Dénonçant les « effets dévastateurs de cette affaire qui vient cogner les valeurs de la République », le magistrat financier a estimé qu’elle avait « abîmé » l’institution judiciaire, la profession d’avocat et l’image présidentielle.
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Au lendemain des fermes dénégations de Nicolas Sarkozy à la barre, les deux représentants de l’accusation ont entamé en milieu d’après-midi la démonstration du « pacte de corruption » noué selon eux début 2014 entre les trois hommes.
L’ancien président (2007-2012) est soupçonné d’avoir conclu un « pacte de corruption » en 2014, en obtenant des informations protégées par le secret, via son avocat Thierry Herzog, auprès du haut magistrat Gilbert Azibert, sur un pourvoi à la Cour de cassation.
Ce dernier est aussi soupçonné d’avoir tenté d’influer sur la procédure, en échange de la promesse d’un « coup de pouce » pour un poste à Monaco – qu’il n’a finalement jamais eu.
S’appuyant sur des pièces du dossier projetées sur un écran de la salle d’audience, les procureurs financiers ont décrit un « entrisme au sein de la plus haute juridiction judiciaire » et une « dissimulation » par « l’utilisation de lignes téléphoniques occultes ».
Selon eux, Nicolas Sarkozy a bien obtenu, via son avocat, des informations couvertes par le secret auprès de Gilbert Azibert, au sujet d’une procédure à la Cour de cassation dans un autre dossier, l’affaire Bettencourt.
– « Pas une vengeance » –
Pour preuves: des conversations enregistrées sur une ligne officieuse . Il est établi « de façon certaine » que le haut magistrat, alors avocat général d’une chambre civile de la plus haute juridiction judiciaire et « homme de réseaux », a récupéré et transmis des « informations confidentielles » à son ami Thierry Herzog, a affirmé l’autre procureure, Céline Guillet.
La procédure a été « viciée » par cette « violation du secret du délibéré », un secret qui est protégé « de façon » absolue », a-t-elle insisté.
La contrepartie ? Une conversation montre « de façon accablante » que Nicolas Sarkozy a promis d’intervenir en faveur de Gilbert Azibert pour un poste à Monaco, a-t-elle souligné. Et peu importe que ce dernier n’ait jamais été nommé: « la seule promesse clairement formulée (…) suffit à caractériser les deux infractions » de corruption et trafic d’influence.
Avant ces réquisitions et après plusieurs jours de débats tendus, le chef du parquet national financier (PNF) Jean-François Bohnert était venu en personne en « soutien » à ses deux collègues.
« Personne ici ne cherche à se venger d’un ancien président de la République », a déclaré M. Bohnert, répondant aux nombreuses critiques contre le PNF des derniers mois et sa remise en cause par la droite.
Alors que l’audience était levée, Nicolas Sarkozy a quitté la salle sans faire de déclaration, laissant ce soin à son avocate Jacqueline Laffont.
Ces réquisitions sont « en décalage total » avec les débats, pendant lesquels le parquet a été « muet » et « chaque jour mis devant les failles, l’inexistence et la vacuité » de son accusation, a brocardé Me Laffont.
Son client est « en pleine confiance » et il sera « très facile » de « démonter » ces réquisitions, a-t-elle assuré.
Les plaidoiries de la défense sont prévues mercredi et jeudi.