BAI : Des signes d’impatience tangibles

Course contre la montre pour recouvrer les Rs 17,3 milliards d’avoirs de BAI CO (Mtius) Ltd recensées
Bientôt 120 jours écoulés depuis l’écroulement de l’empire de Dawood Rawat, évalué à Rs 35 milliards, mais déjà les signes d’impatience et d’énervement se font tangibles. Que ce soit dans les rangs des employés de la clinique Apollo-Bramwell, d’Iframac et de Courts, ou encore au sein du gouvernement, en l’occurrence le ministre des Services financiers, Roshi Bhadain supervisant la mise sous administration des avoirs de ce conglomérat. Au point où au terme d’une séance de travail-marathon, prenant fin aux petites heures samedi matin, un délai de 48 heures a été imparti aux Special Administrators de BAI Co (Mtius) Ltd and Related Entities, Mushtaq Oosman et Yigesh Basgeet, pour boucler les procédures d’adjudication de ces trois entités suite à l’exercice d’Expression of Interests et également assurer le transfert des avoirs à la National Insurance Company. En début d’après-midi, des représentants des employés d’Iframac ont rendez-vous avec le ministre Bhadain pour passer en revue la situation et décider de la marche à suivre avec objectif de préserver le maximum d’emplois possibles. En parallèle, l’exercice de recouvrement des avoirs évalués initialement à Rs 17,3 milliards s’avère être une course contre la montre, car à ce jour, un maximum de Rs 3 milliards aurait été récupéré, alors que la Banque de Maurice, sur intervention du gouvernement, a dû étendre une ligne de crédits de Rs 3,5 milliards pour assurer le remboursement de la seconde tranche du Super Cash Back Gold alors que techniquement un Shortfall d’au moins Rs 5,3 milliards devra être comblé pour financer le remboursement du trou Dawood Rawat de Rs 22,6 milliards au 30 juin 2020.
Après plusieurs échéances arrêtées et reportées, les procédures d’adjudication officielle de trois des entités du groupe BAI devront être complétées dans les 48 heures. C’est ce qu’a laissé entendre le ministre Bhadain après la séance de travail de vendredi soir avec la Financial Services Commission avalisant en cours de semaine les recommandations des Special Administrators sous la supervision des Senior Partners d’E & Y (Ernst & Young) Mauritius.
« Concernant la clinique Apollo Bramwell, il n’y a aucun litige à trancher avec la décision du gouvernement de procéder au rachat au prix de Rs 1,2 milliard + Re 1. Maintenant, il s’agit de compléter les procédures de transfert en vue de permettre au gouvernement d’initier un Bidding Process pour l’octroi d’un Management Contract, la gestion de la clinique et compléter les négociations pour la transformer en un centre hospitalier universitaire (CHU) », fait-on comprendre.
D’autre part, le suspense est toujours de mise pour quelque 500 employés des filiales de Courts. Deux offres sont en lice, soit celle de Courts Asia et celle du consortium mené par David Isaacs, le fondateur de Courts il y a trente ans. Les représentants de Courts Asia, qui ont eu l’occasion de faire le tour du propriétaire en proposant aux employés un changement de leurs uniformes et le départ du Top Management, auraient été un peu trop vite en besogne.
A un moment donné, Courts Asia était donnée comme favorite pour la reprise de Courts. Mais avec une offre revue et corrigée, le consortium Isaacs /CIM Finance semble être bien en selle pour effectuer un come-back dans le secteur de la vente à tempérament. Mais dans les milieux proches des Special Administrators, l’on ne veut nullement commenter le choix final avec la majorité du personnel affirmant être plus confortable avec David Isaacs.
Retour à la case départ
En ce qui concerne Iframac, c’est le retour à la case départ de la coquille quasiment vide et dévidée. Une ultime tentative de l’Association des Employés d’Iframac a confirmé des « prejudicial actions » contre les intérêts de cette entité par rapport aux trois franchises de marque, Mercedes-Benz, Peugeot et Mitsubishi. Les employés ont écrit officiellement en vue d’obtenir un Progress Report depuis le 6 avril dernier pour dépister les saboteurs du projet d’adjuger Iframac as a Going concern avec les trois marques de voitures.
Le fait incontestable est que depuis le 1er août, la représentation de la marque Peugeot est déjà passée sous le contrôle d’Axess Ltd. Ce changement a été officialisé pour « breach of contractual agreement » de la part d’Iframac. Pour ce qui est de Mercedes-Benz et de Mitsubishi, de plus amples détails pourraient être communiqués officiellement lors de la séance de travail de cet après-midi sous la présidence du ministre Bhadain. A un certain moment, la question d’un Employees Buy-Out d’Iframac était évoquée, mais avec l’incertitude autour des marques, le redéploiement du personnel, ou encore le paiement d’une compensation pourraient clore l’épisode Iframac.
En même temps, les Special Administrators ont été sommés de conclure dans les brefs délais le transfert des avoirs à la National Insurance Company pour le démarrage effectif de la compagnie d’assurance à la place de BAI Co (Mtius) Ltd.  Avant de franchir cette étape, trois exercices ont été enclenchés au préalable, à savoir la saisie des 17 appartements de luxe dans le complexe Diplomat Gardens à Floréal appartenant à des sociétés sous le contrôle des filles du Chairman Emeritus de BAI, Laina Rawat et Adeela Rawat-Feistritzer, pour la somme de Rs 411 millions, la mise en vente par appel d’offres de six paliers de la Bramer House à Ebène pour recouvrer des placement immobilier estimés à Rs 550 millions, de trois autres propriétés immobilières, situées dans le Central Business District de la capitale, et appartenant à la Bramer Property Fund Ltd, pour un montant variant entre Rs 130 millions et Rs 150 millions et une série de réclamations, dont Rs 358 056 033 millions à Yukondale Ltd  pour des avances consenties par Media Metrix Ltd à partir des fonds de BAI Co (Mtius) Ltd, de Rs 443,9 à Dawood Rawat pour des avances de BA Investment à titre personnel et les Rs 6- 330 000 au patron du groupe Défi, qui est attendu dans les prochains jours au QG du Central CID pour interrogatoire Under Caution au sujet de ce Half-Baked Deal, sans oublier les Rs 162 951 462  transférées dans les comptes de British American (UK) Limited chez Schroders CJ à Guerney.
Le bilan de l’opération de recouvrement des Rs 17,3 milliards à partir des avoirs et placements recensés de BAI Co (Mtius) Ltd à Maurice et à l’étranger pourrait déboucher sur un trou plus conséquent que les Rs 5,3 milliards estimées par BDO Financial Advisory Services en avril dernier. Pour cause, les recettes escomptées avec la vente d’Apollo-Bramwell, Iframac et Courts de Rs 4,6 milliards ne se sont pas encore matérialisées, alors que les Special Administrators ont contracté des emprunts de Rs 3,5 milliards à être remboursées à la Banque de Maurice à la fin de décembre.
Les comptes de l’empire écroulé de Dawood Rawat pourraient s’annoncer plus lourds que prévus…

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