SOCIÉTÉ : Une grande victoire sur la discrimination envers les personnes autrement capables

Si le Paradox (ex-Blue Mauritius), boîte de nuit très fréquentée de Rose-Hill, organise des soirées très chic, il n’était pas prêt à y accueillir tout le monde. Principalement les personnes autrement capables que sont les handicapés. Dorénavant, son propriétaire, Toolsy Boyjoo, devra changer d’attitude à leur égard. Il a été sanctionné, vendredi dernier, par le Tribunal pour l’égalité des chances (EOT) que présidait, pour la dernière fois, l’ancien magistrat Denis Vellien et aura à verser Rs 50,000 de dédommagement à Mme Hewlett Nelson.
Il y a deux ans, la direction de l’établissement avait refusé l’accès à cette dame qui se déplace en chaise roulante. Celle-ci s’est sentie humiliée, privée de ses droits de s’amuser avec des proches et s’est plainte auprès de la Commission pour l’égalité des chances. Cette instance présidée par Me Brian Glover n’ayant pu réconcilier les deux parties, elle a déféré l’affaire devant le tribunal.
Hewlett Nelson a expliqué au tribunal comment, en janvier 2012, les agents de sécurité de la boîte lui ont interdit l’accès bien que des proches l’avaient aidée à atteindre l’entrée située à l’étage. Pourtant, dans le passé, elle avait été admise dans l’établissement sans problème. Devant le tribunal, le compagnon de la plaignante a affi rmé avoir entendu un agent de sécurité lancer, en désignant du doigt Hewlett Nelson, “sa pas pou rantré sa!” En allant se plaindre auprès du directeur, le couple devait se rendre compte que celui-ci était encore plus intransigeant, se permettant même de lancer: “Al get gard si ou pas content!”
Toolsy Boyjoo s’est défendu en affirmant que, premièrement, pour des raisons de sécurité, il ne pouvait admettre des personnes en chaise roulante parce que la sortie de secours du Paradox ne fait que 60 centimètres. Deuxièmement, toujours selon lui, il ne pouvait pas apporter des modifications à la structure du bâtiment parce qu’il n’en est que le locataire. Ces explications n’ont pas convaincu le tribunal d’autant que le directeur du Paradox n’a pu prouver qu’il avait véritablement essayé de convaincre le propriétaire d’adapter son bâtiment aux normes afi n d’en permettre l’accès également aux personnes autrement capables.
Mme Nelson avait initialement réclamé des dommages de l’ordre d’un demi-million de roupies, mais elle s’est déclarée satisfaite du jugement. “C’est une grande victoire pour les handicapés. L’argent ne m’intéressait pas vraiment. C’est souvent que les handicapés se voient refouler à la porte de certains établissements alors qu’ils devraient eux aussi avoir le droit de s’amuser. Maintenant, les directeurs des boîtes de nuit et d’autres lieux de détente devront refléchir avant d’agir de la sorte contre ces personnes.”
Me Erickson Mooneapillay a représenté les intérêts de la plaignante et Me Ivan Collendavelloo, ceux du Paradox.

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