CAS ALLÉGUÉ DE ROAD RAGE : Yatin Varma sur la sellette

Des recoupements d’informations effectués par Week-End auprès des sources ministérielles concordantes indiquent que « l’accueil qui a été réservé à l’Attorney General à cette occasion est des plus telling. » Le message qui a été transmis par qui de droit est simple : au fur et à mesure que les témoignages autour de ce qui est considéré comme un cas de road rage se poursuivent, la position de l’Attorney General, le conseil légal du gouvernement, deviendra des plus insupportables au sein du Cabinet. Les sources contactées n’ont pas voulu confirmer le verbatim des échanges à cet effet.
Techniquement, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, attendra la décision du Directeur de Poursuites Publiques (DPP), Me Satyajit Boolell, Senior Counsel, au sujet d’un éventuel prima facie case dans cette affaire d’agression pour agir (voir ses commentaires plus loin). Les procédures établies sont que le dossier à charge de la police ne sera transmis au DPP avec les recommandations qu’au terme des traitements médicaux administrés aux deux protagonistes, qui affirment avoir été blessés lors de ces incidents.
« La police peut avoir consigné les versions des deux principales parties et également de tous les témoins concernés. Mais le dossier ne sera complet qu’à la fin des traitements médicaux en cours et avec les certificats médicaux officiels de l’hôpital versés dans le dossier. À ce moment-là, nous allons transmettre le dossier au DPP comme le veut la procédure », a déclaré à Week-End un des responsables de la police au sujet du déroulement de cette enquête.
Entre-temps, le nombre de témoignages formels contre le ministre sans droit de vote du gouvernement de Navin Ramgoolam ne cesse d’augmenter. À hier après-midi, six témoins soutiennent la version de Florent Jeannot, qui a affirmé avoir été agressé physiquement et insulté par Yatin Varma lors de l’accident de la route à Sodnac le 4 mai. Trois nouveaux témoins ont déposé hier après les deux qui s’étaient rendus jeudi au poste de police de Sodnac et celui qui avait été entendu le jour de l’agression.
Une partie du déclic se trouve dans l’appel du Premier ministre, répondant à une question de Week-End mercredi dernier, aux témoins de cette agression de venir de l’avant, « sans aucune crainte de représailles. » Mais ce ne serait pas uniquement cet appel qui a poussé les autres témoins à sortir de l’ombre. Certains de ces témoins approchés par Week-End avancent qu’ils ont pris cette décision en vue d’« accomplir un devoir de citoyen principalement à cause de la violence et de l’injustice de la scène » à laquelle ils auraient assisté ce samedi 4 mai à Sodnac.
Les différents témoignages concordent : Yatin Varma aurait continué à donner de violents coups à Florent Jeannot au visage « jusqu’à le défigurer et le faire saigner alors que cet étudiant l’implorait de l’excuser. » « Mais le ministre n’a pas voulu l’entendre de cette oreille. Il a continué à frapper et à insulter ce jeune malgré tout », confie un des témoins.
« Un accident peut arriver à tout le monde. On peut comprendre qu’une personne s’énerve dans ces moments-là. Mais pas avec un tel acharnement. Surtout qu’il s’agit ici d’un ministre, de surcroît de la Justice, sachant pertinemment bien que personne ne peut prendre la justice entre ses mains. Il avait devant lui un jeune sans défense qui avait reconnu ses torts dans l’accident et qui le suppliait de l’excuser », ajoute un des témoins.
« Je me rends compte qu’une telle chose aurait pu m’arriver à moi ou à n’importe qui. C’est pourquoi j’ai décidé de témoigner », explique un autre. « Je le fais au nom de la justice. J’ai vu comment les choses se sont passées. Le ministre ne dit pas la vérité », rajoute cet autre témoin, qui a déjà donné sa version à la police. Jusqu’ici, ces témoins sont des habitants du voisinage dont l’attention a été attirée par le bruit de l’accident et les cris. Certains étaient dans la rue, d’autres dans leurs cours ou encore à l’intérieur de leur maison quand ils ont entendu du bruit ce matin-là.
Un de ceux qui se sont présentés à la police hier s’était retrouvé sur les lieux par hasard tandis qu’il roulait dans l’avenue des Rosiers. « Quand je suis arrivé, j’ai vu deux voitures au travers de la route. Les deux chauffeurs étaient déjà descendus et l’un d’eux frappait et insultait l’autre. J’ai voulu intervenir. Mais le ministre Varma m’a repoussé à trois reprises disant que cette affaire ne me concernait pas. Une femme avec deux enfants est sortie de sa voiture. Un vieux monsieur qui s’y trouvait aussi en est sorti et a tapé le jeune conducteur au visage. Comme le ministre était hors de lui, je suis reparti », a-t-il fait comprendre à Week-End.
Un étudiant qui revenait de la boutique au moment des faits a expliqué à la police avoir vu ce témoin tenter d’intervenir et être repoussé. Il dit aussi avoir vu le père du ministre participer à l’agression de Florent Jeannot. Accompagné de Me Ravi Yerrigadoo, ce témoin s’est rendu à la police hier, tout comme le fils d’une des deux personnes qui avaient été entendues jeudi.
Quelques-uns de témoins ont dit avoir vu et entendu le ministre menacer Ravi Seenundun, le premier témoin à s’être présenté à la police. L’homme se serait attiré les foudres du ministre parce qu’il avait voulu s’interposer pendant que Florent Jeannot essuyait les coups.
Pour rappel, Florent Jeannot a logé sa plainte pour agression à la police de Sodnac le 4 mai. Ce n’est que huit jours après que le ministre s’y est rendu pour donner sa version. Représenté par Me Yousuf Mohamed, Senior Counsel, Me Gavin Glover et Me Sanjay Bhuckory, l’Attorney General a été interrogé under warning dimanche dernier. Il a été autorisé à rentrer chez lui à la fin de l’exercice.
 

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