HIPPISME — Pertes de Rs 46 millions : Le MTCSL envisage de cesser les courses à la fin d’octobre

  • Le président du MTCSL, Denis de Spéville, pointe du doigt le prolongement incompréhensible du huis-clos pour les courses face à la réouverture des casinos
  • Ceux qui attendent au portillon pour la relève se frottent les mains même si la décision prématurée du MTC perturbe leurs plans à court terme

La Mauritius Turf Club Sports and Leisure Ltd envisage de mettre un terme à la saison hippique 2021 d’ici fin octobre. La raison est la situation financière qui se détériore journée après journée au point d’afficher au week-end dernier des pertes frisant les Rs 50 millions. Le prolongement inexplicable du huis-clos est la raison majeure qui prive l’organisateur des courses d’un chiffre d’affaires plus conséquent— avec les revenus de paris de bookmakers sur l’hippodrome et ceux des turfistes— alors que la plupart des autres secteurs économiques fonctionnent quasi-normalement. Cette baisse de revenus est accompagnée par l’impossibilité économique aussi des deux Totes, Supertote et Globalsport, de verser les 2% supplémentaires de leurs revenus à la MTCSL —alors que SMSpariaz continue à le faire — avec l’entrée en vigueur de la majoration de la taxe sur les paris et gains, de 12 à 14%.

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Ainsi, il faudrait que les autorités et la Gambling Regulatory Authority revoient leur copie sur le huis-clos au Champ-de-Mars, qui dure depuis presque huit mois et 26 journées cette année  — contrairement aux trois journées de 2020— pour envisager que la MTCSL prolonge les journées hippiques jusqu’à la fin programmée de la saison en décembre. Autrement, il n’y aura plus de courses. Cette perspective ravit à souhaits  ceux qui ne sont pas étrangères à cette descente aux enfers et qui se frottent actuellement les mains. Car il semblerait que leur plan machiavélique de « hijack » l’organisation des courses au MTC est en bonne voie.

Seul hic au tableau c’est que ce renoncement contraint de la MTCSL arrive plus tôt que prévu et il ne faut pas écarter que l’Hôtel du Gouvernement et la GRA lâchent du leste pour donner encore un peu d’oxygène à la MTCSL, le temps pour les « futurs organisateurs » qui se sont récemment signalés, à l’actualité, au Registrar of Companies, en tant que Horse-Racing Organiser, de fignoler leur projet avec la mise sur pied de la Horse Racing Division (HRD) qui est toujours restée au poteau.

Après que des informations ont fuité à la GRA et dans certaines colonnes à l’effet que la MTCSL et le MTC n’étaient pas sur la même longueur d’onde concernant l’état financier du club, le président de la MTCSL, Denis de Spéville, est venu rétablir les faits avec sa sortie du silence pour affirmer avec fermeté sur la chaine de diffusion du MTCSL que « la situation est extrêmement grave. On s’attendait avec l’ouverture qui était prévue que, le jour du Maiden, les bookmakers pourraient retourner au Champ-de-Mars de même qu’une partie des turfistes qui respecteraient les exigences ayant trait au Covid-19. Or, nous avons été très désagréablement surpris de constater que les casinos, même au Champ-de-Mars, pouvaient accueillir du monde et non pas le Champ-de-Mars ». Il rappelle que toutes les demandes du MTCSL ont été rejetées au moment du budget dont une baisse de la taxe sur les paris qui a été relevée à 14%.

La compagnie détenue par le MTC estime que les pertes pourraient s’élever à quelque Rs 80 millions à la fin de la présente saison, ce qui, tout seul, justifierait un arrêt de la saison des courses d’ici la fin d’octobre. Le président du Mauritius Turf Club (MTC), Jean-Michel Giraud, qui avait réuni les entraîneurs pour dresser un tableau de la situation financière de la MTCSL, fait preuve de pessimisme pour boucler le calendrier 2021 jusqu’en décembre. Des entraîneurs qui sont victimes de la baisse drastique du Stakesmoney avancent que plusieurs écuries sont dans le rouge même ceux qui bénéficient de parrainage.

Dans cette perspective, le président des entraîneurs, Patrick Merven, n’a pas fait l’économie de sa grande inquiétude : «L’ensemble des Stakeholders, c’est-à-dire administrateurs, dirigeants, entraîneurs, jockeys et propriétaires, doit être aussi partie prenante de la suite qu’il faut donner… Il faudra prendre une décision à la fin du mois d’octobre pour décider du sort de la saison 2021 ».

Ramapatee Gujadhur a aussi été invité au débat et il n’a pas exclu une rencontre avec les autorités pour expliquer que les courses sont en Intensive Care Unit. D’autres entraîneurs se disent inquiets du feed-back qu’ils reçoivent de leurs propriétaires qui affirment n’avoir pas de plan pour importer de nouveaux chevaux pour la prochaine saison.

Une situation préméditée par les autorités

La MTCSL et les entraîneurs espèrent pouvoir faire entendre raison aux autorités, surtout par rapport aux restrictions sanitaires. Car, avec l’absence du public et des bookmakers au Champ-de-Mars, le manque à gagner pour la MTCSL s’élève à plusieurs dizaines de millions de roupies chaque semaine.

Si le maintien du huis-clos est un acte délibéré pour étrangler financièrement le MTCSL, la faillite de l’organisateur historique des courses relève d’un plan concocté depuis 2015 par ceux qui visent à être les nouveaux maîtres des courses. À petit feu, le MTC a été réduit à sa plus simple expression.

