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TENTATIVE DE SUICIDE À PROVIDENCE : Les sms envoyés par Sanskrita décryptés par les enquêteurs

La mort des quatre adeptes de l’organisation du Chinanamasta Maha Kali et le Shaki Revival Movement sonne comme un écho du suicide de leurs proches. La tentative de suicide, le 5 juin, de Shilanee, 48 ans, et de ses deux filles Sanskrita Kumari Soobrun, 28 ans, ayant entraîné la mort de celle-ci, et de Kirtee, 18 ans, est toujours un acte incompréhensible pour les oncles de ces dernières. Ils accusent Global Healing Meditation, mené par Soobiraj Beeharry, d’être la cause de ce drame familial. Pour tenter de percer ce mystère, les enquêteurs décryptent les  sms envoyés par Sanskrita, le jour de sa mort, à une habitante de Plein Bois, l’Escalier. Cette dernière se décrit comme une panditya ou priest. Cette tentative de suicide a plusieurs aspects que la police de Quartier-Militaire tente encore d’élucider.
Vendredi dernier, Shilanee et ses deux filles ont avalé des Glilazide, médicaments pour diabétiques, à la Trilokinath Dharma Mandir Association, un shivala de leur localité. C’est la pandityaLuxmee Beechoo, 38 ans, qui les a transportées à l’hôpital de Flacq où Sanskrita a rendu l’âme le lendemain.
Selon les premiers éléments de l’enquête policière, tout a commencé par un statementau poste de police de l’Escalier où habite ladite panditya. Dans l’après-midi du 5 juin, elle se rend au poste de police pour signaler aux policiers qu’une de ses connaissances, à savoir Sanskrita, lui envoie des messages à 14h41 sur son téléphone mobile pour l’informer de son suicide. «Monn fini boire poison, maussi. P wait for Mahadev pou donn moi death», lui a-t-elle dit.Selon les enquêteurs, Luxmee Beechoo l’a alors appelée pour lui dire qu’elle contacte la police. Sanskrita a alors répondu à 14h47: «No maussi, pas appeler acoz mo pe delete tou msg.»
Informée de cette tentative de suicide, la police de l’Escalier appelle alors leurs collègues de Quartier-Militaire. Selon nos renseignements, une Woman Constable de service a alors appelé sur le téléphone de Sanskrita pour s’entendre dire par cette dernière qu’il s’agissait d’une plaisanterie.
Entre-temps, la pandityaa quitté Plein Bois car selon ses dires, elle devait se rendre à Mont Ida où habitait son fiancé, un avoué. Comme le shivala se trouve sur sa route, elle fait un arrêt pour s’enquérir de la situation. Sur place, elle découvre les trois membres de la famille agonisant et dans un état d’inconscience. Aidée du chauffeur de taxi dans lequel elle voyageait, elle les transporte alors à l’hôpital de Flacq où l’aînée, Sanskrita, rendra l’âme le lendemain, vers 15h30. L’autopsie pratiquée par le médecin-légiste de la police, le Dr Baichoo, attribua sa mort à un «acute cerebral and pulmonary oedema.» Ses funérailles ont eu lieu dimanche dernier.
L’affaire ayant été rapportée à la police, c’est vers 22h que Luxmee explique le déroulement de toute cette affaire aux policiersde Quartier Militaire. Le lendemain, samedi 6 juin, le sergent Beeputh et la Woman ConstableJoola se rendent à l’hôpital pour interviewer Kirtee Soobron mais elle est réticente à se confier à la police. 
Changement notable
Leur père Soudesh Soobron, 55 ans, a, lui, été admis, le dimanche 7 juin, à l’hôpital psychiatrique Brown-Séquard par ses proches, peu après les funérailles de Sanskrita. Rencontrés dans la ruelle en face de la maison de leur frère, ils confient douloureusement le changement notable noté chez ce dernier. «C’est une famille unie qui n’avait aucun souci», racontent-ils. «Toutefois, mon frère et sa famille ont commencé à ne plus fréquenter personne et à s’isoler depuis lorsqu’ils ont intégré une organisation appelée la Global Healing Meditation. Au tout début, nous n’avons rien dit. Ils vivaient bien. Ce n’est que jeudi dernier, soit la veille de l’irréparable, que ma belle-soeur est venue me voir pour me dire qu’elle n’en pouvait plus. Linn dir ki mo frer pe perdi latet.Li pe fer bann la priyer ki nou pa pe compran, ki zame nou pann tandé», se remémorent-ils. Et d’ajouter:«Mon frère, mon épouse et moi l’avons accompagnée chez ellepour savoir ce qui se passait.»
Au lieu d’entamer la conversation avec leur frère, ce dernier, racontent-ils, comme par habité par une force supérieure, les ont tous repoussés d’un geste de la main : «Kuma kapav sa? Surtout ki mo frer pas ti manze depi enn semen. Nou finn rent kot nou lerla.»
