France: à la Justice, le ministre Dupond-Moretti promet réforme et dialogue

Le ténor des prétoires nommé ministre français de la Justice a pris ses fonctions mardi avec un bref discours dépourvu de tout effet de manche, pour délivrer un message en forme de programme mais aussi d’apaisement aux magistrats ulcérés par son arrivée.

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Nouveau Garde des Sceaux et surprise du gouvernement français remanié annoncé lundi, Eric Dupond-Moretti s’est affiché comme un ministre « du dialogue » qui ne mène « de guerre à personne » et qui « portera enfin la réforme du parquet » pour garantir l’indépendance de la justice.

L’Union syndicale des magistrats (USM), principale organisation représentant les juges, a très mal accueilli la nomination de cette forte personnalité, souvent très critique envers les juges et le parquet, dénonçant « une déclaration de guerre à la magistrature ».

« Je veux avancer sur un projet qui me tient à coeur: l’indépendance de la justice. Je souhaite être le garde des Sceaux qui portera enfin lors d’un congrès la réforme du parquet tant attendue », a affirmé ce partisan d’une « séparation du siège du parquet » (les juges des procureurs).

Le rattachement des magistrats du parquet à la Chancellerie nourrit depuis longtemps des critiques sur un supposé manque d’indépendance de l’institution judiciaire. Mais changer leur statut nécessite de faire passer une révision constitutionnelle, avec l’accord de l’Assemblée nationale et du Sénat, réunis en congrès.

« Mon ministère sera aussi celui de l’antiracisme et des droits de l’homme », a par ailleurs promis M. Dupond-Moretti, dans le sillage des récents débats en France sur les violences policières et les accusations de racisme au sein des forces de l’ordre.

Le nouveau garde des Sceaux a également souligné les « conditions de vie inhumaines et dégradantes » des détenus en France, tout en assurant l’administration pénitentiaire de son « indéfectible soutien ».

Le ministre a aussi évoqué sans la nommer une enquête polémique du parquet national financier (PNF) visant plusieurs avocats, dont lui-même, dans le cadre d’une affaire liée à l’ancien président Nicolas Sarkozy (2007-2012).

M. Dupond-Moretti avait porté plainte contre X pour « violation de l’intimité de la vie privée et du secret des correspondances » et « abus d’autorité » mais « a retiré sa plainte », a indiqué mardi une source proche du président français Emmanuel Macron.

« Je veillerai à ce que les enquêtes préliminaires restent préliminaires et ne soient pas éternelles », a-t-il déclaré, alors que cette enquête du PNF s’est étalée sur six ans.

M. Dupond-Moretti a enfin annoncé vouloir mener une réflexion « sur la présomption d’innocence et le secret de l’enquête », en y associant « des journalistes ». « La justice ne se rend pas dans la rue, ni sur les réseaux sociaux, ni dans les médias », a-t-il rappelé.

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