Désertée, quadrillée, calfeutrée: Washington est méconnaissable

En déambulant dans Washington ces jours-ci, il s’avère difficile de distinguer les planches de restaurants fermés par la pandémie de celles de bâtiments se protégeant des violences qui ont émaillé la capitale américaine ces derniers mois.

- Publicité -

« C’est la première fois que je me rends (dans le centre de Washington) depuis plus d’un an, et d’habitude il y a des gens partout. C’est très, très calme. Je pense presque que (la ville) n’est plus que l’ombre d’elle-même », soutient Jaime, une mère de famille venue du Maryland qui n’a pas souhaité donner son nom.

Habituellement fourmillante, la métropole de plus de 700.000 habitants fait figure désormais de ville fantôme, à une semaine de la cérémonie d’investiture de Joe Biden sur les marches du Capitole.

Les écoliers qui venaient de tout le pays visiter les institutions américaines restent aujourd’hui chez eux, à l’instar des touristes étrangers. Fini également le bal de fonctionnaires et lobbyistes en costume-cravate dans les rues du centre-ville.

Les quais des impressionnantes stations de métro tubulaires en béton sont également dépeuplés.

« La ville est essentiellement déserte », affirme Nadine Seiler, 55 ans, qui manifeste tous les jours depuis fin octobre près de la Maison Blanche, en faveur des causes antiracistes.

Selon elle, « d’habitude (Washington) est très stressante, mais là c’est comme si tout le monde était parti en vacances ».

– « Tout ça c’est fini » –

Comme dans le reste des pays occidentaux, la tendance dans la ville est au télétravail notamment pour les employés du FMI, de la Banque mondiale et des administrations fédérales. Les musées, véritables institutions gratuites de Washington, sont aussi fermés depuis mars.

La maire Muriel Bowser a en outre récemment élargi les restrictions, de sorte que les restaurants ne peuvent plus servir de clients en intérieur.

De rares terrasses plus ou moins sophistiquées ont ainsi éclos le long des trottoirs pour s’adapter à la nouvelle donne.

« Le marché de Noël (…), les bars bondés,  tout ça c’est fini », se lamente Timothy Bartholomew, un habitant d’Arlington, ville voisine de l’Etat de Virginie.

Selon le site spécialisé Eater, près de 70 restaurants ont dû déjà fermer définitivement leurs portes à Washington depuis le début de la pandémie, et il est fréquent de voir des planches de bois accolées à des vitrines.

La hausse de la précarité économique est également palpable dans les rues avec l’allongement des files aux soupes populaires, ou la multiplication des tentes de sans-abri autour des boulevards principaux du centre-ville.

Et aux inquiétudes économiques et sanitaires viennent s’ajouter les inquiétudes sécuritaires.

– Grilles et gyrophares –

Après la mort de George Floyd aux mains de la police en mai 2020, Washington est devenue l’un des points névralgiques des manifestations antiracistes qui avaient essaimé à travers les Etats-Unis et le monde.

Les manifestants se retrouvent désormais à chaque évènement sur l’une des principales artères menant à la Maison Blanche, renommée « Black Lives Matter Plaza » par la mairie démocrate, avec « Black Lives Matter » (« les vies noires comptent ») écrit à même le sol en lettres géantes jaunes.

Mais au fil des mois des incidents violents entre manifestants antiracistes et manifestants pro-Trump ont provoqué une montée de fièvre sécuritaire.

Les restrictions d’accès aux rues entourant la Maison Blanche ont petit à petit été étendues, si bien qu’un cordon de sécurité interdit d’approcher la résidence présidentielle à moins de 200 m.

Les voitures de police gardent leurs gyrophares allumés en permanence et bloquent les avenues habituellement saturées par la circulation.

Des grilles métalliques de plus de deux mètres de haut entourent également certains bâtiments fédéraux à proximité, comme le Trésor américain.

Depuis les violences au Capitole le 6 janvier, de plus en plus de militaires sont présents dans la capitale. Casqués et en treillis, on peut les observer notamment en patrouille autour du Congrès.

Ils resteront au moins jusqu’à l’investiture de Joe Biden le 20 janvier, donnant une teinte résolument kaki à Washington.

rle-bi/seb/ob

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -