AU VIRAGE D’INDIAN OIL, SORÈZE: Mo truv lamor pe vini, a déclaré l’aide-chauffeur Bigon

Tragique accident de la route au virage extrêmement dangereux d’Indian Oil à hauteur de Sorèze sur la Nationale. Bilan : deux morts, Luc Clifford Lascarie, âgé de 44 ans, qui se trouvait au volant du camion-taxi, immatriculé 3969 ZT 02, et Jerry Augustin, âgé de 19 ans, habitant Tranquebar, aide-chauffeur à bord de la camionnette portant la matricule 5688 ZT 01. Deepaksing Bamma, âgé de 25 ans, habitant Nouvelle-Découverte, chauffeur de cette dernière camionnette, a été admis d’urgence à l’Intensive Care Unit de la clinique Apollo Bramwell. Jacques Désiré Laval Bigon, âgé de 53 ans, habitant Port-Louis, aide-chauffeur du camion-taxi, a eu la peur de sa vie avec le véhicule transportant un conteneur de poulet frigorifié, faisant plusieurs tonneaux au travers de l’autoroute avec une circulation extrêmement dense. Toutefois, il s’en est sorti avec une fracture au pied droit, des blessures à la cheville et à la colonne vertébrale. Il a été admis au Princess Margaret Orthopaedic Centre (PMOC). Outre ces deux camions, une voiture de maître, immatriculée 3090 JN 07, avec deux enfants en bas âge, soit de cinq et sept ans respectivement et leurs parents Vikask et Priya Baunomally, a été prise dans le tourbillon de ce grave accident de la route. Mais aux dernières nouvelles, leurs blessures seraient sans gravité.
Encore sous l’effet du choc et immobilisé sur son lit du Princess Margaret Orthopaedic Centre (PMOC), Jacques Désiré Laval Bigon revit encore l’ultime parcours du camion-conteneur 3969 ZT 02, soit à moins d’une trentaine de mètres du virage extrêmement dangereux de Sorèze. « Mo truv lamor pe vini ! », répète-t-il à Week-End en guise de premiers témoignages de cet affreux accident de la route survenu à la mi-journée.
Quelques secondes auparavant, le chauffeur du camion, Luc Clifford Lascarie, lui avait fait part d’une terrible confidence : « Eh Papy ! Freins-là pa pe trappe ditout ». Le camion avec sa pleine cargaison de poulets surgelés, descendant en direction de la capitale, était devenu incontrôlable car depuis le pont Colville Deverell avec le gradient de la route, le véhicule s’était lancé dans une course folle.
Dans un premier temps, le chauffeur Lascarie avait actionné son klaxon en vue d’avertir des véhicules roulant devant lui du danger qu’ils couraient. Conscient des risques énormes avec le virage contesté de Sorèze dans le cadre des travaux pour la construction de la Port Louis Ring Road, le chauffeur tentera en vain un dernier acte héroïque.
« Sofer ine rode ralenti camion là avant tournant. Li ine seye tape camion avec parapet dan bord lotorut. Mais sa pa fin marsé », poursuit Jacques Désiré Laval Bigon avec ces images dramatiques hantant encore son esprit. La courbe, décriée quasi unanimement, que ce soit du simple automobiliste au spécialiste de la sécurité routière, se présentait à grande vitesse. L’inévitable catastrophe se dessinait. Toutefois, en faisant preuve de sang-froid particulier, le chauffeur parvint à éviter un autobus bondé de passagers, qui roulait à l’avant du camion.
A environ une trentaine de mètres du virage, le camion-conteneur devait se pencher complètement sur la droite pour ensuite dérouler une succession de tonneaux sur l’asphalte. « Mo pa kapav dir kombié tono camyon là ine fer. Sel zafer mo konné sé ki mo ine truv lamor pe vini », soupire l’aide-chauffeur.
