamed pour poursuivre la salle 3.3 de l’hôpital Bruno Cheong où a séjourné Lyd Bernard, ainsi que le centre hospitalier dans son ensemble. « L’état dans lequel mon père se trouvait est inacceptable, inhumain », clame Joana Bernard.

Lyd Bernard est un patient alité qui a subi une opération cervicale il y a trois ans. Si son opération s’est bien passée, il subit les conséquences de sa maladie, avec notamment une dégénérescence graduelle, qui fait qu’il nécessite une totale assistance. Au début du mois de juin, parce qu’il souffrait d’une infection pulmonaire, sa famille l’a transporté à l’hôpital Bruno Cheong où il a été admis.

« Moutouk dan couches»

Si durant son séjour les Bernard ont pu rendre visite à leur père, le 9 juin, alors qu’il devait avoir sa décharge de l’hôpital, ayant été traité pour son infection pulmonaire, son séjour a été prolongé du fait qu’un cas de Covid-19 avait été détecté dans la salle 3.2 où le sexagénaire avait été admis.

Mis en isolement dans la salle 3.3, Lyd Bernard aurait été livré à lui-même. Pour cause, dénoncent ses proches, lorsqu’ils ont été le chercher à l’hôpital, outre les couches sales au pied de son lit, le drap sale et jauni sur le matelas, la chaussette de 15 jours à ses pieds, Lyd Bernard était méconnaissable. « Il était déshydraté et avait perdu une vingtaine de kilos. Et non seulement il n’était pas rasé, mais en plus il avait un trou dans la joue et un autre dans l’épaule, car il était resté dans cette même position durant des jours et des nuits. Mais aussi, il avait un trou dans le pied et des escarres sur tout le corps. Qui plus est, sa peau avait commencé à tomber et il sentait atrocement mauvais », raconte sa fille Joana.

Livré à lui-même

Son père, dit-elle, était « comme un mort-vivant » sur ce lit d’hôpital. « Il était visible que personne n’avait pas pris soin de lui. On l’a laissé dépérir et pourrir », dit la jeune femme.

Or, révèle Joana, sa sœur qui habite derrière l’hôpital s’est fait un devoir de venir quitter chaque deux jours des vêtements propres et des couches, ainsi que des fortifiants, d’ailleurs requis par l’hôpital, pour son père. « À cause de la quarantaine, nous ne pouvions lui rendre visite. Mais l’hôpital nous avait appelés pour nous dire de venir quitter de l’eau, des vêtements et des couches pour mon père. Ils nous ont même demandé de lui ramener un rasoir ou une tondeuse. Mais force est de constater que malgré nos efforts, rien de ce que nous avions rapporté à l’hôpital n’a été utilisé, et pire, mon père a été livré à lui-même, sans aucune assistance, et dans la saleté », dit Joana Bernard.

Révoltée, elle s’insurge du manque d’égard du personnel hospitalier envers son père. « En salle 3.2, avant qu’il ne soit mis en quarantaine, nous pouvions lui rendre visite deux fois par jour et c’est nous qui le lavions et qui lui donnions à boire. Nous nous sommes occupés de lui chaque jour du mieux. Mais quand il a été transféré, on a dû faire confiance à l’hôpital. Et ils l’ont laissé pour mort », déplore Joana Bernard. Or, lors du séjour de Lyd Bernard en quarantaine à l’hôpital Bruno Cheong, chaque jour, ses proches de ses nouvelles auprès du personnel.

« Ils nous ont dit à chaque fois que mon père allait bien et de ne pas nous inquiéter. Mais c’était un mensonge. Ils n’en avaient cure. Personne ne l’a nourri. Toutes les affaires que nous lui avons déposées sont intactes. Que ce soit les couches, les bouteilles d’eau ou les fortifiants. Personne n’a pris la peine de voir dans quel état il était et cela pendant 15 jours. La preuve, c’est que non seulement il avait les mêmes chaussettes que ma mère lui avait mises au pied avant qu’il ne change de salle, mais aussi, il est resté dans la même position pendant des jours, si bien que cela lui a fait des trous dans l’épaule et dans la joue, mais aussi dans le pied », pleure Joana Bernard.

Qui plus est, alors que la famille avait prévenu les infirmiers que Lyd Bernard avait une petite escarre aux fesses, et avait apporté de la crème pour éviter que cela ne se répande, le corps du sexagénaire était couvert d’escarres suintantes. « Malgré le bon bain et les soins qu’on lui a prodigués à la maison, mon père continuait à sentir le mort », se révolte la jeune femme. D’où les photos qu’elle a postées sur les réseaux sociaux pour dénoncer ce cas de négligence médicale flagrant.

Des excuses

Si l’état de santé de Lyd Bernard est aujourd’hui stable, sa famille qui est à son chevet doit avoir recours à l’aide d’un soignant à domicile pour s’occuper de lui. « Ma mère est sous le choc et n’arrive plus à tenir le coup. Nous avons dû avoir recours aux services d’un spécialiste pour elle. Il est difficile d’accepter l’état dans lequel nous a été remis mon père », dit Joanna Bernard. Et elle ne compte pas rester les bras croisés face à ce désagrément qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour le sexagénaire. Ainsi, vendredi, la famille a porté plainte à la police. Elle compte aussi porter plainte auprès de l’hôpital contre le personnel de la salle 3.3 et l’hôpital Bruno Cheong dans son ensemble. Elle a retenu les services de Me Shakeel Mohamed dans cette optique.

Par ailleurs, si nul ne s’est soucié de Lyd Bernard pendant son hospitalisation durant sa quarantaine, en fin de semaine, après les révélations de sa fille sur les réseaux sociaux, le médecin traitant a appelé la famille pour demander qu’elle ramène le sexagénaire à l’hôpital où ils le soigneront. « Quelle ironie ! Nous avons bien évidemment refusé, car même si mon père est dans un sale état, nous n’avons pas confiance dans l’hôpital », dit sa fille. Un advisor du ministre de la Santé a aussi pris contact avec la famille pour « s’excuser » de cette situation. Des excuses qui n’altèrent pas la colère et qui n’arrêteront pas les démarches de la famille Bernard quant aux poursuites qu’elle compte entamer contre l’hôpital.

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