Révoltés à l’égard de cette organisation qu’ils traitent de «secte»et de «voleur», nos interlocuteurs soutiennent qu’avant de se rendre à l’hôpital Brown-Séquard, leur frère leur aurait fait la confidence suivante :«Sa guriji là, alias Sooraj Beeharry, enn voler, linn kokin tou mo kass.»Selon eux, Soudesh y a perdu toutes ses économies amassées alors qu’il a travaillé pendant 25 ans comme laboratory attendantau John Kennedy College, à Beau-Bassin. «Le soi disant guruji là, li mem cone kuma linn fer pou fini mo frer. Li ti kumans par zouer tabla dan bann gamat, get zordi kuma linn vinn riss. So papa enkor misere», racontent-ils.
Pour les deux frères, il est clair et net que leur adhésion à cette organisation a poussé sa belle-soeur et ses nièces au suicide. «Bann voler-là inn fini tou so kass, so fami, ek perdi so zenfan. Se sa secte là kinn pouss zot au suicide. Se enn crime, enn murder sa!!», clament-ils, très en colère.
Contacté par l’intermédiaire d’un de ses membres,Vimal Bansee, Sooraj Beeharry, le guruji de la GHM, n’a pas souhaité nous rencontrer. Vimal Bansee, qui s’est présenté comme un cofondateur de l’organisation,  est mécontent que celle-ci a été traitée de secte par un journal. Dans l’interview accordée à ce titre de presse, Soobiraj Beehari a fait valoir que Sanskrita n’était pas unmembre de son mouvement. Selon lui, elle souhaitait le rencontrer en personne car elle avait des problèmes familiaux. Or, il lui aurait fait dire par un de ses disciples qu’il fallait quelle assiste à ses méditations pour pouvoir éventuellement le rencontrer mais tel n’a jamais été le cas. Toutefois, Sanskrita lui aurait, à travers un disciple toujours, fait quand même parvenir ce message :«Pranam to u and all deities. Help me. I will either suicide or kill someone. My own dad is practising black magic against me. Am seeking the help of guruji please. Am tired better I leave this world. Heena form Moka.»
Moment difficile
Après plusieurs tergiversations, Vimal Bansee nous a fait parvenir un communiqué qui souligne que Global Healing Meditationa été choqué d’apprendre la mort de Miss Sanskrita Soobron et qu’elle présente ses sincères sympathies aux proches et ceux touchés. Il précise plus loin que la GHM est une ONG «which aims at promoting and uplifting human self-development so as to alleviate human suffering throughout the globe.» Et de préciser que Miss Sanskrita Soobron n’était ni un membre ni a-t-elle participé à des classes de méditation dans les branches locales. Elle a néanmoins adressé un message pour dire qu’elle rencontrait des difficultés mais lemessage n’a été malheureusement lu qu’après qu’elle a commis cet acte irréparable. Et de conclure que la GHM comprend que la famille de la défunte passe par un moment difficile et se joint à la nation pour prier pour le repos de son âme.
Pour sa part, Luxmee Beechoo, la panditya, s’est refusée à tout commentaire, insistant qu’elle a déjà donné son statementà la police. Elle a, toutefois, indiqué qu’elle connaissait la famille Soobron depuis quatre ans et qu’elle a renoué contact avec elle pour la fête Maha Shivaratree. Elle a également fait part qu’elle n’est pas membre de la GHM.
 Week-Enda appris que les messages envoyés par Sanskrita le jour de son suicide sont déjà entre les mains de la police. Ces sms devront lui permettre de voir plus clair et de boucler son enquête. 
Approché par Week-End, Jeewan Garidass, 65 ans, secrétaire du shivala dans lequel les membres de cette famille ont tenté de se donner la mort, se souvient encore de ce jour funeste. «Sa zour-là, nou ti siposer fer Ramayan mais ler mo ale ouvert ver 6h tanto, mo trouv enn tas vomi partou partou. Pann kapav fer la priyer lerla. Inn bizin nettoyer, lerla deux ti garson dan lendroi dir moi la polis ti vini. Se a se moman-là ki mo finn ale la polis pou cone ki finn arriver», raconte-t-il. C’est en souhaitant faire une déposition de vandalisme qu’il aurait appris des policiers ce qui s’était passé plus tôt.
Selon Jeewan Garidass, la famille Soobron était bien religieuse. D’ailleurs, il ouvrait le temple légèrement plus tôt pour que les soeursSoobron puissent faire leur prière avant de se rendre au travail et au collège. «Mai depi septam octob lane dernie, monn trouv enn tristess lor figire Sanskrita. Monn deman li si pas li ena problem, li dir tou korek chacha», se rappelle-t-il avec tristesse.
Quant à Kirtee, qui est toujours hospitalisée, elle a finalement confié aux enquêteurs qu’elle en avait marre des agissements de son père. «Nou ti envi mort devan Bondié. Acoz samem nou finn ale dan Shivala», a-t-elle dit textuellement. Elle a nié appartenir à un secte. Or, les frères de Soudesh affirment ne pas croire en ses dires, précisant que«toute la famille ti chanze depi zot ti integrer GHM.»

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