BOI : Avinash Roy soupçonné d’être le pivot du système

Deux semaines après l’arrestation du couple français Toquard au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport dans le scandale de faux documents pour l’obtention de Residence et Occupation Permits du Board of Investment (BOI), l’enquête du Central CID entame une étape extrêmement cruciale. Avec l’arrestation et l’inculpation provisoire d’Avinash Roy, Manager/Administrative Officer du BOI, vendredi, les limiers du Central CID affirment détenir une pièce maîtresse dans le système de racket dépassant le cadre des permis émis par cette institution. Le Manager/Administrative Officer, suspendu de ses fonctions, s’est vu refuser la remise en liberté provisoire contre caution, vendredi, car la police le soupçonne d’être le pivot du racket à l’intérieur du BOI.
L’arrestation d’Avinash Roy à sa descente d’avion à Plaisance, vendredi, revenant de l’Inde, a été une véritable surprise pour le suspect, qui avait été entendu une première fois le mercredi 20 juin. Mais depuis vendredi dernier, il est soumis à un interrogatoire en présence de son homme de loi en attendant d’être confronté à des éléments compromettants quant à son rôle dans le scandale des fausses garanties bancaires dans les dossiers soumis par des ressortissants étrangers pour l’obtention de permis du BOI avec pour ultime objectif de pouvoir remonter jusqu’au cerveau.
Des recoupements d’informations effectués par Week-End de sources concordantes indiquent qu’Avinash Roy a promis toute sa collaboration à l’enquête de la police pour que la lumière soit faite sur ce scandale ébranlant littéralement un édifice important dans la politique de Business Facilitation du pays. À hier, l’enquête du Central CID n’avait pas encore abordé les points fondamentaux en jeu. Le Manager/Administrative Officer est encore à l’étape d’explications de sa carrière au BOI et des différents postes occupés jusqu’ici au sein de cette institution. Il a également donné un aperçu de ses attributions au Desk où il était affecté jusqu’à tout récemment s’occupant des procédures pour l’octroi des permis.
Mais dès le début de cette semaine, Avinash Roy sera soumis à une épreuve de vérité quant au mécanisme mis en place pour extorquer de l’argent aux ressortissants étrangers voulant s’installer et s’engager dans des affaires à Maurice, alors que le BOI maintient haut et fort que les services conseils et de facilitation pour l’obtention des permis sont gratuits. La première étape que tentera d’établir le Central CID est de déterminer comment se fait le contact initial avec les ressortissants étrangers et à quel moment interviennent les rabatteurs externes au BOI.
D’aucuns affirment qu’un premier tri se fait au niveau des requêtes d’informations reçues par e-mails ou par le truchement d’appels téléphoniques au BOI. À partir de là, toute l’opération du « ticket d’entrée au club select des affaires du BOI » est mise en branle. Avinash Roy sera confronté aux contacts établis avec Philippe Martial Toquard et son épouse, qui étaient arrivés à Maurice en début d’année.
Une fois ces preuves établies, avec une éventuelle participation d’une tierce partie à l’extérieur du BOI, le Central CID vise à percer le mystère des fausses garanties bancaires, qui font partie des dossiers en vue de leur transmission au Passport and Immigration Office. Ce volet de l’enquête vise à cerner tout le réseau de complicité et de complaisance au sein du BOI pour passer sur ces faux documents dans les dossiers. Les limiers de la police veulent également confirmer si le système de racket du BOI est similaire à celui de Boskalis dans le port, soit si le fonctionnement du système se fait indépendamment des gouvernements en place, ou s’il est tout simplement d’existence récente.
L’exercice d’audit des dossiers de demandes de permis déposées et des Residence et Occupation Permits octroyés devra apporter des éléments de confirmation à ce sujet. Le BOI et le Passport and Immigration Office sont engagés dans un exercice de Scrutiny. En moyenne, le BOI accorde annuellement quelque 2 000 permis, dont une majorité pour des salariés étrangers et un peu plus d’une centaine à des retraités du genre du couple Toquard.
À ce jour, quelque 3 400 permis ont été alloués par le BOI à des ressortissants français, un peu plus de 2 000 à des Indiens, plus d’un millier à des Sud-Africains, et un peu moins de 700 à des Britanniques. Pour les autres nationalités, allant des Suisses aux Malgaches en passant par des Allemands ou des Américains, le nombre varie de 100 à 300. Dans un premier temps, la vérification des dossiers devra se porter sur des ressortissants français, indiens et sud-africains, classés à risques. Aucune confirmation officielle n’est disponible à ce sujet, sauf que l’exercice est actuellement en cours.
Néanmoins, l’étape la plus intéressante de l’enquête policière concerne l’après-octroi du permis de résidence et de travail du BOI avec de fausses garanties bancaires. Ces ressortissants étrangers se voient proposer par force d’investir dans des affaires, avec des prête-noms déjà identifiés, contre des versements initiaux de Rs 2 millions à Rs 4 millions par business, et des mensualités entre Rs 300 000 et Rs 1 million, dépendant du chiffre d’affaires réalisé.
Pour ce volet de l’enquête, le témoignage de Philippe Martial Toquard est jugé extrêmement vital. Il affirme qu’après avoir obtenu ses permis avec les faux documents et sans jamais avoir mis les pieds au siège du BOI, il a investi dans la gestion d’un établissement hôtelier dans le Nord de l’île. Il devait rentrer à Maurice ce week-end avec les preuves des versements à ses contacts mauriciens pour attester du fait que les Rs 100 000 pour les permis du BOI ne sont qu’un premier paiement.
À la suite des pressions exercées sur lui et son épouse, Philippe Martial Toquard hésite à revenir au pays, même s’il doit y perdre sa caution. Toutefois, il se dit prêt à coopérer avec le Central CID en leur fournissant les informations, notamment l’identité de ceux faisant partie du réseau pour les affaires avec les permis d’opération d’autres organismes, comme la Tourism Authority, entre autres.
Dans la conjoncture, la police préfère se concentrer sur l’interrogatoire de la clé du système BOI avant de prendre une décision sur le sort qui sera réservé au couple Toquard, déjà inculpé pour faux et usage de faux.
De son côté, l’épouse d’Avinash Roy, qui passe ses journées aux Casernes centrales, n’hésite pas à lancer à qui veut l’entendre que son époux « n’est qu’un bouc émissaire dans cette affaire ». « Il y a d’autres officiers au BOI, qui font le même job que lui. Il y a ceux qui traitent ces mêmes dossiers. Il y a le PMO qui émet les permis. Pourquoi la police ne les interpelle pas ? » demande-t-elle.
La semaine pourrait être encore riche en rebondissements dans cette enquête, qui a vu également un ressortissant indien, Dhanjay Goondeeah, être interpellé pour des fausses garanties similaires accompagnant sa requête pour un Occupation Permit, comme pour les Toquard…

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