La Gambling Regulatory Authority est un instrument incontournable de cette de-crédibilisation et mise sous tutelle des MTC/MTCSL. D’abord, les fameuses Directions of Racing de la GRA, avec des clauses frôlant la bêtise. Puis le champ d’action du MTC a été réduit d’année en année à travers des lois ou règlements où le gouvernement à travers le Finance Bill, impose des restrictions chaque année au champ d’action du MTC, tout en favorisant les desseins des entreprises de paris et autres appartenant ou à défaut contrôlés par l’incontournable Jean Michel Lee Shim, grand favori du gouvernement, et aussi bénéficiant de son statut de privilégié à la Newton House et à l’hôtel du gouvernement et même des concessions administratives auxquelles il a eu droit de la part des institutions étatiques comme la police et les impôts.

Le coup de grâce

Le coup de grâce est arrivé encore une fois avec le Finance Bill qui a signifié en 2021 la réduction drastique des prérogatives de l’organisateur des courses hippiques, conséquence d’un contrôle absolu de l’État, à travers la Horse Racing Division, sur l’industrie hippique. Après avoir vainement expliqué qu’il n’appliquait que les recommandations du rapport Parry, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a dû concéder que la nouvelle loi votée n’était qu’inspirée de ce fameux rapport.

L’autre élément majeur de la stratégie de contrôle sur les courses a été la Personal Management Licence (PML), qui a permis de minimiser le rôle du président du MTC, Jean Michel Giraud, écarté du management de la MTCSL par l’État alors qu’il avait été élu par ses pairs démocratiquement.

Le MTCSL n’a rien laissé transpirer sur les moyens juridiques ou autres pour contrecarrer les plans de l’État visant à asseoir sa domination sur l’industrie hippique. Néanmoins, plusieurs voix au sein même du MTC, donc certains employés, auraient d’ores et déjà exprimé leur scepticisme quant à la possibilité d’éviter l’inéluctable. D’autant que la façon de faire de l’État vilipendé par l’opposition au Parlement, pour leur projet d’ anéantir un club bicentenaire, n’a été qu’un coup d’épée dans l’eau.

Si les MTC/MTCSL finissaient par jeter l’éponge, ce qui est de plus en plus probable, vu qu’il n’a pas d’interlocuteur au niveau du gouvernement et qu’il ne compte pas être que le technicien de l’entretien de la piste, une compagnie, l’AR Horse Riding Co Ltd, a été enregistrée comme Horse Racing Organiser dont la Business Address n’est autre que Petit Gamin, Le-Goulet, à Baie-du-Tombeau, là où se trouve le tout nouveau centre d’hébergement et d’entraînement des chevaux de Jean Michel Lee Shim qui sont dispatchés dans bon nombre d’écuries comme Henry, Perdrau et Nagadoo entre autres.

A Horse Racing Organiser à la place de The Horse Racing Organiser

Le Mauritius Turf Club et sa nouvelle compagnie la Mauritius Turf Club Sports and Leisure Ltd ne seraient donc plus les Sole Horse Racing Organisers à Maurice. Le club, qui a organisé les courses hippiques à Maurice depuis 1812 a, selon un document de la Registrar of Companies, aujourd’hui de la concurrence, avec la compagnie AR Horse Riding Co.Ltd qui a intégré dans la liste de ses activités la dénomination de Horse Racing Organiser. 
Son unique animateur, Rajendraparsad Aumeer, habitant 8th Mile Triolet ,n’est pas une figure connue du milieu hippique mauricien mais est très connu des milieux politiques à Triolet. Il n’a jamais été établi explicitement et sur quel critère dans la Gambling Regulatory Authority Act, si et comment un autre Horse Racing Organiser puisse organiser les courses à Maurice.

Jusqu’ici, la licence pour organiser les courses de chevaux a toujours été émise en faveur du Mauritius Turf Club, et cette année à la MTCSL Ltd, qui est une compagnie dont le  MTC est propriétaire à 100%.
 Mais personne n’est dupe au sujet des intentions de la GRA et du gouvernement à cet effet, vu la hargne des principaux animateurs de la GRA contre les MTC/MTCSL, et également celle du Premier ministre, Pravind Jugnauth, lui-même, contre certains dirigeants du MTC lors des débats parlementaires à l’occasion du Finance Bill 2021. De plus, l’amendement de la GRA Act pour la mise sur pied de la Horse Racing Division qui ne parle plus de The Horse Racing Organiser mais de A Horse Racing Organiser démontre les intentions des autorités de réduire le MTC à sa plus simple expression. 
Si comme le pensent certains, le MTC crie au loup pour sensibiliser l’opinion publique et tenter de faire fléchir la GRA et le gouvernement à assouplir leur position, ils font fausse route. Car vis-à-vis, si tout est en bonne voie pour le Take Over dès que le MTC aura renoncé, les repreneurs éventuels sont tout de même pris de court avec cette décision prématurée sur le calendrier attendu.

La GRA pourrait, en effet,  être contrainte à alléger certaines clauses punitives et permettre au MTC de poursuivre au moins jusqu’à la fin de l’année. Cela ne sera pas si simple car le MTC entend bien se battre pour garder son ‘bien’…en mettant en exergue cette conspiration mise en place pour lui voler plus de 200 ans d’histoire !

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