Des versions recueillies auprès des témoins oculaires, qui se trouvaient sur l’autoroute au moment de l’accident confirment que le camion avait fait des embardées avant de se renverser sur l’autoroute. Le véhicule allait traverser sans aucun contrôle le terre-plein pour se retrouver sur la voie opposée de l’autoroute en direction de Réduit.
Le camion devait heurter la voiture de maître immatriculée 3090 JN 07, avec, à son bord, les quatre membres de la famille Baunomally, qui venaient de quitter leur domicile à la rue Octave Sandapa à Cassis. A peine avaient-ils compris ce qui leur était arrivé, ils ont été pris de panique en entendant un grand fracas et un bruit assourdissant de métal sur l’asphalte.
Sous le premier choc avec la voiture, le camion avait été propulsé de nouveau vers la voie descendante pour heurter violemment la camionnette avec à son bord deux autres personnes, soit le chauffeur Deepaksing Bamma et son aide-chauffeur, Jerry Augustin. Le choc entre les deux véhicules fut d’une violence inouïe avec l’aide-chauffeur tué sur le coup et le chauffeur grièvement blessé.
Des ouvriers affectés au chantier de construction de la route avaient craint le pire. « Nou ine tende ène mari tapaz. Nou ti gagn mari peur pangar sa camion kontinyé desanne ek vine ar nou. Pa ti pou konné kotte pou sauvé », raconte l’un à Week-End.
De son côté, Jacques Désiré Laval Bigon, coincé dans la cabine du camion-fou, était impuissant devant tout ce qui arrivait autour de lui. « Mo pa ti kapav buzé. Mo lipie to ine reste bloké aban siège sofer. Mo ti mari paniké. Ma senti douleur partu dan mo lekor. Mo ine seye litté pou tir mo lipie. Li palé sorti meme », reprend l’aide-chauffeur.
Quand le camion s’était immobilisé en sens dessus dessous sur l’asphalte, Jacques Laval Désiré Bigon devait entendre des voix s’approcher du véhicule. Mais très vite, ces personnes devaient céder à la panique et rebrousser chemin en quatrième vitesse sans tenter quoi que ce soit. « Kan mo ine truv sa mo ine pli paniké. Mo ti kwar camion ti pe pran difé », ajoute-t-il.
Finalement, l’aide-chauffeur assimilera la réaction de ces premiers secouristes sur les lieux de l’accident à la vue des blessures mortelles essuyées par le chauffeur Luc Clifford Lascarie. Ils ne furent pas les seuls à être secoués par cette expérience.
Des membres de l’équipe du SAMU, dépêchés sur les lieux à Sorèze, et pourtant aguerris à ces scènes terribles de victimes d’accidents graves, concèdent que « ce fut une expérience des plus traumatisantes ». « Dans la camionnette, il y avait deux personnes. Il y avait également du sang partout. C’était extrêmement pénible à voir. L’un des deux avait déjà succombé à ses blessures alors que l’autre se trouvait dans un état critique », confirme un des membres de l’équipe du SAMU.
Les secouristes avaient rencontré les pires difficultés pour faire sortir l’aide-chauffeur Jacques Désiré Laval Bigon et Luc Clifford Lascarie de la cabine du camion responsable de ce carnage. Des sapeurs-pompiers de la capitale furent appelés en renforts. Ils durent découper une partie de la cabine pour dégager la dépouille mortelle du chauffeur.
Cet accident de la route aurait-il pu être évité ? L’enquête policière, placée sous la supervision du surintendant de police Husnoo de Pirt-Louis, tentera d’établir les causes. Mais l’information cruciale demeure que depuis le rond-point de Nouvelle-France, ce camion, qui avait pris livraison de sa cargaison à Beau-Climat pour être livrée à la MFD à Port-Louis, faisait face à des problèmes de freins défectueux.
