ENQUÊTE MEURTRE AZIE : La guerre des nerfs

Les relations tendues entre l’inspecteur Moorghen et ses supérieurs à Rodrigues, et par extension les responsables aux Police Headquarters des Casernes centrales, ont, semble-t-il, pris le dessus sur le dénouement de l’enquête sur le meurtre atroce de Barthélemy Azie. À Rodrigues, tout un chacun s’intéresse de savoir comment se terminera le stand-offentre cet inspecteur de police et le Divisional Commander (ancien Chief Officer of Police) à Rodrigues, le surintendant Sajeed Nazeer.
Le responsable de la police à Rodrigues a convoqué à deux reprises au cours des dernières 24 heures l’officier Moorghen, soit vendredi et hier, pour lui transmettre un ordre au sujet de l’accès au case filede Barthélemy Azie et en particulier la teneur de la déposition de Simon Azie engageant la responsabilité de la direction générale de la police dans ce cas de négligence alléguée. Dans les deux cas, il a opposé un refus catégorique à cette requête formelle.
Des sources officieuses soutiennent que le ton était d’un cran monté entre les deux offciers de police avec le Divisional Commander se contentant de répéter : “To pa pou donn mwa lanket-la ? Mo pa pou éna lot swa ki alle dire sa CP !” Dans l’entourage de l’inspecteur Moorghen, on ajoute que celui-ci aurait reproché à son supérieur hiérarchique son attitude dans le traitement de ce dossier et aurait consigné des entrées au sujet de ces incidents dans l’Occurrence Bookdu poste de police de Port-Mathurin.
Le refus de l’inspecteur Moorghen de remettre le dossier d’enquête s’explique par des appréhensions présumées de tampering with evidencedans les quinze pages de déposition de Simon Azie sur le comportement et l’attitude des policiers auprès de qui il a sollicité de l’aide en vue de résoudre le cas de disparition mystérieuse de son fils, parti assister à une journée de régates à Mourouk. À hier soir, Week-End a appris que l’inspecteur Moorghen aurait assoupli sa position en remettant une copie du dossier au Divisional Commander. Aucune des sources officielles n’a voulu cionfirmer ou infirmer ce détail important.
Dans les milieux autorisés des Police Headquarters, l’on fait comprendre que l’accès à ce dossier d’enquête complet s’impose en vue de dresser la liste de tous les officiers de police affectés à Rodrigues et à Maurice qui ont enquêté sur ce meurtre au cours de ces quatorze dernières années. “Cette liste s’impose en vue de mieux comprendre les observations faites dans la déposition du père de la victime. Une chose est sûre : à aucun moment ce dossier n’a été classé et dès que les Police Headquarters ont été en présence de cette lettre anonyme de dénonciations en octobre de l’année dernière, elle a été transmise à Rodriguesfor necessary action, fait-on comprendre dans le camp du commisaire de police.
En vue d’assurer ses arrières et pour éviter toute surprise, l’inspecteur Moorghen étudie la possibilité de s’en remettre à l’Independent Commission against Corruption (ICAC) avec une déposition portant sur des allégations de pression pour pervertir une enquête policière et intimidation dans l’exercice de ses fonctions. Cette étape n’a pas encore été franchie en attendant les dernières consultations avec son conseil légal. Aux dernières nouvelles, il compte également venir de l’avant avec des éclaircissements au sujet de la lettre anonyme d’octobre de l’année dernière.
Dans la matinée de vendredi, l’inspecteur Moorghen et son équipe du poste de police de Grande-Montagne ont bouclé l’interrogatoire du suspect Clanico Édouard, alias Kalico, âgé de 41 ans et maçon de son état. Celui-ci a rejeté en bloc les allégations de complicité dans le meurtre de Barthélemy Azie. Il a participé à une reconstitution des faits, vendredi après-midi, pour indiquer aux enquêteurs ce qu’il avait vu dans la soirée de ce dimanche 1er août 1999 devant la boutique de Dada Missie à Montage-Malgache.
Clanico Édouard avoue qu’il était sorrti pour aller chercher un calmant pour son fils alors âgé d’un an, qui était souffrant. “Kan mon finn vinn lor simé, mo finn trouv enn troup dimoune. Parmi ti éna Merge(Jolicoeur) ek Richard (Casimir). Ti ena lezot dimune ki mo pas finn rekonet dans nwar. Letan mo trouv sa bagar-la, mo finn retourn lakaz”, a-t-il déclaré en substance aux enquêteurs en soutenant qu’il ne savait pas plus dans ce cas d’agression mortelle.
Clanico Édouard a également ajouté que le lendemain du meurtre, il avait croisé Nicole Potiron en chemin et celui lui aurait adressé des menaces. “To pa koz nanyen lor sa zafer. Si to kozé mo touy twa ek to fami”, lui aurait déclaré Nicole Potiron à son égard, alors que lui avouait nullement comprendre de quoi il s’agissait.
L’étape la plus délicate de l’enquête a été abordée durant le week-end avec l’audition des quatre derniers suspects, soit Nicole Potiron, Antonio Ravina, Daniel Gaspard et Mario Ravina. Jusqu’ici, ces derniers n’ont donné aucun signe de vouloir collaborer avec la police tout en rejetant les accusations portées à leur encontre.
Malgré le fait que le crime avait été commis il y a plus de 14 ans et que l’arrestation des treize suspects remonte à un mois environ, l’enquête de Barthélemy Azie continue à passionner Rodrigues vu que même le chef commissaire de l’Assemblée Régionale de Rodrigues, Serge Clair, et d’autres personnalités de l’île ont tenu à rendre visite à Simon Azie et à son épouse écrasés par ce drame…

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