OPÉRATION LAKAZ LERWA LION (SAISON II) : Deux voyages osés de Soornack en Europe

Même si Nandanee Soornack, la mère de la fille de l’ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam, selon les aveux de la première nommée, bénéficie d’un sursis quant à sa déportation de Parme en Italie, les pressions se font de plus en plus intenses. A Maurice, les soucis de la patronne d’Airway Coffee Ltd se sont accumulés, les sociétés Airports of Mauritius Ltd (AML) et Airport Teminnals Operatins Ltd (ATOL) servant une Notice d’évacuation des lieux dans un délai de trois mois. Mais à l’horizon se profilent d’autres difficultés plus graves : les autorités mauriciennes réclament, par voie de Legal Mutual Assitance auprès de la Croatie et de la Suisse des compléments d’informations sur deux déplacements compromettants effectués en février de l’année dernière par Madam Ou Konné Ki Mwa alors que l’opération de « Lakaz Lerwa Lion » venait d’être enclenchée au niveau du Central CID.
Les informations obtenues des autorités en Suisse et en Coatie devraient corroborer celles en provenance de Bonn en Allemagne au sujet des 17 packs de 100 000 dollars US avec des Bar Codes de Chicago et de New York, coupures bancaires saisies lors de la perquisition de la résidence de l’ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam, le vendredi 6 février 2015. Ces Exhibits devront faire partie du Money Trail établi par les limiers du Central CID en vue de convaincre l’Office of the Director of Public Prosecutions qu’il y a matière à poursuite sous au moins les dispositions de la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act comme dans le cas des 715 dossiers à la Financial Intelligence Unit avec le remboursement du Super Cash Back Gold et Bramer Assets Management Ltd du groupe Dawood Ajum Rawat.
Dans l’immédiat, Nandanee Soornack, qui a tenté de garder contre vents et marées sous son contrôle le joyau de son empire, soit la chaîne de restauration d’Airway Coffee au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport, doit s’avouer vaincue après presque 18 mois de lutte. Après la mise en liquidation de la société d’Airway Coffee pour non-paiement de dettes d’un montant de Rs 85 millions, celle qui fut la femme la plus puissante à l’aéroport a été sommée par voie légale d’évacuer les lieux dans un délai de trois mois, soit au plus tard en septembre, à la même période où la Cour d’appel de Bologne en Italie doit se prononcer sur son extradition « to face criminal charges » à Maurice.
Des enquêtes ouvertes sur le plan international
En fin de semaine, AML et ATOL ont pris la décision de passer à l’action pour résilier le contrat signé avec Airway Coffee le 17 décembre 2012. L’une des clauses de cet accord autorise ces deux entités d’agir pour préserver leurs intérêts si Nandanee Soornack est en rupture de paiements ou fait l’objet d’une mise en liquidation. Jusqu’ici, Airway Coffee exerce le monopole sur la restauration à l’aéroport. Avec la double action de la mise en liquidation et de l’ordre d’évacuation, pour ne pas dire d’éviction, le Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport sera débarrassé d’une enseigne, symbole de la controverse et de passe-droits d’une époque politique.
Néanmoins, les malheurs de Nandanee Soornack, qui avait quitté Maurice en catastrophe le 11 décembre 2014, soit le jour de la proclamation des résultats des dernières élections, sont loin d’être terminés. Des enquêtes au criminel ouvertes sur le plan international pourraient lui porter préjudice à différents niveaux. Les autorités mauriciennes ont pris avantage des dispositions sous la Legal Mutual Assistance pour tenter de faire la lumière sur deux déplacements longue distance en Europe à des périodes cruciales de la River Walk Saga.
Dans le premier cas, l’équation semble être plus directe sur la base des informations obtenues sous le Sales Agency Agreement avec Dufry AG avec des commissions de 4% sur le chiffre d’affaires réalisé par la Mauritius Duty Free Paradise Ltd et versées dans une banque à Genève en Suisse. En effet, le vendredi 13 février 2015, soit huit jours après l’arrestation de Navin Ramgoolam, alors que la Central CID comptait encore les liasses de billets de banque des Rs 220 millions des coffres de River Walk, Nandanee Soornack aurait effectué le trajet en taxi entre Parme et Genève pour des affaires urgentes.
Pourquoi Nandanee Sornack a choisi de voyager en taxi au lieu de prendre l’avion, ou même le train ? Simplement, si elle avait opté soit pour l’avion, soit pour le train, elle aurait contrainte d’avoir recours à des réservations qui auraient laissé des traces dans le système informatique européen tout en faisant l’objet de contrôles des plus formels aux frontières et également des enregistrements de caméras de surveillance dans des aéroports et des gares. Tandis qu’en taxi, les risques sont présentés comme étant moindres, pour les spécialistes en affaires.
Les transactions, qui ont été exécutées à Genève avec la présence de Nandanee Soornack, sont considérées comme relativement directes, soit les versements des commissions de 4% versées par Dufry AG à la société Frydu, incorporée en Suisse par Nandanee Soonack. Le Money Trail réclamé auprès des autorités en Suisse à partir des comptes bancaires répertoriés devrait se résumer à un jeu d’enfants, car les numéros de compte et la date des transactions sont connus.
Une autre mission périlleuse
Une dizaine de jours après, le lundi 23 février 2015, Nandanee Soornack entreprend une autre mission périlleuse, soit de Parme en Italie à Zadar en Croatie en passant par Kastel à la frontière italienne. La distance couverte toujours en voiture est de 745 kilomètres. Avant de débarquer à Zadar, une ville sur la mer Adriatique, réputée pour la présence de filiales de banques en tous genres, Nandanee Soornack avait fait une courte escale à Umagh, une autre ville en Croatie.
Une fois dans la ville de Zadar, celle,qui se présente comme ayant donné une héritière à la dynastie Ramgoolam, a rendez-vous dans une étude d’avocats d’affaires dans un but bien  précis. Elle doit se procurer d’un OIB, soit l’équivalent d’une carte d’identité, mais sans photo de la personne concernée. Avec les événements tragiques dans cette partie du monde, le réseau de faussaires opérant dans ces régions a collecté les OIB des victimes de guerre en vue de les vendre à des tierces pour mener des transactions louches. Cet OIB est un passe-partout en Croatie.
En effet, pour toutes démarches en Croatie, la présentation de l’OIB est obligatoire. Armée d’un OIB au nom d’une personne décédée, Nandanee Soornack s’est présentée au guichet de la E Bank pour opérer deux Bank Vaults en vue de placer des documents à caractère explosif et accablants politiquement en sa possession et pour ouvrir des comptes d’Internet Banking, avec possibilité d’effectuer des transferts bancaires vers n’importe quel autre pays en étant hors de la Croatie. Et depuis, le tour était joué avec des mouvements quasi automatiques d’Unexplained Wealth.
Avec les informations fournies sous la Legal Mutual Assistance confirmant ces transferts de fonds aussi bien que les bénéficiaires, les autorités mauriciennes devront être en mesure de «dot the i’s and cross the t’s» par rapport à la saisie des Rs 220 millions, dont Rs 110 millions en coupures de 100 dollars en pack de $ 100 000, avec des Bar Codes de la Federal Reserve Bank de Chicago et de New York. Les informations préliminaires émanant d’Allemagne confirment que cette importante somme d’argent en devises a été transportée physiquement à Maurice par avion selon un modus operandi bien établi et en toute sécurité contre toute fuite jusqu’au vendredi fatidique du 6 février 2015.

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