L’aide-chauffeur Bigon confirme. « Nou ti pe fer rond-point Nouvelle-France. Sofer dir moi Papy freins-là pas tro trapé-là », indique-t-il. Ils ont poursuivi leur route croyant pouvoir être en mesure de maîtriser la situation jusqu’au bout. D’ailleurs, en cours de route, le chauffeur devait appeler le propriétaire du camion pour l’informer des problèmes de freinage et lui demander de dire au mécanicien de service d’attendre son retour pour les réparations nécessaires. Finalement, ce sera un amas de vieille ferraille tordue, qui attendra le propriétaire et le mécanicien. Cet accident à la mi-journée à ce point névralgique du réseau routier desservant la capitale a causé un embouteillage monstre sur l’autoroute avec des répercussions sur les principaux axes urbains.
Dans une tentative d’atténuer les difficultés des automobilistes qui ont mis presque deux heures pour rallier Port-Louis, la police devait ouvrir la troisième voie. Une mauvaise coordination avait fait que les résultats escomptés n’avaient pas été obtenus alors que des passants et des habitants des régions avoisinantes ont bénéficié d’une véritable aubaine en s’approvisionnant à volonté de poulet surgelé volatilisé du conteneur réfrigéré du camion accidenté…
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LE DR SOREFAN : « Le ministre Bachoo doit démissionner »
Le Dr Rafick Sorefan, député du MMM et responsable du dossier de l’Infrastructure routière au sein de l’opposition, est monté au créneau pour dénoncer l’incompétence du vice-Premier ministre et ministre de l’Infrastructure publique, Anil Bachoo. Il soutient que la responsabilité du ministre est engagée dans cet accident fatal au virage de Sorèze. Il affirme avoir à plusieurs reprises attiré l’attention du ministre sur les dangers potentiels de ce virage construit en ne respectant pas les normes internationales.
« Le vice-Premier ministre et ministre Anil Bachoo porte d’énormes responsabilités sur ses épaules avec les deux victimes de cet accident fatal. Il avait fallu 15 accidents à ce point particulier sur l’autoroute pour que la limitation de vitesse soit fixée à 60 km/h pour ensuite descendre à 40 km/h. Malgré les nombreuses protestations, Anil Bachoo s’est évertué à prouver qu’il avait raison. Lors des débats sur le budget 2012 à l’Assemblée nationale, j’avais soumis une documentation technique pour prouver que ce virage ne respecte pas les normes internationales. Le ministre Bachoo n’a voulu rien entendre », souligne ce député de l’opposition.
« Aujourd’hui, avec ces deux victimes à ce virage particulier, Anil Bachoo doit assumer ses responsabilités et soumettre sa démission. Pour moins que cela, des ministres ont démissionné en Inde », a-t-il conclu.
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SÉRIE NOIRE: 13 morts sur les routes en 15 jours en mars
Les quinze derniers jours du mois de mars ont été nettement catastrophiques sur les routes. Ainsi, après les sept victimes d’accidents de la route de la semaine précédente, six autres sont venues s’ajouter au cours de la semaine écoulée (voir plus loin des détails sur les quatre autres victimes de la semaine écoulée).
Avec le long week-end pascal ern perspective, il faudra s’attendre à un renforcement des contrôles de la police sur les routes en vue de garantir la sécurité des usagers de la route. Des dispositions spéciales seront envisagées par la Traffic Branch de la police à cet effet.
D’autre part, les dernières statistiques officielles sur le transport routier et les accidents indiquent que 41 486 véhicules étaient impliqués dans des accidents en 2011, soit une hausse quasi nominale par rapport à 2010. Par contre, la progression du nombre d’accident était de 6,1%, soit 22 536, une moyenne d’un accident toutes les 20 minutes.
132 accidents fatals ont été enregistrés en 2011 avec 152 victimes. le nombre de blessés était de 3 541 l’année dernière contre 3 640 en 2010. 37% des blessés sont des motocyclistes, 28% des passagers, 16% des piétons, 15% des chauffeurs et 4% de cyclistes.

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